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SETH

Interview

SETH Entretien avec Heimoth (guitare, composition) et Saint-Vincent (chant) (2024)
Thrashocore s’était entretenu avec cette entité mythique début 2020 (voir l’interview de Jean-Clint), juste après la sortie de leur live « Les blessures de l'âme : XX ans de blasphème ». Leur concert à l’Empreinte (cf. live report) est l’occasion de les retrouver afin qu’ils puissent raconter à nos lecteurs ce qu’il s’est passé depuis, mais aussi présenter le nouvel album qui paraîtra en juillet, ainsi que partager déjà quelques idées à propos de ce qu’ils envisagent pour la suite.


1/ Votre dernier échange avec Thrashocore parcourait votre carrière donc on ne va pas revenir dessus. J’ai juste une question sur le choix du nom du groupe en 1995 pour m’ôter le doute. Était-ce en référence au dieu égyptien ou bien au troisième enfant d'Adam et Ève dans la bible ?

Heimoth : À la base au dieu égyptien mais la confusion possible nous a aussi attirés. Sachant qu’on avait 15-16 ans quand on a décidé le nom et qu’il avait été choisi par le batteur Alsvid qui est toujours dans le groupe.

2/ C’est avec une volonté de retour aux sources dans la continuité de votre 1er LP « Les Blessures de l'Âme » que vous aviez présenté « La Morsure du Christ » il y a 3 ans. Cet album a eu un succès retentissant et s’est retrouvé dans bon nombre de top 2021, dont celui de rédaction de Thrashocore. Outre le côté nostalgique, à quoi pensez-vous que l’on doit son succès ?

Saint-Vincent : Quelque chose d'assez magique s'est passé lors de la tournée pour « Les Blessures de l’Âme : XX ans de blasphème ». On s’était vraiment remis dans l'état d'esprit de l'époque en rejouant ces morceaux ; aussi par l'aspect scénique. On a vraiment ressenti ce retour. La transition et la composition pour « La Morsure du Christ » s’est faite naturellement, je ne vais pas dire sans effort parce qu'on a beaucoup travaillé, mais c'était vraiment évident de le faire dans la continuité du 1er album. Le lien fort entre les deux est assez évident et naturel.
On a demandé à Leoncio Harmr de créer la pochette et dès qu'il nous a envoyé les premiers essais, on était époustouflé, c'était incroyable. C'est exactement ce qu'on voulait, c'était même mieux. On sentait également le potentiel de l’album au fur et à mesure de son avancement, notamment au niveau de l'écriture. On n'imaginait pas qu’il rencontrerait un tel succès mais c’est vrai qu’à toutes les étapes de sa création, on en a toujours été très satisfait et cela se faisait naturellement.
À sa sortie, le côté nostalgie a été une réalité, celle du retour de SETH à ses origines. Une sorte de flash-back du Black Metal de l'époque pour ceux qui l'ont connu ou pour ceux qui voulaient le connaître. Ensuite, il y a des éléments qui nous échappent et que je n'expliquerai pas.

Heimoth : Notre discographie démontre qu’on a toujours sorti des albums musicalement assez riches et différents. Là, c'est la première fois qu'on revenait sur du plus ou moins déjà fait. Mais on n’a pas fait que copier le 1er album, on l’a remis au goût du jour et c'est ça qui fait la force de cet album. On réemprunte aux codes qu’on avait et qui faisaient notre image à l’époque, en ajoutant quelque chose pas forcément de moderne mais avec le recul nécessaire pour produire une composition assez mature.

Saint-Vincent : Ce ne sont plus des adolescents de 16-17 ans qui l'ont écrit, ce sont des personnes un peu plus matures avec quelques années au compteur et avec beaucoup de recul. Et je pense qu'effectivement c'est une grosse force.

Heimoth : C'est vrai que je revois les riffs d'avant et que je cherche à les faire évoluer d'une manière ou d'une autre, tout en restant vraiment dans le même esprit. Donc il y a cette espèce de dialectique qui se met en route dans les compositions du groupe.

