Wastes - Into the Void of Human Vacuity
Chronique
Wastes Into the Void of Human Vacuity
Dans ce genre terriblement exigeant qu’est le funeral doom, parvenir à se hisser vers les sommets aux côtés des grands Anciens du genre n’est pas chose aisée. C’est ce dur chemin que Wastes, jeune groupe français composé de vieux loups (Frédéric Patte-Brasseur d’Ataraxie/Funeralium ou Laurent Chaulet de Mouning Dawn), tente d’arpenter avec Into the Void of Human Vacuity, son premier effort longue durée. Avec réussite.
Etalé sur 7 titres d’une durée moyenne de 7 minutes, simplement désignés par un numéro, Wastes entâme son périple de manière classique, par une intro qui fouille les abysses, tout en résonnances et en menaces larvées. Classique mais pas inutile car, d’emblée, cette intro place la thématique du rampant, de la menace sourde au cœur du propos alors que l’enchainement avec le second titre s’effectue dans la lourdeur appropriée, très naturellement. L’écho est puissant, la lenteur soulignant tout à la fois la lourdeur des guitares, la dissonance des accords et la profondeur de la voix. Un titre parfaitement dans les canons du genre, qui étire son désespoir comme pourraient le faire les grands Evoken ou Tyranny. Les idées ne manquent pourtant pas, comme ce changement d’accords vers les 3’25 du morceau qui donne l’impression que le titre tourbillonne, s’aère brusquement de riffs lumineux (les titres 5 et 7 sont bâtis sur les mêmes fondations) ou cette accélération en pont central qui relance l’intérêt (Pt. 6). Une très belle surprise qui relance complètement la dynamique des morceaux.
Dès le troisième morceau, le plus long, la dynamique globale s’installe. Démarrant sans coupure sur les bases du second titre, jouant sur la répétition des derniers accords, la cassure qui intervient aux 40’ offre de nouvelles perspectives, les accords lancinants conservant leur rôle de trame de fond, tapissant l’espace sonore, tandis que le couple voix/batterie lance le morceau vers d’autres rythmes, comme la basse lourde qui ponctue la structure. Là encore, les riffs lumineux qui terminent le titre offrent du relief, de la diversité sans jamais faire perdre à l’album sa densité funèbre. Et de nouveau, le titre 3 est lié au 4, ce dernier poursuivant la logique du précédent, comme pour tisser un lien entre chaque morceau et générer un bloc de matière simplement mouvant par à-coups. Ce pt. 4 joue sur un registre encore différent, plus profond, la structure étant ici dotée d’une emphase tout à fait appropriée, qui colle parfaitement à l’ambiance. Le morceau est profond, très profond mais doté d’un son qui donne le sentiment que les riffs se répandent dans l’espace sonore pour l’occuper tout entier, comme une liqueur qui remplirait doucement un verre.
Le couple lourdeur-lenteur / profondeur du son-emphase fonctionne ici à plein régime, de manière équilibrée et parfaitement naturelle, surtout lorsque des riffs aériens et alambiqués viennent encore enrichir la structure, l’enluminent littéralement (Pt. 5 notamment). Il faut le souligner ; l’architecture des morceaux est riche, les structures sont chargées en informations, ce qui reste relativement rare dans le genre (comme les bruitages mi feu de bois mi pluie sur Pt.6).
Ce Wastes déboule sans prévenir, sans grande publicité ni buzz spécifique. Et pourtant. Il mérite que vous y jetiez une oreille attentive et que vous vous laissiez happer par sa diversité autant que par la profondeur de son propos.
| Raziel 6 Octobre 2018 - 1573 lectures |
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