chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
200 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Non Opus Dei - Głód

Chronique

Non Opus Dei Głód
Il y a des groupes que l'on qualifiera pudiquement de "bornés", s'entêtant à sortir des disques entendus des dizaines de fois ailleurs, festival de poncifs et de clichés mis bout à bout, pour mieux masquer leur absence complète de personnalité. La plupart du temps, leurs camarades plus talentueux n'ont pas trop de soucis à les éclipser. Mais une infime minorité de ces formations fades persévèrent, s'acharnent à sortir des disques complètement lambda, en espérant qu'un beau jour la sauce finisse par prendre. C'était le cas de Non Opus Dei. Pendant presque vingt ans, la troupe n'a fait que produire des disques pas foncièrement mauvais, mais incroyablement passe-partout, sans jamais chercher à voir plus loin - "Eternal Circle", sorti en 2010, en était le sommet, sorte de rip-off de Behemoth, impressionnant techniquement (la faute à un batteur complètement dopé), mais terriblement vain. De bons exécutants, mais de mauvais compositeurs. Pour moi, en tout cas, et malgré son ancienneté, le groupe était rangé au fin-fond du tiroir "Sans saveur".

Puis vint "Diabeł", cinq ans plus tard. Un comeback fracassant, que personne n'attendait, moi le dernier, dans lequel Non Opus Dei semblait enfin dévoiler une petite identité, qui lui faisait jusqu'à présent défaut. Certes, la galette n'était pas exempte de défauts, mais elle restait infiniment plus intéressante que les coups d'épée dans l'eau d'antan. J'avais ainsi bon espoir que le quatuor continue de travailler, pour nous revenir avec un disque qui, pour de bon, les affirmeraient en tant que force à part entière de la bouillonnante scène Polonaise. Alors, "Głód" est-il le disque que nous espérions tous ?

Il est en tout cas ambitieux. En une sorte de fusion de leurs compatriotes de Furia et Cultes des Ghoules, Non Opus Dei s'est inspiré du folklore de son pays, des pratiques ancestrales, salade de rituels, sacrifices et magie noire, condamnant les habitants de la région à la famine ("Głód", justement). Les titres, une fois traduits, posent ainsi les repères de l'histoire qui nous est contée, qui commence mal ("Semis", "Sur des terres stériles"), voit l'incursion de l'élément diabolique (il est fait mention du Diable et des Enfers) jusqu'à son triste épilogue ("Plon", la récolte, bien loin du dénouement heureux que l'on pourrait imaginer), le tout porté à bout de bras par des musiciens plus-que-jamais inspirés. Comment ça, du "déjà vu" ? N'est pas Furia qui veut, en effet, et pourtant, "Głód" s'en tire avec les honneurs.

Ayant abandonné les blast-beats forcenés depuis "Eternal Circle", Non Opus Dei choisit la forme adoptée sur l'album précédent, en construisant des titres qui n'hésitent jamais à donner dans la longueur, à prendre le temps de se développer, plutôt que de foncer tête baissée. Des rythmes majoritairement lents, presque tribaux (les contretemps en forme de sarabande de "Do ołtarzy w piekle") mais qui laissent entrevoir une rage, une furie sous-jacente, dans les nombreuses explosions menées de main de maître par Gonzo, le batteur, que l'on savait très doué de ses mains. Servi par un son mitonné par le Satanic Audio, "Głód" est pointu sans jamais devenir chirurgical, laissant aux guitares le soin de dispenser leurs riffs vénéneux, sans jamais remiser la basse comme dans les trois-quarts des groupes du genre : les vibrations de ses cordes apportent systématiquement l'inquiétude, le malaise, et ce qu'elles soutiennent la grosse caisse (la fracassante ouverture de "Po jałowej ziemi") ou qu'elles agissent en garniture (sur l'interlude "Głód"). On regrettera peut-être le chant de Tomasz Klimczyk, certes incisif, mais toujours aussi monocorde, fort heureusement contrebalancé par les incursions de Hekte Zaren, Diamanda Galas en puissance, malheureusement cantonnée aux interludes, qui endosse le rôle de la sorcière. Au vu du rendu des compositions gratifiées de sa présence, j'aurais apprécié la retrouver ponctuant certains ponts et breaks des titres plus énervés. Tant pis ! Malgré ces menus défauts, on ne peut que saluer la technique et le talent des musiciens, qui savent nous entraîner dans leur sabbat. Là où Non Opus Dei fait fort, c'est dans l'inconfort : notre sixième sens sent le danger qui dort sous ces arpèges malveillants, ces accélérations soudaines qui se brisent au gré de soli maladifs (à 08:47 sur "Do ołtarzy w piekle"). Et c'est sur ce point que cette dernière fournée tire son épingle du jeu.