3/ Sa thématique majeure réside dans le déclin de la religion chrétienne. Pensez-vous avoir fait le tour de ce sujet ou bien cela constitue-t-il un réservoir d’idées pour de prochains concepts ?

Saint-Vincent : Il y a une inertie de toute façon, la page n’est pas tournée. Rien que dans le nouvel album, la thématique est encore présente, bien que moins mise au premier plan. Même si on ne pourra pas faire deux fois exactement la même chose, il pourra y avoir, selon l’inspiration, des textes associés à ces thématiques à l’avenir. Car encore une fois, cette chute de la religion est durable dans le temps et elle va inspirer forcément d’autres paroles.

4/ On y trouve des textes rédigés en alexandrins ainsi que des petits clins d’œil à l’œuvre de Baudelaire. Qu’est-ce qui avait lancé Saint-Vincent dans une démarche si poétique ?

Saint-Vincent : Tout d’abord, il me paraissait évident qu'il fallait des paroles en français. Ensuite, par rapport au 1er album « Les Blessures de l’Âme », je voulais un élément différentiateur dans le fond et aussi dans la forme, comme on a pris de l'âge et acquis de l'expérience. Je voulais me donner un niveau d'exigence supérieur avec une contrainte et donc tout écrire en alexandrins, ce qui a été un exercice très difficile et très enrichissant. Très motivant aussi car composer ou créer quelque chose sous contrainte est très stimulant. Et cela permettait de revenir à l'essence de SETH tout en se démarquant des paroles du passé.
Par ailleurs actuellement en dehors de la scène Metal, on peut écouter des textes en français d'une pauvreté affligeante. Et j’avais aussi cette volonté de rédiger en alexandrins pour me mettre en opposition à cela. C'est une façon de montrer qu’on peut encore garder un lien avec le classicisme, ou tout du moins lui rendre hommage. Cela étant, ça vaut ce que ça vaut, je ne me compare pas à Baudelaire, Apollinaire ou à Corneille.
Quant à l'inspiration Baudelaire, c'est tout simple : il s’agit du 1er livre de ma vie que je me rappelle avoir lu (j’ai dû lire d'autres choses avant mais c’est le premier dont je me souviens). C’était « Les Fleurs du Mal », qui était sur la bibliothèque de ma mère. Le titre m'intriguait beaucoup et à l'époque je ne comprenais pas, c'était quelque chose de juste magique et mystérieux. Bien sûr, cela demande de grandir un petit peu pour entrer dans les finesses et apprécier complètement l'œuvre. Mais ça m'a forcément marqué et je voulais donc faire un hommage. En plus, je trouvais que les thématiques baudelairiennes étaient assez proches de ce que je voulais écrire par rapport à la thématique de cet album, donc ça m’a paru assez naturel. Après ce ne sont que des allusions dans « La Morsure du Christ » : au poème « Le voyage » sur la chanson « Les Océans du Vide », au texte « Le Vampire » naturellement (qui est aussi une thématique sur « Les Blessures de l'Âme ») qui m'a inspiré pour « L’Hymne au Vampire III », et bien sûr sur « Le Triomphe de Lucifer », plus ou moins inspiré du poème « Les Litanies de Satan ». La référence à Baudelaire continue dans le nouvel album « La France des Maudits » puisque le premier morceau « Paris des Maléfices » lui rend directement hommage, de façon évidente et sans détour ; c'est une façon de clôturer.

5/ Vous avez défendu cet album dans 14 pays. Quelles scènes vous ont le plus marqués ?

Heimoth : En faisant référence à notre dernière tournée de septembre dernier, on a eu des très bonnes dates en Hongrie et en Pologne. Ça fait du bien de découvrir certains pays dans lesquels on n’avait jamais joué auparavant. En fait, on n’a pas énormément tourné. On a commencé à vraiment le faire seulement à partir de 2013-2014, après la sortie de l’album « The Howling Spirit », et avec PESTILENCE. Depuis, on a un peu plus pris le temps de jouer et on a apprécié les pays de l’Europe centrale. On a aussi fait une bonne date en Angleterre, c’était vraiment bien, pas mal de bons retours là-bas. En Allemagne, c’est toujours sympa aussi.

