Twitch of the Death Nerve - A Resting Place for the Wrathful
Chronique
Twitch of the Death Nerve A Resting Place for the Wrathful
Sous ce nom barbare, emprunté à un film de Mario Bava connu en France sous le nom La Baie Sanglante, se cache non pas un groupe de deathcore comme on pourrait le penser mais un combo de brutal death pas piqué des vers. Pas très productif non plus puisque sa formation remonte à 2004 alors que ce A Resting Place for the Wrathful, sorti en mars dernier sur Comatose Music, n'est que son deuxième album, devancé par un split en 2005 et un premier long-format en 2014, A New Code of Morality. Une très bonne sortie qui voyait Lille Gruber de Defeated Santity intervenir en tant que batteur de session. Six ans plus tard, l'Allemand n'a pas poursuivi l'aventure, remplacé par le Colombien Mauricio Marín (Goreinhaled, ex-Carnivore Diprosopus, Evil Darkness et Melting Flesh). Le combo reste mené par le duo Tom Carter et Tom Bradfield (co-fondateur de Grindethic Records), tous deux aussi dans Beef Conspiracy ainsi que dans Infected Disarray (Repulsive Dissection en plus pour Bradfield) et dont Twitch of the Death Nerve n'est que le side-project.
Ce qui explique sans doute pourquoi il a fallu tant de temps aux Anglais pour donner un successeur à A New Code of Morality. Plutôt privilégier la qualité à la quantité me direz-vous ! On peut déjà noter une superbe pochette pour illustrer ce deuxième full-length que l'on n'attendait plus. Pas forcément un gage de réussite remarquez quand bon nombre de groupes actuels emballent leurs immondices dans du velours. Ce n'est pas le cas de Twitch of the Death Nerve qui reprend là où on les avait laissés si ce n'est l'absence de titres humoristiques. Les Londoniens pratiquent un brutal death à l'américaine que l'on pourrait à la fois qualifier de technique, épileptique, chaotique et groovy. Les cassures rythmiques abruptes y sont légions, le nombre de riffs par morceau s'avère élevé et la vitesse d'exécution bien rapide pour un résultat des plus frénétiques, presque hystérique, à l'image de ces nombreuses harmoniques sifflées courtes et stridentes ainsi que ces pseudos blasts foutraques en salves très brèves. On appréciera d'ailleurs le son assez naturel de la batterie, plutôt rare dans un genre sclérosé par les productions modernes et plastiques sans âme, excepté un kick dégueulasse sur la grosse caisse. Si je n'apprécie d'habitude pas trop ce type de jeu, préférant de vrais blast-beats carrés tenus longtemps, il faut avouer que le rendu se montre assez jouissif et en phase avec le style. La réussite de A Resting Place for the Wrathful repose aussi sur le fait que malgré une musique très changeante difficile à suivre (il faudra quelques écoutes pour tout assimiler), l'opus bénéficie d'une accroche et d'une efficacité immédiates grâce à un groove omniprésent, accentué par tout un tas de riffs slammy bien gras et huileux qui contrastent avec le côté déchaîné des séquences véloces et techniques. On note aussi la présence de pas mal de riffs en tremolo plus classiques et appréhendables grâce à leur motif "mélodique" discernable. Du brutal death avec de vrais bons riffs, ça aussi ce n'est pas chose courante ! Autre rareté bienvenue, l'atmosphère apocalyptique, presque eschatologique, qu'arrive à instaurer Twitch of the Death Nerve par sa musique déstructurée (merci la batterie et les riffs) ainsi que le chant inhumain dégoulinant assez varié de Tom Bradfield dont les longues intonations gutturales s'avèrent des plus jubilatoires (les shrieks font moins d'effet mais contribuent aussi à l'ambiance dégénérative). L'ajout pertinent (pour une fois !) et non intrusif de samples de films s'inscrit également dans ce registre avec entre autres Peaky Blinders ("Ochlocratic Prostration"), Conquest of the Planet of the Apes ("A Witness to Ruination", sans doute le titre le plus percutant au niveau de l'ambiance avec son intro angoissante à souhait), There Will Be Blood ("Immured in Dissociation") et Beneath the Planet of the Apes ("Promulgation of Infected Innards").
Et tout ça, ça fait penser à un mix entre Malignancy et Defeated Sanity. Repulsive Dissection ne se trouve logiquement pas loin non plus, tout comme les vieux influenceurs Suffocation, Devourment, Cryptopsy, Cenotaph et Gorgasm auxquels on peut ajouter le premier Abysmal Torment. Du lourd, quoi ! Moins lourd par contre, si la musique convaincra aisément tout fan de brutal death qui se respecte, difficile de ne pas se sentir lésé par la durée de ce nouvel album. La durée courte des morceaux, somme toute logique pour le jeu frénétique pratiqué, fait que A Resting Place for the Wrathful échoue devant l'obstacle de la demi-heure, n'affichant même pas vingt-sept minutes au compteur. Un peu juste après six ans d'absence ! Pire, "The Locard Principle" apparaissait déjà sur A New Code of Morality. Il s'agit donc d'un réenregistrement légèrement retravaillé. Et la première version de "Promulgation of Infected Innards" qui clôt ce nouvel opus remonte à 2005 sur le split And Then There Were Three aux côtés de Corpse Carving et Bludgeon. Ce qui ne fait même pas vingt minutes de titres inédits. Cela dit, on préférera toujours vingt minutes convaincantes d'un brutal death enthousiasmant que trois quarts d'heure de tabassage stérile passées à regarder sa montre. D'autant qu'il n'y a pas grand chose de nouveau qui me botte ces derniers temps en brutal death, genre que j'écoute de moins en moins. Et franchement, je prends plus de plaisir à écouter A Resting Place for the Wrathful que le nouveau et décevant Defeated Sanity dont je vous parlerai un de ces quatre. Technique mais pas trop, chaotique tout en restant compréhensible, efficace et accrocheur, brutal sans sacrifier le riffing, groovy sans être chiant et proposant une vraie bonne ambiance de fin des temps, ce nouvel opus marque le retour en force d'un Twitch of the Death Nerve que l'on espérerait entendre plus souvent.
| Keyser 4 Septembre 2020 - 1085 lectures |
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