Kåabalh - Kåabalh
Chronique
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Outre sa scène noire proéminente la France peut aussi se targuer également de posséder nombre de groupes de Death-Metal qui tiennent facilement la comparaison avec les ténors du genre venus de l’étranger. Ces dernières années elle en a vu éclore une quantité pléthorique tous plus intéressants les uns que les autres, dont une bonne partie s’est retrouvée signée chez Dolorem Records. Une fois encore le label tourangeau se distingue par sa qualité musicale et son nez creux en toutes circonstances, car voici les normands de KÅABALH dont le style putride et sombre lorgne du côté de la Finlande comme vers celui d’INCANTATION, DISMA ou encore GRAVE MIASMA. Formé sur les cendres des regrettés TORTURE THRONE par Damien (Chant/Guitare Lead) et Fabrice (Batterie) ceux-ci n’étaient pas décidés à rendre les armes suite à cet arrêt qui s’est fait de façon un peu abrupte et dans des circonstances encore aujourd’hui mystérieuses. Du coup les voici embarqués dans une aventure différente (mais où l’on retrouve les bases de leur ancien combo) en compagnie de deux nouveaux acolytes, et offrent du coup six titres longs et rampants où les atmosphères et ambiances priment sur la violence, certes présente mais contenue.
Car si elle n’est pas absente il est vrai que le début de cet opus est marqué par une forte consonnance Doom, permettant ainsi à la musique de se développer progressivement et réservant ses explosions de violence à ceux qui auront fait l’effort de patienter. Il serait dommage et franchement malvenu de se faire une opinion dès l’excellent « Cabal » qui ouvre les hostilités et montre un quatuor déjà particulièrement inspiré (et dont l’écriture va progresser de façon crescendo). Après une série de larsens place à une rythmique écrasante tant elle se fait lente et suffocante qui ne varie quasiment pas (sauf pour alterner entre simple et double grosse caisse) don retentit un chant caverneux au possible ainsi qu’une production grouillante et humide, d’où rien ne semble pouvoir s’échapper. Si ça ne bouge pas des masses en revanche l’accroche est totale et ne souffre d’aucune redondance, à l’instar du terrible « Acheron » qui conserve le même dynamisme et la même trame générale, tout en proposant plus de variété grâce à des parties à la fois mid-tempo et rapides qui font leur apparition. Montrant ici une palette technique plus poussée on se fait complètement happer par cet univers angoissant qui se trouve à cheval entre la fureur et le bruit des enfers, ainsi que l’odeur des caveaux à l’automne. Gardant néanmoins sa pesanteur doomesque qui prédomine ce morceau continue de faire grimper la pression générale tout en emmenant l’auditeur dans des abîmes cauchemardesques, notamment par l’apparition de solos qui seront tout du long disséminés avec parcimonie mais d’excellente tenue, et qui amèneront une vraie plus-value.
Si ce premier tiers a déjà placé la barre très haut le second va le dépasser car avec « Wrath Of A New God » la double est mise plus à l’honneur, car derrière son kit le frappeur fait preuve d’un vrai feeling et n’en fait pas des tonnes vu que son jeu reste relativement classique et sobre. Aidé par une section rythmique au taquet on a presque envie de bouger la nuque tant la cohérence et le groove ne faiblissent pas, même quand le titre voit l’apparition des premiers blasts et hammerblasts du disque. Mélangeant donc les pointes de vitesse avec de moments plus massifs il offre un large panel des influences de la bande qui n’a pourtant pas encore tout dit. Car voici qu’arrive « The Complete Darkness » dont le contenu est en total raccord avec son nom, vu qu’ici il reprend les mêmes bases qu’entendues précédemment tout en poussant plus loin le délire qui apparaît presque impénétrable. Jouant le grand-écart entre lourdeur et explosivité il laisse cependant ce premier point plus en avant, afin que le suivant ressorte mieux de ce maelström gras et que l’on entende ainsi mieux sa force de tabassage.
D’ailleurs cette ultime doublette va permettre de laisser le champ libre au tempo enlevé grâce à « Heavy Boredom Death » qui va continuer sur la lancée entrevue auparavant, et jouer également les montagnes russes vu que ça n’arrête pas d’accélérer et de ralentir dans tous les sens. Tentaculaire et ambitieux il montre la quintessence d’un groupe en pleine possession de ses moyens, qui va même trouver l’inspiration pour gravir un ultime échelon avec les presque dix minutes de « Death’s Ovation ». Reprenant les idées entendues au démarrage il remet les passages très lents et ronronnants à l’honneur, qui hormis une courte coupure ultra-rapide le temps de poser un passage en lead ne variera pas des masses. Mais là où nombre de combos spécialisés dans le genre font l’erreur de répéter inlassablement les mêmes passages (finissant du coup par lasser plus que de raison), les havrais eux ne tombent pas dans ce piège. Malgré une base statique et répétitive, les subtiles variations incluses ici et là permettent à l’ensemble de respirer qui voit un soupçon de ralenti apparaître à un endroit et/ou une légère poussée énergique à un autre lieu … et l’on pourrait continuer à citer les exemples comme cela encore un peu.
Voyant ici la galette ralentir de plus en plus jusqu’à s’arrêter complètement elle se clôture au bout de presque quarante minutes qui défilent sans longueur ni sentiment de lassitude, malgré des compositions qui prennent leurs aises dans le temps. Avec sa production qui laisse de la place à la réverb’ et permet de renforcer le sentiment de malaise cette première sortie de cette entité est un pur bijou qui prend aux tripes dès les premières secondes pour ne plus rien lâcher jusqu’à sa conclusion, et qui fait preuve d’une vraie maîtrise dans l’écriture comme dans la façon de jouer. Autant dire qu’on est en présence d’un des grands albums de Metal de la mort hexagonal pour cette année qui demandera beaucoup de temps pour être disséqué et analysé, le tout avec une durée de vie assez longue. Ce qui également certain c’est que les promesses entrevues au sein de l’ancienne formation du binôme ont été largement dépassées, et nul doute qu’il va faire parler de lui avec ses acolytes dans un avenir proche tant il rivalise aisément avec les ténors américains ou scandinaves. Tout cela sied également à sa maison de disques qui montre qu’elle a vraiment l’instinct dans le choix de son catalogue qui devient de plus en plus imposant, et qui fait partie dorénavant des plus intéressants dans le genre.
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