Corpsessed - Succumb To Rot
Chronique
Corpsessed Succumb To Rot
A l’instar de ses compatriotes de LIE IN RUINS on attendait beaucoup de ce troisième opus de CORPSESSED, tant on sentait que le combo en avait gardé sous la semelle et n’avait pas encore totalement dévoilé tout son potentiel musical terriblement addictif. Si on a souvent vanté les points communs entre ces deux formations (où évolue d’ailleurs conjointement le batteur Jussi-Pekka Manner) on était curieux de voir si celle de Järvenpää allait prendre le même chemin que celle de leurs voisins d’Espoo, qui avaient réussi l’an dernier leur retour avec l’excellent « Floating In Timeless Streams ». Si celui-ci voyait sa grande attractivité provenir d’une écriture plus directe et condensée, où les longueurs récurrentes des précédents disques avaient disparu il n’est donc pas étonnant qu’on retrouve ses mêmes points de satisfaction sur ce « Succumb To Rot », qui est clairement ce que le quintet a produit de mieux depuis le début de sa carrière. Car outre une durée globale plus courte et expéditive (36 minutes à peine), il a aussi poursuivi dans la voie ouverte sur le très bon
« Impetus Of Death » en se lâchant plus au niveau de la vitesse tout en n’hésitant à ajouter plus de solos qui amènent un supplément de force et de mélodie. Cependant nulle crainte n’est à avoir vu que la bande bien qu’ayant densifié sa musique n’en a pas perdu l’essence principale, tant celle-ci reste parfaitement dans la ligne de conduite qu’elle pratique depuis sa création.
Il ne faut pas longtemps pour être rassuré de ce côté-là vu que l’introduction donne déjà le ton de ce que va être la suite de cet album où la froideur et putridité vont rester sur le devant de la scène, à l’instar des monstrueux « Relentless Entropy »et « Death-Stench Effluvion » qui enchaînent dans la foulée et montrent toute la panoplie technique des Finlandais. Car ici ça tabasse aussi fort que ça joue lentement sur une rythmique à la lourdeur insondable et aux ambiances rampantes et glaciales, qui ne cessent de se mélanger pour ainsi offrir un rendu d’une densité suffocante et imparable où la violence côtoie la noirceur, tout en faisant retentir du lead bien senti et des blasts déchaînés. Si la construction au niveau des guitares et de la batterie peuvent légitimement donner l’impression d’avoir été repiquée sur les précédents disques de l’entité, cela n’est pas un problème tant le rendu est à la hauteur des attente et prouve qu’elle a enfin passé le cap tant espéré. Si cette doublette est clairement le haut du panier de ce long-format la suite va être elle-aussi totalement réussie et sans fautes de goût malgré un certain classicisme de façade… compensé par un dynamisme sans bornes et un feeling omniprésent, comme on peut l’entendre sur l’inquiétant et tribal « Spiritual Malevolence » aux ambiances légèrement brumeuses, ou sur le massif « Sublime Indignation » qui joue totalement sur le grand-écart tel une cocotte-minute prête à exploser. Si par le passé tout cela pouvait sonner un peu forcé ici il n'en est rien tant le groove reste présent de bout en bout, et donne ainsi une fluidité générale à l’ensemble et ce même quand tout y est glauquissime et bridé, comme sur le proéminent « Calling Void » où la double continue de se mêler à du mid-tempo bien senti et à nombre de variations récurrentes et inspirées.
Tout cela se mélange donc à merveille à la doublette de clôture (« Profane Phlegm » / « Pneuma Akathartos ») qui sert de parfait condensé à ce qu’on a entendu jusque-là où les alternances nombreuses complètent un disque impeccable et sans fausses notes, qui bien que restant balisé et sans surprises offre un soupçon agréable et nécessaire à de la nouveauté. Du coup évitant l’éparpillement et la baisse d’attention dommageable que l’on pouvait avoir précédemment ce nouveau chapitre des nordiques est le plus mature et imposant jamais composée par leurs soins, et se place facilement au même niveau que celui sorti l’an dernier par leurs voisins et amis confirmant qu’il faut parfois du temps pour trouver totalement sa vitesse de croisière en termes d’écriture et d’accroche. Sans foncièrement grimper dans la hiérarchie mondiale il est néanmoins évident que Matti Mäkelä et ses acolytes vont gagner de nouveaux fans avec cette réalisation facilement assimilable, même si comme d’habitude on aura du mal à voir émerger un morceau plus qu’un autre vu que tout ceci est assez homogène mais difficilement marquant à la longue. Cependant on n’en tiendra pas rigueur et l’on appréciera tous les efforts fournis ainsi que la qualité intrinsèque de l’ensemble qui font passer un excellent moment au milieu de l’obscurité, de l’humidité et de la nuit éternelle… où se mêlent diablotins en tous genres et faucheuse prête à emporter avec elle les plus téméraires. Le tout conjugué à un plaisir auditif intense et total qui s’appréciera de plus en plus au fil des écoutes et qui prouve s’il y’avait encore besoin qu’en matière d’extrême la Finlande reste encore aujourd’hui un eldorado pour tout amateur de bon son et musicien intransigeant qui se respecte.
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