Wÿntër Ärvń - Abysses
Chronique
Wÿntër Ärvń Abysses
Ils aiment les disques bruyants, les collègues, en ce moment. Entre les Vassafor de Raziel et les Reaper de Jean-Clint, on ne s’entend plus penser, ici. Suivant l’exemple de Monsieur Okoi Thierry Jones de Bölzer durant le Samaïn Fest 2017, je vous demanderai « un petit dosage de calme, s’il vous plaît ». De quoi respirer un instant avant de replonger dans les blasts et les power-chords. Quelque chose de pas trop éloigné de la scène extrême, mais de reposant, de langoureux, d’apaisant. Qu’ouïs-je ? Wÿntër Ärvń a ressorti un album ? Eh bien voilà, fabuleux, la thébaïde toute trouvée se présente d’elle-même.
Wÿntër Ärvń, pour ceux qui l’ignorent, est le projet de Monsieur Wÿntër Ärvń, guitariste et chanteur d’Aorlhac, accompagné pour ce nouvel album Abysses par Monsieur Vittorio Sabelli, membre du groupe de black metal d’avant-garde Dawn of a Dark Age. Nous tournons donc autour d’une même petite scène, dévouée au black metal amoureux de son terroir et de son histoire, avoisinant une jolie chapelle sauvage nommée Antiq Records. Autant dire qu’à peu près tous les éléments cités dans cette dernière phrase constituent autant d’arguments en faveur du projet. Pour achever l’entreprise de séduction, sachez que Wÿntër Ärvń joue de la dark folk pensée comme une version acoustique du black metal nordique des années 90’.
C’est bon, vous avez signé ?
Abysses, second album de la formation, a décidé de se parer de nouveaux atours. Moins minimaliste que son prédécesseur, le projet s’enrichit de la clarinette du nouveau collaborateur évoqué plus haut, Vittorio Sabelli, mais pas seulement. Sur « Aux Aurores », un superbe violoncelle intervient, allongeant de touchants soupirs languissants, qui s’étirent en surplomb des arpèges de guitare. Plus loin, sur « Quand tombe le Jour », c’est une cornemuse qui vient étoffer la composition d’harmonies solennelles. Une jolie voix féminine s’invite sur « Contemplation ». La Clarinette ondule, veloutée, sur à peu près chaque piste, offrant un contraste feutré et délicat aux mélodies de cordes. Tout l’album sonne comme un ensemble presque indivisible, dans lequel on se laisse prendre sans accorder d’attention aux séparations entre les chansons. L’album est cohérent, harmonieux, en accord avec lui-même, sans réelle rupture.
Comme le souligne la description du disque proposée par le label, la musique de Wÿntër Ärvń se fait plus lumineuse, peut-être moins résignée que sur l’album précédent. Quelque chose comme de l’espoir scintille d’un éclat mat tout au long des huit pistes. Non pas une espérance éclatante et tonitruante, mais plutôt de l’ordre d’une ouverture, révélée dans la trame d’un monde que l’on pensait entièrement obscur. Une lucarne innatendue, laissant sourdre une lumière presque douloureuse, puisqu’elle implique un contraste avec la noirceur alentour. Cela se traduit, en termes d’émotions, par une mélancolie plus aérée, plus nuancée, moins monolithique que précédemment. L’album se décline en clair-obscurs constants, équilibrés. Même dans la reprise de Xasthur, « Marcheurs de mondes dissonants », l’ambiance n’est pas tout à fait au morbide et au sinistre, et ce malgré les grondements menaçants excoriés en fond de trame.
Je n’ai qu’un seul reproche à faire à Wÿntër Ärvń, et plutôt des moindres, puisque celui-ci concerne le son de guitare. Je le trouve un peu lisse, un peu trop luisant. Ce choix de l’électro-acoustique (me semble-t-il) se défend, mais je persiste à penser, au fil des écoutes, qu’une bonne vieille guitare folk au son plus rugueux aurait permis de dégager quelque chose d’un rien plus âcre, plus évocateur peut-être, moins directement éthéré. Cela ne constitue, dans les faits, pas un véritable reproche objectif, seulement une petite remarque tout à fait personnelle.
Une belle demi-heure, soit le format parfait pour ce type de musique. Des ambiances feutrées et filtrées, de l’émotion sans tragique, une recherche instrumentale remarquable, une folk sincère, enluminée de sonorités parfaitement concordantes. Un petit sanctuaire d’atmosphères finalement pas si dépaysantes si vous sortez d’un disque d’Ulver, mais régénératrices. Un beau disque, touchant, sans excès, juste et définitivement reposant.
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