Saint-Vincent : On a aussi toujours un très bon retour du Québec et c'est toujours une excellente expérience de se produire là-bas. On y était pour le festival « Messe des Morts » et l’expérience est vraiment très bien, tant au niveau de l'organisation, de l’accueil que des autres groupes. Le lieu également : le « Théâtre Paradoxe », une église désacralisée vraiment super, qui a servi d'ailleurs pour une photo prise là-bas et utilisée comme pochette du live « Les Blessures de l’Âme : XX ans de blasphème ».

6/ Avec du recul sur « La Morsure du Christ », vous étiez vous dit que certains éléments devraient être abordés différemment pour son successeur ?

Heimoth : Avec « La Morsure du Christ », je m’étais dit que j’allais faire un peu plus agressif que « Les Blessures de l'Âme ». Mais pour préparer « La France des Maudits », il n’y a rien de spécifique que j’ai voulu aborder de façon différente par rapport à « La Morsure du Christ » qui, je pense, est un album qui tient bien la route. On en est vraiment tous content sein du groupe et il n’y a pas de critique évidente qui ressort. Je dirais que le nouvel album est une suite, c'est un peu comme un numéro deux de « La Morsure du Christ ». Je le trouve peut-être un peu plus épique, légèrement plus long. Il y a une instrumental au milieu, donc je pense qu'il est un peu plus posé. Sinon, je dirais qu’on retrouve tous les éléments de la « La Morsure du Christ » effectivement mais ce n'est pas à moi de dire.
Après c’est toujours pareil, on a cherché à améliorer la production, sur le son de batterie par exemple, des détails très techniques en réalité.

Saint-Vincent : C’est la continuité de ce que je disais tout à l'heure, à savoir qu’on a été satisfait pendant tout le processus de création, donc on n'a pas développé de regret ou quoi que ce soit. Quant aux paroles, j'ai écrit en alexandrin encore une fois. La thématique évolue mais j'ai voulu réitérer le même exercice globalement.

7/ Hormis votre participation au Re-Animator Festival du 24 mai, c'est ce soir à Savigny-le-Temple, près de Melun, que vous clôturez le cycle de concerts célébrant « La Morsure du Christ ». Or vous aviez commencé sa promotion par la diffusion de photos prises à l'Abbaye Royale Notre-Dame-du-Lys, également près de Melun. Une impression de boucler la boucle avant de passer à la prochaine étape ?

Heimoth : C'est pas faux et c’est effectivement une très bonne remarque, on boucle donc la boucle géographiquement. Peut-être n’y a-t-il pas de hasards ? Voilà, on aura laissé notre empreinte dans cette région.

8/ « Paris des Maléfices », le morceau d’ouverture de « La France des Maudits », débute par des chœurs féminins, comme c’est le cas à la fin du titre « Le triomphe de Lucifer » qui clôture « La Morsure du Christ ». Est-ce une transition pour affirmer une volonté de continuité ?

Heimoth : C’est déjà un lien à Marianne qui est de toute évidence une figure très importante dans l’album au regard du concept révolutionnaire. On voulait en outre laisser une part plus importante aux voix féminines et à l'importance de la femme, à l'image et à l'iconographie de la femme dans cet album, sans être me too pour autant. Ça a aussi enfin rapport à Marianne Séjourné (« LSK »), notre amie défunte.

9/ Peut-on considérer ce nouvel album comme « Les Blessures de l’Âme III » ?

Saint-Vincent : On ne le décrit pas comme ça et « Les Blessures de l’Âme » s'estompent malgré tout avec le temps, mais c'est dans la continuité directe au niveau des paroles ; alors pourquoi pas ? En plus, il y a plusieurs références cachées aux « Les Blessures de l’Âme », et pas toujours cachées d'ailleurs.

