Sonisphere 2011 - Deuxième Jour

Réveil à 9h après une courte nuit vu le bruit ambiant (un fest metal quoi!). J'apprends par un gentil festivalier rencontré à un pylône pendant le chargement de l'indispensable portable qu'il existe une pré-fosse devant la grande scène et qu'il faut s'y trouver dès l'ouverture pour obtenir un beau bracelet. Intéressant... 12h, direction le site, et après une nouvelle exploration du merch (pas grand chose au final) et un repas rapide, je me place dans l'une des deux queues d'attente pour l'ouverture de la zone des scènes. La queue la plus éloignée et vu le monde à la première, je me dis que ça va être compliqué pour atteindre la pré-fosse avant la barre fatidique des 2000 spectateurs (estimation moyenne selon les dires de plusieurs personnes). 14h10, les barrières s'ouvrent, les taureaux sont lâchés! S'ensuit une escalade à l'arrache des "escaliers" et un sprint de malade vers la scène Appolo. Les gens s'entassent, tout le monde est écrasé et je crois bien mourir étouffé. La sécu plie mais ne rompt pas. Finalement, j'arrive à entrer! Une fois tout le monde à l'intérieur, on peut ressortir et décrocher, non pas un bracelet cette fois, mais un bout de papier qu'il faudra redonner aux vigiles à chaque passage. Ça, ça sent l'organisation à l'arrache! Pas grave, j'ai mon précieux sésame, je pourrais donc voir METALLICA au plus près!


MASS HYSTERIA (14h55-15h25, scène Saturn)

Troisième groupe français de l'affiche et de loin le pire. MASS HYSTERIA est un vieux de la vieille mais ça ne change rien au fait que musicalement, ça suce à mort. Ou disons que ce n'est absolument pas mon truc. Le truc, c'est de la fusion, purement rythmique donc. Plutôt efficace en live mais à l'intérêt musical proche du néant. Mais s'il n'y avait que ça... avec ses discours de gauchos démagos (vive l'amour et la révolution, tous unis, fuck la politique), le groupe avait plus sa place à la fête de l'Huma! Pour couronner le tout, on aura même le droit à un hommage à Patrick Roy, "président du metal français" (facepalm)! Le groupe a toutefois eu le mérite de faire bouger le public (globalement assez mou pendant tout le fest). Le frontman Mouss n'hésite pas ainsi à prendre un bain de foule, à lancer le plus gros circle pit du fest ou à organiser un grand braveheart. C'est déjà ça. Le meilleur moment? Quand le groupe joue quelques secondes de "Creeping Death" à la fin!

Setlist MASS HYSTERIA:

Contraddiction
Une Somme De Détails
World On Fire
Plus qu'Aucune Mer
L'espoir Fou
P4
Furia


DIAMOND HEAD (15h25-15h55, scène Appolo)

Rhaa putain que ça fait plaisir! Certes il n'y a plus que le guitariste Brian Tatler (au visage très marqué, le bonhomme a mal vieilli) comme membre d'origine mais entendre des classiques comme "Sucking My Love", "Helpless" ou le gigantesque "Am I Evil?" (et son solo d'anthologie, j'en bande encore!) joués par le vrai groupe qui les a composés a suffi à mon bonheur. Rappelons que DIAMOND HEAD a sorti aux débuts des années 1980 deux albums géniaux, du NWOBHM de grande classe, et que les Britanniques ne sont ni plus ni moins qu'une des plus grandes influences de METALLICA. Le combo a connu un parcours beaucoup plus chaotique par la suite mais ces morceaux font partie de la légende et même si le "nouveau" chanteur, le freluquet Nick Tart, manque un peu de coffre, il possède un timbre similaire à celui de Sean Harris et se remue bien. Un grand moment malheureusement trop court.

Setlist DIAMOND HEAD:

It's Electric
Give It to Me
The Prince
Sucking My Love
Helpless
Am I Evil?


LOUDBLAST (16h-16h40, scène Saturn)

Le dernier groupe français et le seul combo extrême du fest. Pas de bol pour moi, je ne connais rien de la bande de Stéphane Buriez! Et ce n'est pas le son calamiteux pendant toute la première moitié qui va m'aider à apprendre. Par chance, le son deviendra bien plus audible par la suite, notamment sur les morceaux du nouvel album Frozen Moments Between Life And Death ("Emptiness Crushes My Soul", "Neverending Blast") qui m'ont paru plus mélodiques et mémorables que les autres. Du coup, le show de LOUDBLAST prend une autre dimension et le public a plutôt bien accueilli l'un des pionniers de la scène death/thrash nationale.


