Deux mois seulement après la sortie de sa première démo intitulée
Manifest Death, le one-man band finlandais Moraš poursuivait sur sa lancée avec la sortie de
Gaze Of The Void, une seconde démo parue tout d’abord au format cassette via le label portugais Black Gangrene Productions (Faceless Entity, Lampir, Obskuritatem...) avant d’être pressée quelques mois plus tard (et réédité depuis une première fois avec un artwork sensiblement différent) en vinyle par Archaic Memories, petite structure anglaise a qui l’on doit quelques sorties tout aussi recommandables (Kommodus, Maquahuitl, Ravenmoon Sanctuary...).
Comme à l’accoutumé avec ce genre de projet et de label, on ne sait pas grande chose de ce qui entoure ce groupe et plus particulièrement cette démo. D’ailleurs, la personne derrière Moraš ne s’est cette fois-ci même pas embêté à donné un titre à ses compositions puisque celles-ci portent toutes le même nom : "-".
Sortie en novembre 2017, il semblait logique d’espérer une suite directe à
Manifest Death. Pourtant, on remarque dès les premières écoutes que les morceaux de
Gaze Of The Void se démarquent quelque peu de leurs prédécesseurs et cela même si de prime abord rien ne semblent les distinguer (durées quasi identiques, production toujours aussi volontairement bancale). En écoutant ces deux démos successivement, on remarque très vite ces quelques nuances qui les séparent.
La première qui saute aux oreilles c’est cette production un poil plus brouillonne et surtout bien moins équilibrée qui rend l’immersion dans l’univers de Moraš pas forcément plus compliquée puisque ce n’était déjà pas franchement chose aisée pour le quidam d’y pénétrer mais en tout cas un poil moins immédiate (cette batterie presque inexistante, perdue on ne sait où). Il faudra ainsi être en mesure d’apprécier ce genre de production dépouillée et rachitique, tout en souffle, en saturation et en déséquilibre, pour succomber un tant soit peu aux charmes de ce Black Metal famélique et intransigeant.
La seconde, moins immédiate à déceler de prime abord, est cette absence quasi totale de mélancolie et de romantisme qui sur
Manifest Death constituant pourtant un élément central de la musique du Finlandais. Les cinq titres proposés ici par Moraš se concentrent ainsi sur l’essentiel, dans une atmosphère glacée, sombre et mortifère. Un parti pris moins fort émotionnellement parlant mais qui donne à voir et surtout à entendre un groupe capable de changer son fusil d’épaule sans pour autant saborder son identité.
Car le Finlandais continue bel et bien sur sa lancée, délivrant à nouveau un Black Metal décharné aux riffs maigrelets et entêtants et aux ambiances lugubres et inquiétantes. Des atmosphères à couper au couteau qui doivent beaucoup à ce chant lointain et infernal totalement dénué d’humanité.A l’image de ce que l’on peut entendre sur
Manifest Death, le caractère répétitif des riffs est ici renforcé par cette batterie fantomatique dont les variations peu nombreuses et finalement peu marquées finissent tout simplement par aliéner l’auditeur par des successions de blasts plus ou moins rapides selon le moment et le morceau. Pourtant, si on trouve bien évidemment quelques changements de rythmes ici ou là (comme par exemple sur ce deuxième titre moins soutenu), c’est bien cette action de répétition induite par des riffs simples et des patterns de batterie ressassés ad nauseam qui caractérise en grande partie le Black Metal de Moraš. Seuls quelques leads discrets viennent parfois apporter un peu de lumière. Mais que sont donc ces brefs éclairs de lumière dans cet océan de noirceur qui s’étend tout autour de Moraš ? Bien peu de chose effectivement…
Pareille sans être identique, cette seconde démo n’a en soit rien de très surprenant (tous les codes de ce genre de Black Metal de fond de cave y sont ici repris) sauf qu’elle réussit néanmoins à s’extirper du modèle emprunté par le one-man band sur sa première démo pour tendre désormais (enfin fin 2017) vers quelques chose de sensiblement différent, au moins en terme d’atmosphères ressenties. Là où
Manifest Death jouait la carte d’un Black Metal décharné empreint de mélancolie et de tristesse,
Gaze Of The Void se montre plus froid et implacable, plus diffus aussi à cause de cette production bien plus déséquilibrée qui risque d’en laisser encore quelques-uns sur le bas côté... Bref, encore une sortie à ne pas mettre entre toutes les oreilles même si l’invitation au voyage est ici garantie.
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