Heimoth : Peut-être au niveau lyrique mais musicalement, je n’aurais pas pu composer « La France des Maudits » dans la foulée de l’album « Les Blessures de l’Âme » sans toute l’influence des disques qu’on a sortis entre temps. Je pense que l’évolution est trop importante pour dire que c'est un numéro trois.

10/ On parlait tout à l’heure de la 5ème piste, « Marianne », un instrumental que je trouve magnifique. Faut-il voir dans ce retour à un titre instrumental un nouveau clin d’œil à celui de votre premier album (la composition « Dans Les Yeux Du Serpent ») ?

Heimoth : Oui, ce n’est pas faux. Je voulais en fait déjà avoir un instrumental sur le précédent album mais ça ne s'était pas fait pour différentes raisons. Je voulais aussi mettre pas mal de guitares acoustiques mais on a finalement mis davantage l'accent sur les guitares clean que sur de l’acoustique.

11/ Le choix de le positionner au milieu de l’enregistrement, c'était pour créer un espace de respiration entre des titres plus agressifs ?

Heimoth : Ça permet d'aérer un album comme cela se faisait beaucoup dans les années 90. Ça marque une pause, bien que le morceau d'avant (« Dans le Cœur un Poignard ») marque aussi une pause comme il est assez slow tempo. Clairement dans cet album-là et contrairement aux précédents, on a une pause qui permet de scinder un avant et un après.

12/ En plus de nombreuses ambiances de clavier et de guitare classique, on peut entendre de la viole de gambe sur « La Morsure du Christ » (notamment dans « Les Océans du Vide »). Avez-vous encore utilisé des instruments peu conventionnels pour votre nouvelle sortie ?

Heimoth : On a remis de la viole de gambe au moins deux fois : sur le premier titre « Paris des Maléfices », également sur le sixième, « Ivre du Sang des Saints ». On a cherché à aller un peu dans cette direction-là, on a passé beaucoup de temps avec Pierre le Pape (NdlR : le claviériste) pour sélectionner des sons un peu plus renaissance ou bien XVIIIème / XIXème siècles mais ça n'a pas marché. On voulait en mettre plus mais ça ne le faisait pas au niveau sonore. On a essayé du clavecin mais le son était beaucoup trop connoté. Donc même si ça aurait marché conceptuellement parlant, on n’était pas convaincu. Ça peut tomber directement dans quelque chose de très marqué et dans lequel on ne veut pas tomber musicalement.

13/ Après le déclin de la religion, il semble que vous abordiez cette fois le thème de la révolution. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Saint-Vincent : Le thème est ce qui suit le déclin de la religion et ce qui remplit le vide qui a été créé. Toutes les personnes, tous les parias qui étaient rejetés par l'ordre précédent peuvent prendre un espace de liberté et de puissance. L'album précédent se terminait par « Le Triomphe de Lucifer » et là, on en a vraiment une incarnation. En effet dans la continuité de la chute de la spiritualité, on trouve la destruction des reliques, des personnes qui détruisent les restes, c'est « Le crépuscule des idoles » si je peux dire, pour faire une petite référence nietzschéenne. Et donc ils détruisent tout ce qui reste de l'ancien temps et des anciennes idoles avec cette idée de nouveaux pouvoirs. C'est pour ça qu’on a utilisé au niveau des thématiques et au niveau visuel le parallèle avec la Révolution, puisque c'est la période française qui correspond justement à ce basculement. La Révolution est venue naturellement par rapport à la thématique, comme étant le matériel idéal pour donner des codes graphiques et conceptuels autour de cette prise de pouvoir, finalement amenée par la lumière de Lucifer. Si on reprend « Les Litanies de Satan, c’est dans cette idée-là que pour toutes les personnes rejetées, il est temps de se venger, de prendre le pouvoir. C'est cette idée de rejet du pouvoir en place, quel qu'il soit d'ailleurs.

14/ Ce sont eux les « maudits » ?

