Jt Ripper - Gathering Of The Insane
Chronique
Jt Ripper Gathering Of The Insane
Malgré les années et le temps qui passe l’Allemagne reste encore et toujours le mètre étalon du Metal européen où modernité et classicisme se côtoient sans problème, et trouvent un public toujours présent et fidèle que ce soit lors des grands évènements, comme pour des concerts plus intimes. Régulièrement de nouvelles formations émergent et confirment ce statut de leader indéboulonnable, et ça n’est pas ce trio de Saxe qui renversera la tendance, tant sa sauvagerie et son côté défouloir font du bien par où ça passe. Après un premier opus enregistré en 2015 (et sorti uniquement en deux-cent exemplaires au format cassette), son successeur a la chance d’avoir une visibilité plus importante et ça n’est que justice tant il est réussi de bout en bout, et renvoie aux meilleurs moments des années 80. Car évoluant dans un bon vieux Thrash rudimentaire et à l’ancienne (avec un soupçon de Black) le combo ne cache pas son admiration pour ses compatriotes de DESASTER et HELLISH CROSSFIRE, qui ont su perpétuer une certaine tradition et vision musicale. A l’instar de ceux-ci JT RIPPER ne prétend absolument pas réinventer quoi que ce soit, ça n’est d’ailleurs pas son but, il veut juste se faire plaisir et vider la tête de l’auditeur qui pendant plus d’une demi-heure ne pensera à rien hormis taper du pied et remuer la nuque comme il se doit.
Car le mode défouloir va être activé pendant la majeure partie de l’album, tant le tempo global va être élevé voire carrément explosif, on en a d’ailleurs la teneur dès la fin de l’introduction de « Cvlt » où après les cloches en mode deuil on se retrouve avec des riffs thrashisants et une batterie qui canarde. Mais sans pour autant ralentir le rythme les mecs vont y rajouter quelques cassures et passages mid-tempo bien remuants, qui permettent ainsi de souffler avant de mieux repartir au combat et d’offrir ainsi un rendu très positif d’entrée. Cette construction va se retrouver par la suite sur les tous aussi variés et réussis « Chaos » (et sa basse qui claque d’entrée), le sautillant et sauvage « Nightstalker » ou bien l’excellent « Maze » qui n’arrête pas d’être à fond, sauf en son milieu plus posé histoire de reprendre son souffle. Cependant même si la bande aime un peu aérer sa musique elle conserve quand même sa simplicité, d’autant plus quand elle est réduite à sa plus simple expression, comme avec le radical et brutal « Childs Play » qui n’arrête pas de bourriner un seul instant, ou encore avec le très Punk « Feast » qui donne envie d’aller faire du pogo. Ce schéma est encore à l’honneur un peu plus loin avec l’ultra-énervé « Shadows » et le primitif « Second Skin », où là-aussi le rythme ne baisse pas d’un iota sur toute la durée, afin de casser les nuques les plus robustes et de mettre les tympans de l’auditeur à rude épreuve.
Mais afin de clôturer dignement les débats « Carnal Lust » va étonner car entre les classiques passages exécutés à fond la caisse on y trouve des moments carrément lents (les seuls de tout le disque), qui confirment que même au ralenti les teutons savent y faire en accroche, et finissent ainsi de convaincre de leurs qualités d’écriture comme d’interprétation. Avec en prime une production volontairement brute de décoffrage et qui sonne quasiment live, une basse chaude et audible et des solos exécutés à l’arrache le tout est sans faute de goût et file une patate d’enfer. Et même si certaines idées sont interchangeables les unes avec les autres selon les différentes compositions, on ne peut même pas reprocher aux gars de réutiliser leurs idées tant elles sont parfaitement dans l’ambiance, et ne sont surtout jamais linéaires ou répétitives. Une fois encore les suédois de I Hate ont eu le nez fin avec cette nouvelle signature qui rejoint leur qualitatif catalogue, et qui ne fait pas tâche avec le reste de celui-ci. Comme quoi la bonne vieille veste à patchs a encore de beaux jours devant elle, vu qu’elle peut encore être complétée par de la nouveauté dont celle-ci qui ne dépareillera pas avec les grands anciens, et les pères fondateurs venus d’outre-Rhin ou d’ailleurs.
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