Je vous présente un Russe. Il s’appelle Sasha Giller.
Sa photo le montre, il est terrifiant. Il ne sourit pas. Il n’a pas envie d’être votre poto ! Et la raison est simple, et remonte à son enfance, ce jour où son père lui a demandé :
« Mon Sasha, tu as décidé ce que tu voudrais faire plus tard, quand tu seras grand ? »
« Je serai
CRADLE OF FILTH » avait-il répondu très confiant, et très fier de lui. La réaction avait fait pouffer le père, qui avait ensuite poursuivi :
« On ne devient pas
CRADLE OF FILTH, ce n’est pas un métier. C’est quoi que tu veux dire ? Tu veux faire de la musique comme
CRADLE OF FILTH ? Tu veux ressembler à Dani ?
_ Je serai
CRADLE OF FILTH !
_ Tu ne comprends pas ce que je te dis ? Ce que tu dis est impossible. Sois raisonnable et précise ta pensée.
CRADLE OF FILTH existe déjà, tu ne peux pas être
CRADLE OF FILTH.
_ Mais je ne sais pas papa... Toi, tu voulais devenir quoi quand tu étais enfant.
_ Je voulais devenir papa.
_ Ah bon. Mais alors tu as réussi à devenir papa ! Alors pourquoi je pourrai pas devenir
CRADLE OF FILTH, moi ? C’est pas juste.
_ Je suis devenu papa, mais papa n’existait pas avant d’être papa. Je ne suis pas devenu quelqu’un qui existait déjà, mais je suis devenu papa à ta naissance... »
Inutile d’expliquer que l’explication avait totalement perdu le petit Sasha, qui en garda une rancoeur profonde contre ce père qui avait pu devenir ce qu’il voulait et refusait que lui puisse le faire. Il n’a plus jamais souri depuis. Il s’est consacré à la réalisation de son rêve, de son choix. Et en 2017 il a passé le pas, il a créé
TRAGEDY IN HOPE, parce qu’on ne lui a pas donné la possibilité d’utiliser le nom
CRADLE OF FILTH On essayait encore de se mettre en travers de sa route, de son destin. Et après des singles et un EP, tous sortis en autoproduction, il déboule enfin avec son premier album en 2021 :
Sleep Paralysis. Et le miracle a eu lieu. Sasha Giller a réussi à devenir
CRADLE OF FILTH. Ou presque...
C’est une évidence, l’homme fait tout ce qu’il peut pour s’approcher de son groupe fétiche. Mais pas le black symphonique de l’Anglais depuis les années 2000, mais plutôt ce qu’il proposait à ses débuts. Ou plutôt c’est le côté pauvre, DIY, mal maîtrisé et très amateur de ces 8 pistes qui oblige la comparaison avec les débuts du style. Car c’est calamiteux d’un bout à l’autre. Soit parce que la copie est tellement fidèle qu’on se sent soi-même gêné, soit à cause du manque évident de talent musical.
Il y a plusieurs styles de vocaux qui sont utilisés. Le chant principal est une imitation très fidéle du chant strident de Dani. Beau talent d’imitation, Canteloup a du souci à se faire. Et puis il y a une voix masculine qui part parfois dans des aigus. La première piste commence avec. Elle est plaintive mais rate son objectif. Elle ne touche pas. Et enfin, bien entendu, il y a des... Il y a des... Des vocaux féminins pardi !
CRADLE OF FILTH sans vocaux féminins, c’est envisageable, mais c’est comme si on avait oublié la sauce pour nos pâtes. Et les vocaux féminins chez
TRAGEDY OF HOPE sont miteux ! C’est une horreur. Il a sans doute cherché sa Sarah Jezebel Deva, il a dû se contenter d’une demoiselle charmante, mais qui est à la ramasse. Pas tout le temps, et elle a un timbre de voix qui correspond au style, mais quand elle est à côté, elle est carrément chez le voisin. Sur « The Celebration of Despair and Woe » on a sûrement voulu qu’elle pronounce plus vite qu’elle ne le pouvait. Et sur le même titre, à 3 minutes 30, elle a son moment de gloire avec un solo dans lequel elle essaie de monter mais pour en fait s’écraser dans la mer de la fausseté. Mais sa pire intervention est sur « Winter Wedding Ceremony » où on lui demande de pleurer. Elle sanglote. Je ne savais pas qu’on pourrait être mauvais dans ce jeu d’acteur. Ses « Ouin ouin » sont mémorables. On peut en rire. Ce serait légitime. En tout cas, c’est d’une imperfection flagrante...
Et c’est ce qui m’a beaucoup plu ! Oui, c’est un twist inattendu, mais j’ai adoré les faussetés. J’ai retrouvé des ambiances « maison », j’ai retrouvé une envie, une passion, des idées qui n’aboutissent pas à un résultat époustouflant mais qui sue le sincérité, et qui finalement forme une aura et un charisme un peu attendrissant. Cette voix féminine est par exemple idéale sur « The Mistress of Dark »... D’autant que musicalement, c’est plus solide. Les morceaux sont bien évidemment largement pompés sur les compositions de
CRADLE OF FILTH, mais mince, ça fait aussi du bien d’avoir une copie d’autre chose que du trve black, genre auquel on ne reproche pourtant pas de ne pas varier... Alors je passe un super moment le temps des 45 minutes. Je suis persuadé que peu partageront mon engouement, mais je ne pouvais pas le cacher. Bravo Sasha, car tu as réussi à me convaincre que tu pouvais être
CRADLE OF FILTH d’une certaine manière ! Bon, j’ai juste un peu moins apprécié le dernier morceau, qui s’éloigne du black sympho pour de petites expérimentations dark, pop et burlesques, mais c’est peut-être la prochaine étape du groupe maintenant que son premier objectif a été atteint...
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène