Temnein - Tales : Of Humanity And Greed
Chronique
Temnein Tales : Of Humanity And Greed
Si la scène Française se porte particulièrement bien depuis quelques années il faut cependant reconnaître qu’elle est peu pourvue en matière de Melodeath, et encore moins quand il y’a des relents Progressif à l’intérieur. Pourtant s’il y’a peu de concurrence dans ce domaine la qualité est en revanche bel et bien présente via notamment le quintet Lorrain qui revient aujourd’hui, quasiment trois ans après le très réussi et mûr
« White Stained Inferno », qui a confirmé tous les espoirs placés en lui. Ayant vu depuis l’intégration d’un nouveau guitariste et un retour à l’autoproduction comme à ses débuts, le combo signe son œuvre la plus imposante et travaillée, où les influences nordiques diverses (AT THE GATES, DARK TRANQUILLITY, OPETH, INSOMNIUM, IN MOURNING…) vont lui permettre d’offrir un disque particulièrement dense, et qui demandera beaucoup de temps et de patience pour être totalement décrypté. Car bien que conservant sa ligne directrice le groupe en a profité pour y ajouter plus de luminosité et d’arrangements clairs, via l’apport régulier de claviers solaires qui évitent l’écueil du kitch, et sont complétés par une lourdeur prépondérante où la technique de chacun des membres est mise en avant.
On s’aperçoit de ce point dès le démarrage et la fin de l’intro avec « The Blind And The Greedy » vu que toute leur palette musicale est de sortie, via des passages lents et rapides où se greffent des relents martiaux et tribaux afin d’épaissir encore un peu plus le son ici présent. N’hésitant à jouer sur les émotions du fait d’une noirceur très pénétrante (qui s’efface à plusieurs reprises au profit d’une luminosité pleine d’espérance), complétée par de l’angoisse et de la tristesse qui se mélangent à merveille pour miser sur la joie d’un renouveau et de l’espérance. S’il n’est pas question de spiritualité il faut quand même reconnaître que ce sentiment apparaît par bribes, au milieu de riffs pointus et d’une batterie tout en variations d’une précision chirurgicale et qui n’en fait jamais trop. Toute cette variété va se retrouver éparpillée tout du long de cet album, à l’instar des tous aussi excellents « The Knotted Bag » (plus écrasant et ténébreux), et aussi « A Few Drops Of Blood » et « City Of Gold » nuageux et remuants (et aux ambiances Prog’ plus affirmées).
Cependant la force de la bande réside également (outre sa faculté à s’adapter facilement à tous les styles) à se montrer plus accessible et presque Rock, il n’y a qu’à écouter « I Am Davy Jones » pour s’en rendre compte tant ça se montre entraînant et apaisant, sans agressivité notable ou guitares énervées, mais en revanche bien remuant et propice à se dandiner. Ce constat se perpétue dans la foulée avec le très bon « Rise Of The Sontarans » court et rentre-dedans où la rythmique mise sur le mid-tempo quasi-constant parfait pour headbanger, et à l’écriture relativement sobre et facile, sans tomber pour autant dans la facilité au contraire du dernier tiers de cette galette qui aller crescendo niveau technicité et rendu alambiqué. Avec « Dirge For Termina » l’ensemble va miser sur le grand-écart où violence et douceur se côtoient sans jamais interférer l’une avec l’autre, permettant à chacune de s’exprimer complètement au milieu de rythmiques expéditives comme massives afin de pousser l’expérience au maximum, ce à quoi ses géniteurs arrivent facilement à captiver l’auditeur de par son alternance continue. Ce ressenti est identique sur le très Suédois « Yuki Onna » où des blasts (trop rares sur la durée) retentissent au milieu d’un solo de toute beauté (ils le seront d’ailleurs tous) et de variations moins nombreuses mais toujours présentes, qui vont servir de préambule à la pièce-maîtresse intitulée « Scums Of Hamelin ». Durant dix minutes c’est un vrai récital joué avec aisance qui va être proposé, de par majoritairement une mélodie plus affirmée via notamment un long lead majestueux et des arpèges doux posés sous forme de break, calés entre les différentes vitesses qui ne cessent de s’enchaîner de tous les côtés. Ne souffrant pas de baisse de régime malgré sa longueur ce bouquet final conclut parfaitement les hostilités, qui montrent ses créateurs en pleine possession de leurs moyens et qui n’ont plus rien à envier par rapport aux ténors et vétérans cités en amont.
Si l’on peut toujours chipoter sur le fait que ceux-ci auraient pu et dû mettre un peu plus d’explosivité et d’accélérations dans leurs créations (certains plans ont tendance à légèrement se ressembler et se répéter), il ne faut pas être trop regardant sur ce détail tant le niveau général est très élevé et des plus accrocheurs. Autant dire qu’avec ce rendu d’une fluidité implacable et d’une facilité d’écoute impressionnante les p’tits gars de l’est marquent encore des points et s’imposent comme un nom désormais incontournable en France et un statut supérieur, malgré une relative discrétion et un manque de reconnaissance notable - chose qui on l’espère changera enfin cette fois-ci car ils le méritent amplement.
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