Necrowretch, l'ambassadeur des Enfers
Interview
Necrowretch, l'ambassadeur des Enfers Entretien avec Vlad (chanteur-guitariste) (2020)
Avec la sortie de « The Ones From Hell », Necrowretch a sorti son propre Reign In Blood, l’album qu’on peut d’ores et déjà qualifier comme son premier classique.
Mais cela ne doit pas occulter le reste de la discographie dont je vais ici m’entretenir avec Vlad, le maitre de cette cérémonie occulte qui dure depuis déjà plus de douze ans… (nb : vu le nombre de sujets abordés, j’ai pensé qu’il serait mieux de scinder l’interview en trois parties. Ralez pas, ça vous occupera).
PREMIERE PARTIE.
« Putrid Death Sorcery ».
Je me rappelle à l’époque être tombé sur cet album alors que je cherchais du son du groupe Necroblood.
D’un « Necro » à l’autre il n’y avait qu’un pas que j’ai vite franchi !
Avec le recul, et toutes les sorties suivantes, je pense que cet album est un peu différent des autres.
On y retrouve bien sur ta patte, mais au final, les thèmes et champs sémantiques sont légèrement différents non ? Je pensais également au terme « putride » associé au groupe (figurant notamment au dos des t-shirts de l’époque et qui a rapidement disparu). Cela ne te convenait plus ?
Putrid Death Sorcery a été la pierre finale de l’autel de la mort que nous avions commencé à bâtir cinq ans plus tôt avec la démo fondactrice Rising From Purulence. Le cadavre était sorti de son trou crasseux afin de répandre un death metal possédé, une vision macabre en noir et blanc, un dégueulis de puanteur, une atrocité que nous voulions exactement sous cette forme.
N’ayant jamais eu l’intention de produire plusieurs disques similaires et le sort étant jeté avec Putrid Death Sorcery, à quoi bon composer le même disque ? À la différence de nombreux groupes de cette époque qui ont disparu assez vite, la patte putride à laquelle tu fais référence était propre à l’identité du groupe et de cet album en particulier.
Suite à cet album est née une volonté d’affirmer notre musique en empruntant un chemin toujours plus sombre tout en quittant une scène qui était déjà en train de tourner en rond.
On retrouve déjà sur cet album cette ambiance typiquement liée à toute cette vague black/death suédoise (Dissection bien sur, mais aussi Dawn, Sacramentum, Necrophobic…), voire plus radicaux tels Marduk.
Quel est ton positionnement face à cette niche bien spécifique ?
Tous ces groupes sont bien entendu des classiques du genre et il est donc normal d’y voir des ressemblances avec notre style. Si Entombed et consorts nous ont initiés à la scène suédoise ce sont plutôt des groupes comme Merciless, Grotesque, Repugnant ou Mefisto qui nous ont vraiment influencés musicalement par leur bestialité et leur approche beaucoup moins standardisée du death metal que le reste de leur compatriotes.
Du coup quels sont les groupes et/ou albums qui t’ont un jour donné l’envie de dévoiler ta propre vision du metal extreme ?
La liste serait vraiment interminable mais disons que les premiers albums de Death, Morbid Angel et Sepultura y tiennent les rôles principaux. On peut y trouver la véritable essence du metal extreme, une vision vraiment brute et pleine d’énergie autour de thématiques infernales. Aujourd’hui encore ces disques possèdent toujours ce quelque chose en plus qu’aucun disque moderne ne peut imiter.
Tes comparses de l’époque partageaient-ils tes gouts pour cet univers musical (je rappelle ici aux lecteurs qu’Amphycion par exemple fondera par la suite Sacral Night, dans une veine Mercyful Fate) ?
Nous étions tous unis autour de la vision d’un metal extrême sans concessions et chacun a amené à sa manière sa signature dans le groupe malgré le fait que nous venions d’univers différents. La volonté de donner vie à une musique de sauvage était vraiment le point commun des différents line ups.
« With Serpents Scourge ».
Alors que le premier album avait déjà plus qu’un pied dans le coté obscur de la force (avec des titres tels que « Purifying Torment », « Goat-Headed » ou encore « Spewed From Hell », il n’y a pas tromperie sur la marchandise !), ce second long-format y va tête baissée et enfonce le clou (si je puis dire).
Hormis le fait, prévisible, de vouloir surpasser le premier skeud, quelles étaient tes intentions et ton état d’esprit à l’époque ?
With Serpents Scourge est en vérité le premier album où la personnalité et le style de Necrowretch se sont définis.
N’en déplaise à certains détracteurs mais notre ambition en 2014 ne se bornait pas à mimer la scène Death Metal old school. Nous avions une vision beaucoup plus extrême du propos et notre musique s’est ainsi orienté vers un saillant plus diabolique, de plus en plus rapide mais surtout de plus en plus haineux.