Saint-Vincent : Les maudits, ce ne sont pas des personnes en particulier mais tous ceux qui se sentent eux-mêmes maudits, tous ceux qui se sentent rejetés. Ils peuvent avoir des personnalités ou des profils extrêmement différents, ce sont des gens qui se sentent rejetés par la majorité et oppressés par la pensée ambiante. Des gens en marge, qui ne sont pas d'accord avec ce qui se passe et qui qui veulent se rebeller, quels qu'ils soient. C'est ça les maudits. Par rapport à la chute de la spiritualité : il y a eu un dogme, une pensée globale et un ordre établi qui se sont écroulés et ceux qui étaient rejetés prennent le pouvoir.

15/ C’est l’observatoire de Meudon en région parisienne qui orne la pochette de « La France des Maudits » et qui est également l’endroit dans lequel se déroule l’histoire filmée pour le clip « Et que Vive le Diable ! » Qu’est-ce qui vous a fait choisir ce lieu ?

Heimoth : On voulait, un édifice du XVIIIème siècle donc ça restreignait déjà pas mal le choix. Ça a été très compliqué, pour des raisons tant pratiques que conceptuelles. On voulait aussi un endroit accessible, sans trop de monde, vaste, éloquent et avec la possibilité d’obtenir une autorisation d'accès. Il y a eu des choix précédents qui n'ont pas marché et je pense que celui-là, ça a vraiment été le bon choix, on n’aurait pas pu avoir mieux.
Pour l’anecdote, on était en plein hiver et ce jour-là était très certainement la journée la plus froide de l'année. C’est donc dans ces conditions très délicates qu'on a réalisé ce clip et ça n’a pas toujours été évident.

16/ « Et que Vive le Diable » est une vrai réussite, c’est une chanson immédiatement mémorisable. Quels sont les secrets de sa composition ?

Heimoth : Elle a été composée de la même façon que les autres. La composition, c'est comme une recette, il faut savoir mettre les ingrédients en fonction de ce que tu veux obtenir, afin de construire en vue d’atteindre un but précis. Ce n’est pas facile car ça sonne parfois de façon différente de ce que tu avais pensé. Pour répondre à ta question, il n’y a pas de secret et c'est compliqué. Ça ne se fait pas en claquant les doigts, il faut passer du temps.

17/ Le clip qui illustre ce 1er single met en scène un prêtre qui se fait doubler par Satan et qui finit par la guillotine. C’est en ligne avec l’imagerie de SETH mais à une époque du politiquement correct et après avoir mis en avant Notre-Dame en train de brûler, on peut se demander si vous avez reçu des plainte ?

Saint-Vincent : C’est vrai qu’on a utilisé l'imagerie révolutionnaire et l'imagerie du Black Metal mais je pense qu’à notre époque, une église qui brûle ou cette image de prêtre décapité, tout le monde s'en moque. Je ne pense pas qu’on ait eu des plaintes.

Heimoth : Ce qui pourrait être un peu controversé, c'était peut-être la présence du drapeau national vu qu’en France on passe notre temps à cracher dessus. Mais bon, c’est un clip clairement fait dans le concept et l’idée révolutionnaires, voilà.

Saint-Vincent : Au niveau des paroles pour « Et que Vive le Diable », c'est vraiment très simple et très basique. Ma volonté était de me remettre dans le contexte d’un morceau de Black Metal qu’on peut écrire quand on a 15-16 ans. Ce que je ne trouve pas du tout péjoratif, au contraire, parce que c’est généralement à cet âge que commence l’attrait pour le Black Metal. Cela correspond à un moment de découverte d’une nouvelle vie, d’un nouveau monde alors qu’on vit encore chez ses parents et qu’on ne sait que ce que l’on nous a appris. Et d’un seul coup, on découvre le Black Metal, on se dit « qu'est-ce que c'est que ces tarés, c'est quoi ce truc de de malade ? » Ça paraît tellement fou et extrêmement impressionnant, surtout quand on est jeune. Voilà, j'ai voulu me remettre dans la tête de quelqu'un de jeune et qui, dégouté par la vie, voit une opportunité de changer complétement et de rentrer dans une passion très forte, c'est ça l'histoire.
Quant au clip et sa trame, elle est très simple également. Elle représente une jeune femme oppressée par un prêtre, ce qui signifie oppressée par une vie avec des codes qu’on lui a inculqués et dans laquelle elle n’est pas à l'aise. Ensuite, on lui propose un pacte avec le diable et de signer de son sang. Avec le diable, tout est possible, il y a une folie, une intensité qui va tout changer, tout. Tu vas effacer et brûler tout ce qui existait avant, d’où la guillotine qui décapite le prêtre. C'est fini, tu es libre et tu mets tout ça derrière. À la fin, elle revient habillée de noir en tenant la tête du prêtre qui symbolise tout ce qu’elle a rejeté.
Cela symbolise donc aussi un petit peu les débuts, quand on se met à écouter du Black Metal. On change de fringues au tout début, on change d'habitude, on devient complètement malade du Black Metal, on écoute ça du matin au soir, tout change. C'était vraiment cette dimension, qui peut paraître puérile mais qui est important pour moi puisque c'est l'impulsion première que j'ai voulu mettre en illustration dans les paroles. Le clip présente ceci de façon un peu imagée.

