Dirge pour l'album "Wings Of Lead Over Dormant Seas"

1. Premièrement peux-tu présenter votre groupe à nos lecteurs, vos influences et le style qui pourrait le mieux définir votre musique?

Le groupe s'est formé en 1994 autour de Marc T. (guitare, programmation) et de Laurent P. (voix, programmation). Après trois démos orientées métal-indus et plusieurs changement de line up, le groupe a sorti son premier album « Down Last Level » en 1998 puis « Blight & Vision Below A Faded Sun » en 2000. Après ce second disque, le line up s'est stabilisé autour de Marc T. (guitare & chant), Alain B. (batterie), Christophe [Zomb] D. (électroniques), Christian M. (basse) et moi même Stéphane L. (guitare). Le groupe a alors continué son évolution qui l'a amené à l'enregistrement de « And Shall The Sky Descend » (2004) et « Wings Of Lead Over Dormant Seas » (2007).
Les influences des débuts tournaient autour de groupes comme Godflesh puis ont progressivement glissée vers les sonorités à la Neurosis ou Breach. Mais je crois qu'aujourd'hui, au delà des influences plus ou moins conscientes (on pourrait aussi citer Joy Division ou Pink Floyd) nous ne nous inspirons plus guère que de notre propre son. Quant au style de musique que nous pratiquons, je te laisse le soin de trouver les termes appropriés, car à dire vrai, ça ne nous intéresse pas vraiment.


2. Avez vous d'autres influences à part la musique (littérature, films, peintures, bd...)?

La principale influence de Dirge n'est pas franchement à chercher dans la musique ou dans quelques formes d'art que ce soit. C'est plutôt l'invisible qui oeuvre dans l'ombre qui influe sur le fond et la forme du groupe.


3. Pourquoi vous êtes vous orientés vers le genre post-hxc, qui n'était pas vraiment populaire ou tendance il y a 10 ans ?

C'est une évolution naturelle qui n'a jamais été calculée. Au gré des changement de line-up ainsi que des nouvelles aspirations musicales de chacun, Dirge a progressivement muté d'un son très mécanique à quelque chose de plus organique, de plus humain. Ce parcours se reflète très clairement le long de nos quatre albums. De toute façon ce terme « post-core » n'existait pas à l'époque et les groupes étaient peu nombreux et dispersé au quatre coins du monde. Et je te dirais que l'on se fichait pas mal à l'époque de savoir si cette manière d'envisager la musique était alors trendy et populaire. Chose qui d'ailleurs ne nous interesse pas davantage aujourd'hui.


4. Qu'est ce qui a motivé le choix de sortir "Wings of lead over dormant seas" en double CD, à part qu'avec une chanson de 40 minutes, un seul CD suffisait pas à tout caser ?

L'idée de base était de composer, entre autre, un titre assez long qui nous permettrait de développer sans réelles contraintes temporelles ni limites structurelles certains de nos penchants musicaux (gros riffs, passages clairs, noisy, plages ambiantes etc). Cela ouvrait du même coup un champs d'expérimentation total, tant au niveau musical qu'au niveau du texte. Et vu que nous avions également 6 autres morceaux plus ou moins longs de prévus, l'idée d'un double album s'est très rapidement imposée. D'ailleurs l'un des morceaux enregistré n'a pas pu trouver sa place sur « Wings Of Lead Over Dormant Seas », du fait de sa longueur.
Alors c'est une pièce fleuve, certes, mais qui n'est absolument pas un exercice de style ; nous voiyons ça plutôt comme le résultat d'une expérimentation extrême, une plongée dans le champs des possibles qu'offrait cette quasi absence de limites temporelles.


5. Vous existez depuis un certain temps maintenant, est-ce que vous avez l'impression d'avoir enfin un début de reconnaissance, maintenant que le post-rock (pour faire des raccourcis) s'est un peu démocratisé et "popularisé" ?

« Reconnaissance » est un bien grand mot pour un groupe français. Disons que grâce à notre label, nous sommes enfin correctement distribués, donc je suppose qu'en toute logique notre nom circule plus. C'est vrai que cette mode autour de la nébuleuse dite « post » et de groupes commes Isis ou Cult Of Luna nous entraîne un peu dans son sillage. Le revers de la médaille et que certaines gens qui ne nous connaissent pas s'imaginent sans doute que nous venons tout juste d'arriver dans le serail car nous portons comme un fardeau l'étiquette « groupe français », ce qui pour beaucoup (surtout en France, ce qui est malheureux) équivaut à être un « éternel suiveur » Ce qui au bout de 14 ans d'existence est très irritant. Mais pour être franc, ça ne nous préoccupe pas tant que ça. C'est juste un constat qui n'est ni amer, ni aigri. C'est juste une réalité. De toute façon l'underground ne nous dérange pas, dès lors qu'il ne nous empêche pas de faire des concerts et de proposer nos disque à un nombre suffisement conséquent de gens.


6. Je suis assez curieux de savoir comment se passe l'enregistrement d'un album comme celui-ci, votre musique paraissant difficile a retenir? Comment s'est passé l'enregistrement de cet album? S'est il déroulé de manière « classique », chacun son tour, ou en direct live ?