Plus que de vouloir surpasser le disque précédent, With Serpents Scourge a surtout ouvert une nouvelle brèche dans le sarcophage. Avec une démarche presque black metal le disque à été produit de manière beaucoup plus minimaliste que ce soit au niveau de la prod, des photos promo, de l’objet en lui-même… Nous n’avions absolument plus d’attaches à quelconque scène et avons foncés tête la première dans une création qui devait tout faire sauter ! Avec le recul je trouve que ce disque est vraiment joué sur le fil du rasoir, c’est très précipité et le tempo est bordélique, ça donne un coté imparfait mais dans le bon sens.
Quelle qualité d’écriture, déjà… (« Black Death Communion, Feast Off Their Doom, « Even Death May Die » entre autre pépites), tout est bel et bien là et absolument rien n’est à jeter.
En parlant de « Black Death… », justement, on ressent bien ici cette alchimie entre ces deux courants à la fois si éloignés et si proches.
Après le premier album, qui pouvait être encore qualifié, au sens large !, de « death suédois », t’es tu dis que tu avais d’ores et déjà posé là les bases de ton Art et de ton développement futur ?
Non ce n’est pas quelque chose que tu te dis sur le coup. Il ne faut pas voir tous les groupes comme des calculateurs et dans notre cas la naïveté à beaucoup joué dans notre vision de la musique.
En revanche il est vrai de souligner que nous étions de moins en moins en phase avec la scène death metal de l’époque, tous les disques se ressemblant et aucun danger n’en découlait à nos yeux.
A l’inverse nous intensifions les trades avec les pays d’Asie et d’Amérique du Sud, d’où nous recevions des productions authentiquement chaotiques.
L’arrivée de Ilmar à la batterie à également beaucoup joué dans la singularisation de notre musique tant son style de jeu a vraiment pris une place importante dans la violence que dégageait la musique en studio, mais surtout en live.
C’est également à ce moment que nous avons décidé d’abandonner l’accordage en SI (B) – trop ancré au death suédois – pour nous accorder en RE (D) et ainsi faire vivre nos mélodies avec une couleur plus diabolique, peut être plus proche du black metal également comme tu le soulignes.
Car oui, ce second album est vraiment abouti. On sent donc que tu es habitué à composer, d’où cette question : as-tu joué dans d’autres combos auparavant ?
Non, Necrowretch a toujours été mon seul et unique projet.
Concernant le studio, je sais qu’à cette époque tu te mettais dans un certain état d’esprit, notamment au moment des enregistrements, pour mette en boite des vocaux les plus malades et hallucinés possibles. Concrètement, comment te préparais-tu ?
Les prises chants sont pour nous le point d’orgue de l’enregistrement, c’est le moment où le diable s’invite dans notre musique et où la haine prends le premier rôle.
C’est vraiment une bataille avec moi même où je me pousse au bout du bout de mes limites pour éructer le chant le plus bestial possible. Je suis conscient de mes capacités vocales et de mes limites mais je me donne vraiment à fond et aucune prise n’est faite à moitié, c’est tout ou rien.
Il n’y a pas vraiment de préparation à proprement parler, si ce n’est une heure de cris et de plongée dans la folie.
Le tout est d’atteindre un stade de colère et de haine qui fera partie intégrante des prises, il faut que le chant incarne la fin du monde.
Et concernant ta phase d’écriture : continues-tu à écouter de la musique pendant cette phase ou t’isoles-tu davantage dans une bulle afin de rester hermétique à des influences extérieures ?
Je m’isole surtout du monde, des gens et de tout les sons parasites qu’ils émettent.
D’ailleurs, combien de temps mets-tu en moyenne à composer un album ?
Ça peut durer une année comme six mois, tout dépend si j’ai le temps d’y travailler tous les jours.
La musique te vient-elle en premier ?
Toujours.
As-tu une trame générale avant de débuter, ou le processus démarre-t-il avec un thème, un riff ou une idée que tu trouves intéressante à creuser et développer ?
Te faire tout sauter à la gueule... C’est vraiment ça qui me pousse à l’écriture, une envie de créer de la sauvagerie, du meurtre, une musique pour les barbares des temps modernes.
Cela commence souvent avec une mélodie principale avant que le reste du morceau s’articule autour de celle ci. Le tout n’est pas de savoir si ça va sonner death ou black ou truc... Mais que le riff sente le soufre, la mort, le diable... bref, le raz-el-hanout de l’Enfer !
Le travail de composition est toujours une étape délicate, surtout pour le premier morceau. Il y a une véritable recherche au fond de soi pour y trouver le plus sombre et le plus haineux afin de le retranscrire musicalement.
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