18/ « La Morsure du Christ » et « La France des Maudits » ont été enregistrés au même endroit (Studio Sainte Marte), mixés par la même personne (Francis Caste) et ils sont tous les deux estampillés Season of Mist. Si j’ajoute que le line-up est resté identique, on peut dire que vous avez trouvé l’équipe idéale. Est-ce sous cette même configuration que vous envisagerez la suite ?

Heimoth : J'imagine, parce que ça se passerait très bien, notamment au niveau de la production. SETH n'a jamais eu un aussi bon son que ces dernier temps. C'est évidemment lié aux nouvelles technologies, mais je pense que c'est aussi un rapport humain assez évident avec Francis Caste qui arrive à facilement comprendre les demandes. J’ai rarement travaillé avec un ingé son aussi facile. Donc oui, j'imagine que c'est très fort probable qu'on continue avec ces personnes, même si l’inconvénient est une linéarité qui peut aussi paraître à force un peu redondante. Mais bon, au moins ça nous plaît.

19/ « La Morsure du Christ » avait vu le retour de l’« Hymne au Vampire » avec son Acte III. La liste des pistes du nouvel album ne fait pas figurer de n° IV. Était-ce uniquement en 3 actes ou bien vous réservez-vous la possibilité de revenir avec un IV pour une future production ?

Saint-Vincent : Il était extrêmement important pour moi de faire un numéro III pour « La Morsure du Christ » puisqu'il y avait déjà le I et le II dans notre 1er album. Donc c'est déjà un enchaînement fort et en plus, c'est dans le refrain de ces morceaux là qu’on peut entendre les mots « Les blessures de l'âme » qui sont chantés. Comme on revient, c’était évident qu’il fallait un III, c'était immanquable.
En mettre un 4ème, puis un autre sur chaque nouvel album, ça tournait peut-être trop à la farce. Après qui sait, tout est possible dans le futur si l'inspiration et le concept s'y prêtent. Pourquoi pas ?

20/ Plusieurs groupes de Black Metal français reprennent de la variété ou de la pop. Vous aviez vous-même livré votre version de « Behind The Wheel » de DEPECHE MODE sur « War Vol. III », le split avec CULTUS SANGUINE. Peut-on à nouveau à l’avenir s’attendre à ce type de reprise ?

Saint-Vincent : Oui car il y a en titre bonus du nouvel album une reprise d'une chanson française de Serge Gainsbourg : « Initials B.B. ». On voulait reprendre un morceau connu avec une stature un peu internationale et c'est tombé sur celui-là

Heimoth : Il faut voir ce qui est reprenable aussi parce que comme on fait du Metal, il faut quelque chose d'assez musical. Avec cette exigence, cela enlève beaucoup de choses en variété française car c'est généralement très vocal. Celui-là est très instrumental et étant donné qu'on a une forte présence de synthétiseurs dans le groupe, cet air d’Antonín Dvořák (compositeur auquel Gainsbourg a emprunté sa musique pour créer sa chanson) nous a inspiré et ça collait bien.

