Neil Young - Mirror Ball
Chronique
Neil Young Mirror Ball
Je vous vois venir avec vos gros sabots et vos yeux noirs pour me dire que j’ai été bien gentil avec mes chroniques de Pearl Jam ces douze derniers mois mais qu’il serait temps de s’arrêter là car on commence dangereusement à s’éloigner de la ligne éditoriale fixée par Thrashocore. Sauf que non. Enfin oui mais cette dernière n’en fait pas moins sens... Certes les Uruk-hai de Saroumane risquent bien de s’étouffer à la vue de cette chronique (voir ce commentaire dispensé sous celle de Feminazgul) mais les amateurs éclairés de la bande à Eddie Vedder et consort savent pertinemment pourquoi celle-ci à finalement toute sa place dans ces colonnes.
Né de la rencontre entre Neil Young, célèbre musicien et activiste américano-canadien ayant largement contribué à l’essor du mouvement Folk Rock dans les années 60 et 70, et Pearl Jam à la suite d’un concert de charité en soutien au droit à l’avortement tenu en janvier 1995, Mirror Ball sera enregistré onze jours plus tard au Bad Animals Studio de Seattle sous la houlette du producteur Brendan O’Brien (sixième membre de Pearl Jam depuis Vs.) et non du regretté David Briggs (producteur attitré de Neil Young ayant signé pas moins de dix-huit albums de l’artiste) qui décèdera malheureusement la même année. Deux sessions de deux jours, une première en janvier et une seconde en février, durant lesquelles monsieur Neil Young composera l’essentiel de ces onze morceaux qu’il couchera sur bande dans la foulée avec le soutien indéfectible des membres de Pearl Jam probablement plus que ravis de participer à un album de l’une de leur plus grandes idoles.
Pourtant, bien que composé et enregistré dans une certaine urgence, il se dégage de Mirror Ball une impression de décontraction ainsi qu’un certain sentiment d’insouciance perceptible tout au long de l’album, notamment à travers cette production finalement assez dépouillée où ces quelques discussions pré ou post-enregistrements que les deux parties choisiront de laisser en l’état (les débuts de "Song X" et "Act Of Love" par exemple). Pearl Jam le soulignera d’ailleurs par la suite, Neil Young en homme d’expérience peu enclin au stress et aux prises de têtes aura su apporter à ce projet son flegme bienveillant. Une attitude extrêmement positive qui aura notamment permis à Eddie Vedder et à ses copains (enfin surtout à ses copains) de se délester d’une certaine pression après trois albums marqués par le succès que l’on connait mais aussi par les à côtés bien moins reluisants comme le départ forcé de Dave Abbruzzese, le boycott particulièrement éprouvant de Ticketmaster ou ce souci de harcèlement qui empêchera Eddie Vedder de participer pleinement à l’élaboration de cet album.
21ème sortie studio de Neil Young, Mirror Ball s’inscrit cependant comme une collaboration que les musiciens de Pearl Jam choisiront d’embrasser pleinement puisqu’effectivement, bien plus qu’un "back-up band" de luxe, Stone Gossard, Mike McCready, Jeff Ament et Jack Irons iront mettre toutes leurs tripes et leurs personnalités dans l’interprétation de ces compositions imaginées par monsieur Young. Il se dégage ainsi de cet album une abrasivité, une énergie ainsi qu’une intensité propre au Pearl Jam des années 90 qui font de Mirror Ball un album un peu spécial dans la discographie de l’americano-canadien. Des titres comme "Song X" dont le refrain résonne tel un hymne de marin version Rock, "Act Of Love" sur le thème de l’avortement, l’entêtant "I’m The Ocean" et son thème principal répété pendant plus de sept minutes, ce "Big Green Country" au solo aux intonations un brin "garage" ou ce "Downtown" au riffing bien bad boy permettent d’instaurer un certain allant tout au long de l’album. À l’inverse, des titres tels que "Truth Be Known" (qui, bizarrement me fait beaucoup penser à du Built To Spill), "Peace And Love" et ses solos absolument impeccables ou ce "Scenery" un poil étrange et déglingué vont venir apporter autre chose, que ce soit un brin de douceur, un peu de relief tout à fait nécessaire ou tout simplement une profondeur supplémentaire. Alors évidemment, on aurait aimé qu’Eddie Vedder puisse s’imposer davantage, qu’il pose quelques lignes de chant ici ou là, seul ou en duo, mais malheureusement ce n’est pas le cas. Aussi ce dernier ne participera qu’aux backing vocals avec le reste du groupe. De la même manière, nous n’aurions pas été contre quelques titres composés par Pearl Jam mais comme évoqué un petit peu plus haut, le groupe de Seattle a su malgré tout insuffler un peu de son identité dans les compositions écrites par Neil Young.
Loin d’avoir fait l’unanimité à sa sortie (et même encore maintenant), Mirror Ball restera pour moi le premier album de Neil Young à avoir trouvé le chemin de mes oreilles. Si celui-ci compte assurément quelques défauts, sachez cependant que je ne les ai jamais trouvé et qu’il reste pour moi un excellent disque de Folk Rock sublimé par le fait que là, derrière le charismatique patron qu’est Neil Young, on trouve les petits gars tout en humilité (mais bien en forme) de Pearl Jam bien décidé à faire de ce disque une collaboration en y insufflant ce dynamisme et cette énergie propre aux cinq garçons de Seattle. À sa manière, Mirror Ball signe également la fin d’une épopée Grunge aussi mouvementée que passionnante ainsi qu'une certaine évolution pour Pearl Jam vers des sonorités plus Folk (entamée depuis Vitalogy et confirmée quelques mois plus tard avec la sortie de No Code. Quoi qu’il en soit, je vous conseillerai vivement de ne pas faire l’impasse sur ce disque qui, pour toutes les raison évoquées plus haut, vaut que l’on s’y intéresse !
| AxGxB 29 Décembre 2020 - 1197 lectures |
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