Akasha - Canticles Of The Sepulchral Deity
Chronique
Akasha Canticles Of The Sepulchral Deity
Que ça me saoule ces labels qui jouent la carte de l’exclusivité avec des sorties limitées à 100 exemplaires (dans le meilleur des cas) pour ensuite montrer du doigt sur les réseaux sociaux ces rapaces capitalistes profitant de cette rareté parfaitement orchestrée afin de gonfler abusivement les prix. Si je ne pointe pas nécessairement du doigt le label dont il est question aujourd’hui, tout ce cirque commence tout de même à me sortir un peu par les yeux...
Sorti en mars dernier sur le label californien Grey Matter Productions, le premier album d’Akasha est aujourd’hui introuvable et cela depuis sa sortie ou presque (enfin sauf si vous êtes de ceux qui achètent des cassettes mais, personnellement, je ne mange pas de ce pain-là). Pourtant, il n’a jamais été question d’un quelconque repress. Dommage pour un album de ce calibre qui ne se trouvera désormais que sur Discogs à un prix défiant bien évidemment toute concurrence (tu la sens ma grosse ironie ?). Une stratégie incompréhensible au service d’une idéologie visant un certain élitisme. Les vrais reconnaissent vrais…
Formé par un certain Leech, Akasha est une one-man band américain dont l’histoire a débuté l’année dernière avec la sortie d’un premier EP baptisé Consuming The Soul. S’en est suivi un split avec son compatriote d’Unrest avant de se faire véritablement remarquer en début d’année grâce à la sortie d’un premier album intitulé Canticles Of The Sepulchral Deity. Pourquoi remarqué ? Et bien en grande partie (en tout cas en ce qui me concerne) grâce à cet artwork signé des mains de Jef Stuart Whitehead aka Wrest de Leviathan. Son trait, inimitable, n’a pas donc pas manqué d’attiser ma curiosité, me poussant à télécharger illégalement (bien entendu) les dix titres de ce premier album.
Bouclé en un peu plus de quarante minutes et auréolé d’une production particulièrement abrasive, Canticles Of The Sepulchral Deity verse du côté d’un Black Metal particulièrement frontal. Pourtant les morceaux proposés ici par Akasha ne sont pas spécialement courts mais il s’en dégage néanmoins une véritable frénésie. Bien sûr, cette production rugueuse, tout en grain et en saturation, participe pour beaucoup à cette impression mais pas seulement. En effet, Leech va insuffler une espèce d’énergie Punk/Hardcore à ses compositions que ce soit à travers certains patterns de batterie (très probablement synthétique) au groove puant le bitume ("Akasha (Canticles Of The Sepulchral Deity)" à 1:32, "Enthroned In Catacombs" à 1:01, "Opposing The Firmament" à 0:24, "Worship At The Threshold Of Her Womb" à 2:32) ou bien à l’aide de riffs secs et décharnés (ces nombreuses petites dissonances dispensées tout au long de l’album, les premiers riffs en spirales de "She Who Runs With Wolves" et de "Vibratory Waves Collapsed", "Enthroned In Catacombs" à 0:26, "Sepulchral Oath" à 0:33...) empruntant notamment aux scènes Noise et Hardcore des années 90 (des groupes comme Today Is The Day, Rorschach, Kiss It Goddbye, Cave-In, Botch, Converge et toute la clique...). Si cela pourrait paraître surprenant à certains, sachez tout de même que ce n’est pas la première fois que l’on entend ce genre de sonorités déstructurées dans le Black Metal. Des groupes comme Leviathan et Deathspell Omega ont déjà largement contribué à leur essor ces dernières années, quitte à en laisser quelques-uns sur le bas-côté.
Moins noir et torturé qu’un Leviathan dont il s’inspire pourtant largement, Akasha livre avec son premier album un Black Metal particulièrement intense. Mené essentiellement le pied au plancher et le couteau entre les dents, Leech ne fait jamais semblant, enchaînant les coups de pression sans jamais vraiment prendre le temps de se retourner si ce n’est le temps d’un interlude plutôt cool ("Bornless") ou lors de quelques séquences moins en tension ("Portal Through Forgotten Coffins" en guise d’introduction, "Akasha (Canticles Of The Sepulchral Deity)" à 0:13, les débuts de "Enthroned In Catacombs" et "Psychic Fog, Draconian Paroxysm", "Worship At The Threshold Of Her Womb" à 4:12). L’auditeur est ainsi malmené tout au long de ces quarante-trois minutes éreintantes où les quelques secondes de temps mort grappillées entre chaque morceau offriront le salut nécessaire pour espérer pouvoir continuer à encaisser les coups dans ce qui n’est autre qu’une agression sonore perpétuelle.
Pour un premier album, on ne peut pas dire qu’Akasha ait fait les choses à moitié. Entre l’artwork franchement réussi de Wrest et ce Black Metal chaotique et dissonant aux résonances Punk/Hardcore plutôt évidentes, on tient là un disque sacrément bien ficelé. Certes, la parenté plutôt flagrante avec Leviathan laisse assez peu de place à l’originalité mais malgré tout Leech réussit à s’en dissocier grâce à une approche nettement plus frontale. Cette urgence exacerbée va faire de Canticles Of The Sepulchral Deity un disque exigeant et même plutôt fatiguant mais en tout cas bien moins suffocant et dérangé qu’un album de Jef Stuart Whitehead. En attendant, voilà une bonne surprise que je vous invite à découvrir sans trop attendre.
| AxGxB 27 Septembre 2019 - 1037 lectures |
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