21/ Heimoth, tu as dit « L'absence de mystère causé par les nouvelles technologies tue l'essence même du Black Metal à petit feu. Il faut constamment se montrer, ce qui est une erreur ». Comment arrives-tu à conserver la part de mystère de SETH tout en faisant la promotion de l’album ?

Heimoth : C’est une bonne question. Déjà, en faisant des interviews non filmées, comme maintenant. Je suis d’humeur assez réservée donc c'est vrai que je me sentais bien dans l’esprit du Black Metal des années 1990. Maintenant, c'est toujours la course à l'affichage, le côté spectacle et mise en scène permanente. Mais bon, ce sont les codes de la promotion actuelle...
Je ne suis d’ailleurs pas du tout convaincu que cela fasse plaisir à la majorité des artistes, peut-être les plus jeunes ? Je pense qu'il y a un clivage générationnel qui est souvent sous-estimé au sein même du Black Metal.

Saint-Vincent : Ça fait chier tout le monde, sauf peut-être les jeunes, c'est juste quelque chose de générationnel parce que les jeunes ont grandi là-dedans et trouvent ça génial. Et puis je pense que les jeunes souffrent s'ils sont exclus de cet espace d'interactions. Alors que nous, on voit très bien que c'est grotesque, que cet étalage d’indécence et de manque d’intimité n'ont aucun sens ; c'est désespérant. Mais c'est la marche du monde.
C'est moche parce que les côtés magie et occultisme qui constituent l'essence même du Black Metal sont extrêmement importants et ont donné sa différenciation avec le Death Metal. Comme l'a dit Heimoth, cela repose sur le mystère.

22/ D’ici sa sortie le 14 juillet, peut-on déjà précommander « La France des Maudits » ?

Heimoth : Oui, bien sûr, les liens sont sur le dernier single. Également sur le nouveau qui va sortir lundi 20 mai (NdlR : l’interview a eu lieu le 17 mai) : « Dans le Cœur un Poignard ». C’est un morceau assez atypique comparé à ce qu’on fait d’habitude. Il est beaucoup plus mid tempo, des fois on en rit en disant que c'est un peu le slow de l'album, mais ce n’est pas faux et je pense que c'est un très beau morceau ; j'en suis très fier. Il marche moins sur le riff, plus sur l'ambiance et l’atmosphère assez pesante. Son clip est joliment fait aussi.

23/ J’en profite pour prendre des nouvelles des autres groupes dans lesquels vous êtes impliqués…

Heimoth : SINSAENUM est en train de boucler son nouvel album. On est en train d'écouter les derniers mixages, après je sais pas du tout quand il va sortir. Mais c'est en route, ça faisait longtemps et c’est plutôt une bonne nouvelle.

Saint-Vincent : Quant à BLACKLODGE, c’est très long. On a enregistré un album il y a un ou deux ans maintenant, après une absence de plus de 10 ans. Le nouvel album est là mais tout est lent dans la finition du mix. Il est mixé encore une fois par Tore de NECROMORBUS en Suède et il travaille pour WATAIN et pour MAYHEM, il est débordé, c'est compliqué. Et le problème avec BLACKLODGE, c'est que on ne peut pas tout faire en une session de 2-3 semaines parce qu'il y a tellement de samples et de sons différents que ça sature et on perd le fil. Il faut faire ça au compte-goutte si je puis dire, pour avoir du recul. Mais ça sortira tôt ou tard, j’y travaille.
J'ai également enregistré un album avec un vieux groupe de Black Metal français du tout début des années 2000. Il s'appelle GOATLORD CORP. et il inclut des ex-membres de MERRIMACK, d’ARKHON INFAUSTUS, etc. J'ai fait le chant sur cet album qui va sortir prochainement (j’attends la date).

24/ Est-il prévu des événements particuliers l’année prochaine afin de célébrer vos 30 ans d’existence ?

Heimoth : Merci de l’avoir relevé. Oui, ça m’a traversé l’esprit : 2025 ou début 2026 peut-être, on verra.

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