ANTHRAX (16h50-17h35, scène Appolo)

Ça y'est, c'est parti pour le Big 4! On commence par le maillon faible, ANTHRAX, le seul côté du carré magique que je connais mal et qui de toute façon ne m'intéresse pas. Le thrash bermuda des New-Yorkais, plus porté sur le groove que sur l'agression et la vitesse, me laisse en effet de marbre. Je reste malgré tout curieux et fait demi-tour vers la grande scène. Hé bien j'ai bien fait puisque le concert est mieux passé que ce que je pensais. La voix aux influences heavy de Joey Belladonna, notamment, m'encourage à rester. Tout comme le nouveau titre, "Fight 'Em 'Til You Can't", très efficace sur les planches, ainsi que le son satisfaisant. Scott Ian est lui resté à la maison auprès de sa femme et de leur nouveau-né et c'est Andreas Kisser de Sepultura, tout heureux, qui remplace le chauve. Le Brésilien assure et en signe de remerciement, ANTHRAX nous offre un début de reprise de "Refuse/Resist". Moment fort sympathique salué par la foule qui a semble-t-il apprécié la performance vu les retours. Les Américains n'auront jamais mes faveurs mais honnêtement, je m'attendais à me faire chier, ce qui n'a pas été le cas.

Setlist ANTHRAX:

Caught In A Mosh
Got The Time (Joe Jackson cover)
Madhouse
Antisocial (Trust cover)
Indians
Fight 'Em Till You Can't
Only
I Am The Law


VOLBEAT est le nouveau groupe à la mode mais le gangsta Elvis metal, très peu pour moi! De toute façon, tout ce qui joue entre les groupes du Big 4 est à éviter. Pas grave, ça permettra d'enchaîner tous les groupes du carré magique!


SLAYER (18h50-19h45, scène Appolo)

Avec SLAYER, c'est un coup oui un coup non en ce qui me concerne. Si le concert des Californiens en mars dernier avec MEGADETH au Zénith m'avait redonné espoir en la formation, celui-ci m'a semblé bien insignifiant. Peut-être en raison de mon éloignement de la scène (je me réserve la pré-fosse pour MEGADETH et METALLICA) mais pas seulement. SLAYER est venu, a joué mais je n'ai senti aucune passion. Ils ont fait le boulot, point barre. Araya, par exemple, m'a paru très distant, pas du tout impliqué dans ce rassemblement historique. Heureusement que Gary Holt a mis plus d'énergie dans sa prestation. Rien à redire sur la setlist, version écourtée de celle du Zénith, ou sur le son plutôt correct mais rien n'y fait, je ne rentre jamais vraiment dans le set à part sur les plus posées "Mandatory Suicide", "South Of Heaven" et "Dead Skin Mask" qui me font toujours de l'effet. Pas suffisant toutefois pour un concert qui ne fera pas partie des meilleures prestations de SLAYER.

Setlist SLAYER :

Disciple
War Ensemble
Hate Worldwide
Postmortem
Dead Skin Mask
Snuff
Dittohead
Mandatory Suicide
Chemical Warfare
South Of Heaven
Raining Blood
Black Magic
Angel Of Death


PAPA ROACH?! Ca existe encore ça?! Vous ne m'en voudrez pas si je vais me placer dans la pré-fosse pour un de mes groupes préférés!



MEGADETH (20h50-21h50, scène Appolo)

Wow, être dans la pré-fosse change tout! Non seulement elle n'est pas blindée mais il suffit de se mettre un peu en retrait des premiers rangs qui s'entassent sur les barrières pour avoir une vue globale de la scène. Je sens que je vais me régaler! Dans le mille, Émile! Encore plus jouissif qu'au Zénith où MEGADETH avait déjà donné un véritable récital! Ici c'est la même mais en mieux avec l'un des son les plus propres que j'ai jamais entendus. On pouvait même retirer ses bouchons! Seul reproche, Mustaine à la dérive au chant à plusieurs reprises ("A Tout Le Monde" carrément massacré à ce niveau) et dont la coupe de cheveux ne s'améliore pas. Sinon, concert parfait et setlist énorme, très proche de celle du Zénith avec un petit bonus: un nouveau morceau, le très bon "Public Enemy N°1" qui annonce un nouvel album, TH1RT3EN, très prometteur. Pas une surprise de toute façon, MEGADETH est le groupe du Big 4 qui s'en sort le mieux sur ses dernières offrandes. À l'image d'un Chris Broderick, au risque de me répéter, au jeu d'une fluidité et d'une facilité impressionnantes. Rha ces solis sur "Hangar 18" ou le final "Holy Wars", un putain de régal! Dommage qu'ils n'aient pas remis "Tornado Of Souls" par contre mais je chipote! Le public est aux anges et on les comprend car les MEGADETH, conscients, eux, de l'enjeu et de l'attente des fans, ont su tenir leur rang en donnant un de leurs meilleurs concerts!

