They Leapt from Burning Windows - Demo 2020
Chronique
They Leapt from Burning Windows Demo 2020 (Démo)
Sorti du fin fond des abysses de l'underground et perdu au milieu des multiples demandes de chroniques adressées à votre webzine préféré (sans qui je n'aurais assurément jamais posé les oreilles ce groupe), j'ai décidé de donner une chance à la Demo 2020 d'un groupe au nom aussi énigmatique que ses membres, éditée le 26 juin de cette année sous forme de cassette limitée à 100 exemplaires chez Lycaean Triune. Craignant qu'un facteur peu scrupuleux ne me dérobe ce précieux sésame à l'approche de la période des fêtes, j'ai opté pour la version digitale. En tout cas, qui mieux que des résidents d'Anchorage en Alaska peuvent lâcher un black metal authentique, élevé au grain, à l'isolation et aux températures négatives ? Certes, les conditions climatiques d'Ukraine ou de Pologne doivent certainement pouvoir les regarder en face, mais en terme de « street crédibilité », They Leapt from Burning Windows se pose là.
« I am unstoppable.
I have held the sunlight in my palm
like a revolver.
The pistol is my diadem.
How it burns. »
C'est donc sans surprise que le nihilisme, l'isolation et la misanthropie constituent les thèmes privilégiés de ce groupe aux vers qui restent toutefois intelligemment écrits. Il y a un travail et un recul certains qui saute aux oreilles derrière cette Demo 2020, composée en « quatre longs hivers » (le groupe est actif depuis 2015), tant l'ensemble me paraît bien fignolé. Celle-ci décolle après une « Intro » instrumentale relativement intéressante (c'est rare...), qui a le mérite d'installer les premiers jalons des riffs dissonants de nos anonymes ouailles.
Le morceau « Ceo Dlúth » a tout compris. En effet, il condense tout le potentiel du groupe qui propose des riffs atmosphériques poignants qui sont parfois traversés par des éclairs de grâce, bien que je puisse tout de même relever des longueurs dommageables qui sont là pour nous rappeler qu'on est en train d'écouter une démo. Les guitares se distinguent en tremolo pickings aériens mais aussi en arpèges percutantes par des accords peu communs, toujours tournés vers une mélodie évocatrice et jamais de mauvais goût, malgré quelques passages perfectibles. De même, certains riffs dynamiques et plus percutants ont su m'interpeller.
La production me semble suffisamment optimale (ni trop dégueulasse, ni trop propre, juste ce qu'il faut) pour qu'une démo aux riffs subtils laisse entendre une basse dynamique et technique qui marque habilement les temps sans suivre bêtement la mélodie. Un petit clavier plus anecdotique vient parfois gentiment souligner la mélodie, notamment lors des breaks. L'ensemble est rythmé par une batterie puissante au son organique mais performant : une caisse claire qui claque intelligemment lors des blast beats, un jeu délicat sur les cymbales ride et crash lors des breaks... bref, du travail de qualité. Le travail et l'atmosphère des riffs proposés m'ont carrément évoqués Lutomysl sur certains passages! Un compliment que je ne peux faire à la légère, tant cet équilibre entre haine viscérale et mélancolie fragile est souvent atteint, à l'image du morceau « Jamais Vu » et son refrain cité plus haut ou encore de certains plans de « Bitterant ». « Decay » donne quant à lui dans un tempo plus bas du front, mélangeant une cavalcade à la Finlandaise à un riff blasté dissonant m'évoquant là encore l'Ukraine avec insistance.
Néanmoins, le braquage ne pouvait pas être parfait, en tout cas pas encore. La voix éraillée trop classique qui porte ce projet reste trop embourbée dans la reverb, rendant ses hurlements bien trop impersonnels. C'est absolument dommage mais c'est clairement un point sur lequel le groupe pourra progresser. Des éruptions plus naturelles ou encore des tentatives de growls posés sur des passages bien sentis (« Ceo Dlúth ») m'ont tout de même fait dangereusement frissonner, comme sur « Bitterant », excellent morceau là encore. De quoi donner un regain d'intensité à une partition vocale qui reste assez pâle. Quelques voix claires la parsème également et sont habilement utilisées, à l'image du pont de « Ceo Dlúth », bien réussi. En définitive, on tient là un premier jet extrêmement prometteur qui intéressera certainement les amateurs de black metal polaire : ils sauront à coup sûr apprécier ces salves hypothermiques qui atteignent avec brio leur cible.
| Voay 9 Décembre 2020 - 679 lectures |
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