Outre-Tombe - Nécrovortex
Chronique
Outre-Tombe Nécrovortex
J'avais bien déjà vu le nom d'Outre-Tombe passer mais je n'avais encore jamais déterré les Canadiens jusqu'à la sortie de ce Nécrovortex, deuxième album mis en bière mi-octobre chez Temple of Mistery Records. Il faut dire qu'à une époque ou le death metal old-school revit une seconde jeunesse, il n'est pas évident de consulter toutes les rubriques nécrologiques et s'attarder devant toutes les pierres tombales pour y lire les épitaphes. Cette fois-ci par contre, Outre-Tombe ne m'a pas échappé. La superbe pochette genre vieille BD d'épouvante, le logo violet (j'adore le violet !) et le titre ultra cool ont bien aidé en ce sens. C'est toutefois surtout la mise en ligne de l'excellent morceau-titre "Nécrovortex" qui m'a convaincu de me pencher au-dessus du cercueil. Encore fallait-il que le reste de l'opus soit du même acabit (ou plutôt du même macchabée !). En effet, qui n'a jamais été déçu par un disque après avoir frémi d'excitation suite à un ou deux morceaux en avant-première qui ne s'avéraient finalement que de la poudre aux oreilles ?
Pas du tout le cas ici. Si "Nécrovortex" fait partie des meilleurs morceaux de l'album et en même LE gros tube, celui-ci en propose neuf autres qui sont autant de bombes atomiques. On n'a même pas fini la première écoute que l'on sait déjà qu'il s'agit d'un grand disque. Comme quoi, même si le genre sature ces derniers temps, certains arrivent toujours à se démarquer. La qualité messieurs dames, la qualité ! Bon, pas l'originalité mais on ne peut pas tout avoir ! Outre-Tombe fait dans le vieux death metal du début des années 1990 avec un peu de restes de la fin des eighties quand l'influence thrash faisait encore sursauter les cadavres. À la différence de beaucoup de formations clonées sur un seul groupe culte, les Québécois brassent large en regroupant le meilleur de différentes scènes. La suédoise (Dismember, Unleashed) pour les riffs en tremolos aux mélodies plus ou moins prononcées ainsi que certaines leads, la néerlandaise (Asphyx, Pestilence) pour le chant, les séquences plombées, les mid-tempos headbangants et le côté thrashy des rythmiques les plus enlevées, l'anglaise (Bolt Thrower, Benediction) pour la démolition avec classe et le groove autoritaire qui en impose, ainsi que l'américaine (Death, Obituary) parce que bon, c'est quand même la base. Le résultat s'avère incroyablement efficace et prenant. Efficace, parce que les rythmiques se font souvent rapides avec beaucoup de tchouka-tchouka accéléré, qu'un sacré groove ressort des mid-tempos casse-nuque, que les ralentissements plombent bien l'ambiance tout en diversifiant le jeu un minimum, que la production envoie du lourd avec un son de gratte granuleux délectable entre poêle à frire scandinave et rouleau compresseur bolt throweresque, et que les morceaux sont simples et courts (trois-quatre minutes), de vrais hymnes à la gloire du death metal. Prenant, parce que c'est joué avec conviction et que le talent de composition impressionne. Surtout, c'est la qualité du riffing hors-norme qui fait la différence. C'est tout de suite cet aspect qui m'a frappé, dès la mise en ligne de "Nécrovortex" et son tremolo à la mélodie entêtante. Clairement le meilleur riff de l'opus qui en a toutefois bien d'autres à offrir. Disons le carrément, Nécrovortex est une putain d'usine à riffs ! À montrer dans toutes les écoles, licence pro boucherie option tronçonneuse et menuiserie spécialité concassage de bûches. Outre-Tombe enchaîne les riffs qui tuent avec une aisance déconcertante. Quel sens du riff, quel feeling, à vous rendre dingue ! Outre le motif principal du title-track, ceux de "Concile cadavérique" à 2'55 (ce mid-tempo foutre Satan !) et "Rongé par les miasmes" à 1'26 (accélération jouissive !) complètent le podium. Ce sont ceux qui me donnent le plus de frissons mais c'est quasiment comme ça sur tout l'album ! Le pied, quoi ! J'éprouve aussi une profonde sympathie pour l'instrumental "Hécatombe II". Le riff mid-tempo à la mélodie tristounette lancinante, ce solo superbe avant de poser un break sombre et dissonant, miam ! Surtout le solo racé. Le disque est d'ailleurs parsemé de solos chaotico-mélodiques délicieux, encore une fleur à déposer sur la tombe déjà bien garnie du quatuor de Québec.
Et ce n'est pas tout! Il y a autre chose qui rend Nécrovortex encore plus addictif, presque affectueux, pour nous francophones. Le chant en français ! Rares sont les groupes à chanter dans la langue de Molière, qui plus est dans le death metal. Cela donne une saveur toute particulière à l'opus et nous ramène encore davantage dans les années 1990 lors de l'éclosion du style dans nos contrées. Avec notamment un côté kitsch des plus plaisants. Notez d'ailleurs le pseudonyme des membres: Crachat (chant et basse), Cobra (guitare), Désastre (guitare) qui remplace Danger, et Vitesse (batterie). Juste génial ! Les vocaux en eux-mêmes, des growls un peu arrachés entre Martin van Drunen et Chuck Schuldiner avant l'asphyxie, s'avèrent en plus excellents. L'intonation, le placement, les rythmiques, la puissance, les paroles, les refrains (mon préféré celui de "l'Enfer des tranchées", six pieds sous terre, déjà dans ta tombe ...), tout est énorme !
Jouissif au possible ! Voilà qui résume bien la réaction engendrée par Nécrovortex, deuxième album des Canadiens d'Outre-Tombe touchés par la grâce. Leur premier longue-durée Répurgation avait déjà reçu une belle oraison sans que cela me pousse à franchir l'entrée du cimetière. Là il n'y avait plus le choix, il fallait descendre au caveau! Nécrovortex s'impose comme une réussite totale, une tuerie intégrale qui comblera les fans de death old-school pour qui des noms tels que Dismember, Asphyx, Death et Bolt Thrower signifient orgasmes à répétition. Qualité de riffs incroyable, chant ultra bonnard en français, solos coolos, feeling nineties poussiéreux, rythmiques rapides efficaces en diable, sens de la mélodie affûté, production nickel, on n'est franchement pas loin de la perfection ici. Il faudra creuser minutieusement pour exhumer des accrocs. Allez, on va dire que le riff final de "Écorché vif" se fait un peu moins inspiré que les autres, que l'instrumental "Hécatombe II" a du mal à redémarrer après le break et que cela aurait été encore plus jubilatoire si le batteur avait accompagné certains riffs propices sur les néanmoins remarquables "Aberration" et "Vengeance Spectrale" avec du bon vieux d-beat des familles. C'est à peu près tout ! Car Nécrovortex est un monument qui aurait obtenu sans peine le statut de classique s'il était sorti à l'époque. Autant dire que l'on tient là l'album death metal old-school de l'année. Comme quoi les Québécois savent faire autre chose que du death technique progressif ! Et sans Phil Tougas s'il vous plaît !
| Keyser 8 Décembre 2018 - 3239 lectures |
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