Hate - Auric Gates Of Veles
Chronique
Hate Auric Gates Of Veles
Toujours aussi régulière en fréquence de sorties, la formation menée par l’inoxydable Adam Buszko continue contre vents et marées à déverser sur disque comme sur scène son Death bien massif, malgré les incessants changements de personnel et de labels. Désormais signée chez Metal Blade celle-ci continue d’évoluer sous forme de duo, une formule qui présente l’avantage d’éviter les soucis en interne et ainsi d’essayer de retrouver un attrait qui s’est un peu estompé avec le temps. Car ayant évolué pendant longtemps dans l’ombre de BEHEMOTH elle a depuis profité de la nouvelle orientation de Nergal et ses acolytes pour enfin s’en éloigner, et ainsi poursuivre dans sa voie initiale et pratiquement inchangée depuis ses débuts. Cependant avec les années on sent que le combo de Varsovie a besoin d’un second souffle, car si la précédente décennie comportait des disques forts l’actuelle en revanche a vu une nette baisse de régime à cause des décevants « Solarflesh : A Gospel Of Radiant Divinity » (qui tournait trop rapidement en pilotage automatique), et surtout via le trop long et pompeux « Crvsade : Zero » difficile à s’enquiller d’une seule traite. Heureusement « Trememdum » a défaut d’être mémorable voyait les Polonais renouer avec un certain standing, qui prouvait également qu’ils n’étaient pas finis comme certains finissaient par le penser. Du coup il est aujourd’hui important pour eux de confirmer ce renouveau et montrer ainsi qu’ils terminent mieux les années 2010 qu’ils ne les avaient commencées, et cela est effectivement le cas.
Sans changer quoi que ce soit dans sa formule le binôme (accompagné à la basse par Heinrich de VESANIA) a cependant eu la bonne idée de revenir à un disque plus condensé et court, car les précédents casaient le maximum d’idées et de compos à l’intérieur et du coup l’impact général en était finalement affaibli tout en ternissant les moments intéressants qui s’y trouvaient. En pratiquement quarante minutes et huit morceaux le chanteur-guitariste sort sa réalisation la plus courte depuis le très bon
« Morphosis » en 2008, et semble avoir pris conscience de ses erreurs récentes. Bref il n’y a pas grand-risque à dire que ce onzième album s’il n’apporte rien de plus à la contribution de HATE à la musique, fait néanmoins partie du haut du panier de sa production pléthorique. Et en effet dès le démarrage avec le très bon « Seventh Manvantara » on voit que ses créateurs ont repris du poil de la bête, car ici on (re)trouve toute la palette de ceux-ci où le tabassage et la vitesse sont présents sans pour autant être prédominants. En effet ils préfèrent laisser les parties plus lourdes être mises en avant tout comme les nappes voilées afin de créer une ambiance voilée et nuageuse plus qu’intéressante, et qui donne le ton général. Si la forme est ultra-classique elle fait néanmoins mouche à l’instar de « Triskhelion » qui reprend les mêmes ingrédients mais cette fois-ci inversés, afin d’offrir une brutalité plus affirmée qui côtoie des passages plus massifs pour éviter tout essoufflement qui serait dommageable si tôt. Afin de terminer cette triplette d’ouverture la directe et radicale « The Volga’s Veins » se révèle absolument parfaite, et nul doute qu’elle va cartonner en concert tant sa rapidité et son entrain quasi-continu font très mal (et sont seulement interrompus par une courte partie centrale plus posée). Plus dépouillée et techniquement plus simple elle signe également le début d’une série de titres plus travaillés qui s’étirent également sur une durée plus importante, au risque de retomber dans les travers entrevus et entendus ces dernières années.
Et malheureusement c’est un peu ce qui arrive avec les trois plages suivantes, et en premier lieu avec le sympathique et fouillé « Sovereign Sanctity » qui mise sur des longues périodes à la double pédale complétées par un tempo qui ne s’excite qu’en de rares occasions. Si le résultat n’est pas mauvais en soi il aurait été meilleur en se faisant plus court, vu qu’ici il a tendance à répéter les mêmes plans et riffs sans motif valable, ce qui est dommage car les idées y étaient intéressantes. Pour « Path To Arkhen » on est là-encore dans un classicisme exacerbé mais hélas joué sans folie ni passion, et on a la sensation que le groupe se contente de réciter ses gammes sans chercher plus loin, au risque de tomber dans une certaine routine (d’ores et déjà palpable). Et quand le duo essaie d’alourdir son propos au maximum là-encore l’excès de longueurs fait ronronner l’ensemble de la mauvaise façon, c’est le cas ici avec « Auric Gates Of Veles » où les accélérations et explosions sont carrément absentes, créant une ambiance plus sombre et froide intéressante. Mais parallèlement on finit par s’endormir plus qu’autre chose à cause justement de ce côté linéaire flagrant et même franchement énervant, tant on aimerait qu’il se lâche un peu et joue de façon plus frontale, au lieu de vouloir meubler un opus qui n’a pas besoin de cela.
Car en revenant à l’essentiel le gros son redevient tout de suite plus palpitant, et de ce fait la galette retrouve un intérêt certain lors de cette dernière partie ponctuée par la doublette « Salve Ignis » et « Generation Sulphur » qui retrouve à la fois de l’agressivité et de l’intérêt en misant sur un gros équilibre afin de densifier tout cela et de terminer ainsi de la meilleure des façons. Sans être un incontournable des deux compères ce long-format a néanmoins suffisamment d’arguments favorables pour qu’on s’y penche un peu, grâce surtout à une sobriété que l’on croyait perdue et qui fait plaisir à entendre, confirmant définitivement que c’est la formule qui réussit le mieux. Si comme d’habitude on trouvera à boire et à manger à l’intérieur il ne faut cependant pas faire la fine bouche, car au milieu de passages moins consistants et passe-partout certains se dégagent du lot et trouveront facilement leur place lors de la future tournée. Si l’entité ne changera pas de statut et restera toujours considérée comme un éternel outsider, celle-ci a malgré tout retrouvé un second souffle et une légitimité après des égarements qui auraient pu lui être dommageables de façon plus importante, au lieu de cela elle montre un retour en forme plaisant et que l’on espère durable dans le futur.
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