Tezcatlipoca - Tlayohualtlapelani
Chronique
Tezcatlipoca Tlayohualtlapelani
« Ce n’est pas si compliqué que ça. Je vais réussir à mémoriser ce nom de groupe. Je le dois sinon je passe pour un branquignole... Allez, je le répète encore 10 fois de suite, ça devrait rentrer... TEZCATLIPOCA, TEWCATLIPOCA, TEXPACLIPOTA, TEPATEKILA... Ah non, merde... Ça fait pourtant plusieurs années que je le connais ce groupe, je devrais pouvoir le dire correctement, ce nom... C’est celui d’un dieu dans la mythologie aztèque, ça aide à se souvenir... Dieu de la guerre, dieu de la chasse, dieu de la mémoire. De la mémoire putain ! On voit tout de suite qu’il est pas venu me visiter celui-là... Bon allez, tant pis, il faut que je commence ma chro. Heureusement que la musique, elle, j’ai plus de facilités à l’intégrer ! »
TEZCATLIPOCA est un groupe mexicain formé en 2011, mais c’est en 2015 qu’il s’est révélé à nos oreilles avec un premier album, Ipehualtiyayohually... Non mais là j’abandonne, merde ! C’est encore pire que le nom du groupe à mémoriser. La suite improbable de consonnes et de voyelles a raison de mon cerveau mal développé. Et le deuxième album qui vient de sortir, il s’appelle Tlayohualtlapelani. Passez-moi une corde, je vais me pendre... Bon, bref, je vais contourner la difficulté et parler dès lors du « premier album » et du « deuxième album » du « groupe qui a le nom d’une divinité aztèque vachement super forte ». Attention, ne pas se méprendre ! Je ne suis absolument pas en train de critiquer les choix du groupe, car au contraire je suis particulièrement friand des formations qui imbibent leur culture, leur histoire, ou tout simplement un trait fort de personnalité dans le black metal. C’est juste que c’est compliqué à mémoriser...
Et à vrai dire cette partie du globe m’attire toujours. Parce que l’Amérique latine me semble avoir gardé un esprit de black primaire très sincère. Là où certaines formations d’Europe semblent se forcer pour sonner trve, ou qu’elles le font de manière poussive, on sent le naturel dans la musique de formations telles que TEZCATLIPOCA. Ce deuxième album est totalement dans cette veine avec huit pistes parfaitement primitives. Et primitives selon deux sens. Tout d’abord parce que le black metal y est bien direct, avec le feeling de ses débuts. Sombre, agressif, les mélodies y sont discrètes, rares même. C’est plus un concentré de haine, de terreur et de ferveur qu’une volonté quelconque de s’éparpiller dans les émotions. Ensuite, c’est parce que par moments apparaît un instrument qui fait la personnalité du groupe : une flûte « préhispanique », peut-être bien une quena. Mais celle-ci ne vient pas donner un côté folklorique ou « pagan » comme beaucoup de groupes le font dès qu’ils veulent intégrer un instrument traditionnel. Cet instrument est ici employé pour renforcer les ambiances. On l’utilise de manière ritualiste, elle est soufflée longuement. Elle ne joue pas des airs, mais semble appeler au rassemblement, à la guerre, à la révolte.
Le mélange du black metal pur et de cette flûte a un écho puissant dans mon cœur. Alors que le musique n’est ni originale, ni belle, ni la plus agressive au monde, elle sait résonner en moi. Et devenir un véritable coup de cœur, dans le sens très personnel. Dans le sens où j’ai conscience que beaucoup passeront à côté, ne seront pas transportés. Pour moi, ces pistes représentent un état d’esprit, j’y retrouve l’esprit du black, plongé dans une civilisation du passé qui réapparaît le temps d’un moment, tourmentée, vengeresse, avide de sang.
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