"Głód" est un très bon album, et, oserais-je le dire, presque "l'opus de la maturité" pour Non Opus Dei, plus de vingt ans après sa naissance. La troupe a bûché, ça se sent, ça s'entend, les compositions sont plus ambitieuses, plus variées, au service d'un concept qui sent certes un peu le réchauffé mais se démarque de leurs considérations passées. On se laisse prendre au jeu, tant les ambiances développées sont prenantes, tour à tour entraînantes et inquiétantes. Et le cercle vicieux nous happe : on revient à "Głód", à chaque fois, pour tenter de déceler ce qui lui donne ce goût de "reviens-y". Une sortie qui permet, enfin, à Non Opus Dei de sortir de la Ligue 2, dans laquelle il était enfermé depuis un sacré moment.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Non Opus Dei
Black Metal
2019 - Pagan Records
notes
Chroniqueur : 8/10
Lecteurs :   -
Webzines :   -

plus d'infos sur
Non Opus Dei
Non Opus Dei
Black Metal - 1997 - Pologne
  

tracklist
01.   Siew  (00:23)
02.   Po jałowej ziemi  (08:41)
03.   Diabeł posiał głód  (02:51)
04.   Głód  (01:29)
05.   Do ołtarzy w piekle  (10:21)
06.   Czarci most  (08:45)
07.   Plon  (03:59)

Durée : 36:29

line up
parution
23 Septembre 2019

voir aussi
Non Opus Dei
Non Opus Dei
Eternal Circle

2010 - Witching Hour Productions
  
Non Opus Dei
Non Opus Dei
Diabeł

2015 - Witching Hour Productions
  

Essayez aussi
Blasphemy
Blasphemy
Blood Upon The Altar (Démo)

1989 - Autoproduction
  
Darkenhöld
Darkenhöld
Memoria Sylvarum

2017 - Indépendant
  
Merrimack
Merrimack
Omegaphilia

2017 - Season Of Mist
  
Vinterland
Vinterland
Welcome My Last Chapter
(Wings Of Sorrow)

1996 - No Fashion Records
  
Tümëur
Tümëur
Gangrène

2015 - Les Créations Clandestines
  

Vader
Blood (EP)
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Deceased
Children Of The Morgue
Lire la chronique
Enforced
A Leap Into The Dark (EP)
Lire la chronique
Muscadeath 2024
Lire le biographie
Ireful
Agents Of Doom
Lire la chronique
Muscadeath 2024 Jour 2
Aborted + Ad Patres + Disfu...
Lire le live report
Scumripper
For A Few Fixes More
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Morbid Saint
Swallowed By Hell
Lire la chronique
Machete Law
Chains of Despair (EP)
Lire la chronique
Scolopendra
Citadel Of Torment (EP)
Lire la chronique
Aggressive Perfector
Havoc At The Midnight Hour
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Armoros
Pieces
Lire la chronique
Laceration
I Erode
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Septembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Überserker
Ineffable Force of Will
Lire la chronique
Conquer or Perish European Tour 2024
Exhumation + Initiation + V...
Lire le live report
Evildead
Toxic Grace
Lire la chronique
Anthares
After the War
Lire la chronique
Void
Horrors Of Reality
Lire la chronique
Motocultor Festival 15
Lire le live report
La photo mystère du 1 Septembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Surgical Strike
24/7 Hate
Lire la chronique
The Hellectric Devilz
The Devilz Playground
Lire la chronique
Crushing Brain
Cenizas
Lire la chronique
Labyrinth
Unforeseen Consequences (EP)
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Août 2024
Jouer à la Photo mystère
La photo mystère du 1 Août 2024
Jouer à la Photo mystère
Category 7
Category 7
Lire la chronique