Nous n'arrivons pas les mains dans les poches en studio, nous savons précisement ce que nous allons enregistrer (mis à part les quelques passages improvisés). Donc au risque de te décevoir nos enregistrements sont très loins d'être d'immenses jam sessions enfumées :). Pour « WOLODS », tout le corps de l'album (batterie, basse et guitares) a été enregistré en live. Par la suite nous avons fait tout ce qui est prise de voix, guitares acoustiques, placement des samples, violons etc dans le home studio de Marc (ainsi que le mix).


7. De façon plus générale, comment se passe le processus de création?

En matière d'écriture, le modus operandi demeure très souvent le même ; Marc compose le squelette essentiel du morceau, charge à tout le groupe de lui donner chair par la suite. Le travaille d'élaboration commence donc dans le studio de Marc où tous les 3 avec Alain construisons petit à petit ce qui sera testé ensuite en répetition, une troisième étape qui permet d'élaborer tout les paramètres organiques de notre musique, passages improvisés compris. C'est le moment où l'on laisse les choses aller de l'avant, se développer naturellement jusqu'à ce que le dosage nous paraisse bien. L'apport de chaque membres peut alors transformer considérablement la structure originelle du morceau. Mis à part un ou deux titres comme « Nulle Part », le nouvel album a été composé de cette manière.


8. Qu'est ce qui vous inspire quand vous composez et écrivez les paroles?

Ma réponse va rejoindre ce que je te disais en début d'interview. Quant aux textes, ils sont à l'appréciation de l'auditeur qui est libre d'y trouver ce qu'il veut.


9. J'ai l'impression qu'il y a une forte connexion avec le monde des arts plastiques (video, peinture), est ce que vous vous considérez juste comme un groupe de musique ?

La vidéo que nous utilisons sur scènes ainsi que les rouilles qui nous servent d'artwork sont des élements très importants dans l'univers de Dirge. Pour autant, le groupe saurait vivre sans car Dirge n'est pas, à mon sens, subordonés à des paramètres autres que musicaux. Nous ne sommes ni un collectif, ni un projet multimédias. Nous sommes un groupe de rock qui se sert de certains élements extérieurs pour installer son identité visuelle (pour les pochettes d'albums) ou pour renforcer l'impact et la charge émotionnelle de ses concerts (les vidéos sur scène). Toute autres considérations seraient prétentieuses à mes yeux.


10. Selon toi y'a-t'il une scène Post rock française (je pense à Overmars, Year of no light), et vous sentez-vous liés à cette scène ?

On connaît un peu Overmars et j'apprécie personellement YONL ou Time To Burn mais très franchement, il n'existe aucun lien entre ces groupes et nous. La France n'est pas un pays de « scènes musicales », ce cas précis ne fait pas exeption à la règle. D'ailleurs, je pense que cela n'excite pas plus que nous les mecs d'Overmars ou de YONL de se sentir affilier à un quelconque mouvement. Je pense que c'est dans le refus de se faire ranger dans des petites cases, dans la perpetuelle envie de se démarquer d'un « groupe artistique » que réside le véritable sens du terme Indépendant.


11. Y-a t'il une tournée de prévue pour la sortie du nouvel album?

Nous avons quelques dates de prévues en Janvier et en Mars en Belgique et en Suisse. D'autres devraient se confirmer prochainement (infos disponibles sur notre site www.dirge.fr).


12. Si vous deviez faire un album de reprises, quelles chansons/groupes choisiriez-vous?

On n'a jamais fait de reprises, à part un titre de Mimetic il y a quelques années. Je ne suis pas certain que l'on excelle dans ce domaine. De plus il faudrait se mettre d'accord sur un morceau et vu la différence qui existe entre nos goûts personnels cela me paraît fort compromis. Perso j'aimerais beaucoup reprendre du Cure, du Joy Division ou du Fields Of The Nephilim mais ça ne se fera jamais :)


13. Qu'est-ce que vous faites comme boulots a part le groupe?

Je suis intermittent du spectacle. Les autres, je ne suis même pas sûr de savoir précisément en quoi consiste leur travail.


14. Si vous pouviez organiser votre propre festival, qui serait invité?

Des groupes médiocres, histoire qu'ils ne nous fassent pas d'ombre.


15. Qu'est ce que tu écoutes en ce moment? Des bons albums (de métal ou pas) à recommander ?

En vrac : NADJA “Touched”, BJÖRK “Homogenic”, LAIBACH “Volk”, MINISTRY “The Last Sucker”, EINSTÜRZENDE NEUBAUTEN “Alles Wieder Offen”, THE GOD MACHINE “Scenes from the Second Storey, ANATHEMA “Eternity”, ROSA CRUX “In Tenebris”…


16. Peux tu nommer 3 personnes dont tu serais content de voir le monde débarrassé ?

Mick Jagger, Keith Richards & Charlie Watts.


17. De façon plus positive, si tu pouvais rencontrer une personnalité, vivante ou morte quelle serait elle ?

Sophie Scholl.(Nda : je sais pas qui c'est, peut-être la dame qui a inventé les semelles orthopédiques..)


18. Les derniers mots sont pour toi:

Merci de ton soutien.
A bientôt.