Setlist MEGADETH

Trust
In My Darkest Hour
Wake Up Dead
Hangar 18
Poison Was The Cure
Sweating Bullets
Public Enemy No. 1
Head Crusher
A Tout Le Monde
Symphony Of Destruction
Peace Sells
Holy Wars... The Punishment Due


Je n'aurais pas été contre aller voir TARJA mais j'avais plus important à faire: poireauter pour attendre METALLICA!


METALLICA (23h15-01h30, scène Appolo)

Après tout, les Mets sont l'unique raison de ma venue au Sonisphere. Sans eux, je n'aurai même pas songé à me déplacer. Et pour cause, METALLICA reste quoiqu'il arrive mon groupe fétiche mais je ne les avais pas vus depuis 7 ans et un concert mythique au Parc des Princes. Je me re-place au même endroit que pour MEGADETH, dans la pré-fosse un peu en retrait afin de bénéficier d'une vue optimale. On approche de l'heure fatidique, la sono enchaîne du Metal Church, du Judas Priest et du Iron Maiden pour chauffer un public de toute façon déjà à bloc malgré la fatigue que l'on peut lire sur les visages. Un quart-d'heure après l'horaire prévue, les écrans géants diffusent ce qu'on attendait tous: des images de Le Bon, La Brute et Le Truand sur la musique de "The Ecstasy Of Gold" d'Ennio Morricone. Soit l'introduction de tout concert des Californiens depuis de longues années. Puis rien de moins que... "Hit The Lights", le premier titre de Kill 'Em All! Le set sera old-school ou ne sera pas! Seul un titre du dernier album Death Magnetic ("All Nightmare Long" qui passe d'ailleurs plutôt bien malgré une longueur excessive) et un seul de Reload ("Memory Remains" sur lequel le public doublera les "la la la" de Marianne Faithfull, grand moment qui m'a collé la chair de poule, à égalité avec le refrain légendaire de "Seek & Destroy"!). Pour le reste, que des oldies avec même quelques raretés comme "The Shortest Straw", implacable, et un gigantesque "The Call Of Ktulu" qui nous fera passer dans une autre dimension, une dimension où seul METALLICA est capable de nous emporter. Parce qu'au-delà d'une setlist grandiose (j'aurais toutefois préféré qu'ils virent "Enter Sandman" plutôt que "Nothing Else Matters"), un show de METALLICA est une expérience unique. Le placement sur la scène (dont l'arrière est surélevée et accessible par une petite montée de chaque côté de la batterie) est parfait, chaque geste semble savamment pensé et répété depuis des semaines. Alors peut-être que tout ça manque de spontanéité mais on n'est plus dans les années 1980. METALLICA est une machine extrêmement bien huilée et d'un professionnalisme exemplaire. Et James Hetfield reste un des plus grands frontmen qui soient, et qui a tout compris à la communication avec le public. Son jeu de guitare rythmique est toujours aussi nickel et son chant se fait puissant et maîtrisé. Kirk Hammett lui déroule ses solis comme sa collection de guitares. Quelques pains à signaler mais rien de grave et surtout rien de comparable avec un Lars Ulrich qui a un peu pédalé dans la soupe, faisant grincer des dents tout le monde sur le passage à la double de "One", joué pourtant à la perfection jusque là, avec même un feu d'artifice sur l'intro! Mais on lui pardonne au Lars, lui qui garde sa joie d'antan. Le jeu de Robert Trujillo, la pièce rapportée, est quant à lui toujours aussi à part. Il joue presque sur les genoux en faisant des grimaces simiesques mais le bonhomme fait le boulot plus qu'honorablement. Je regretterais cependant de n'avoir jamais vu le groupe avec Jason Newsted qui me semblait plus charismatique.

Effets pyrotechniques, gros ballons noirs flanqués du logo du groupe dans la pré-fosse, troisème écran géant à la place du backdrop, son énorme (basse parfois trop vrombissante néanmoins)), setlist old-school de folie, prestation impressionnante menée de main de maître par un James Hetfield en grande forme: le concert prend des tournures d'événement inoubliable. Après le sempiternel "Enter Sandman", les lumières ne se rallument pas. Les raodies installent d'autres amplis. Tout le monde sait que le moment est arrivé: le jam du Big 4! Grosse déception malheureusement, MEGADETH et SLAYER ne seront pas de la fête pour cause de concert le lendemain. Les gars d'ANTHRAX sont bien là eux, avec en plus un invité spécial, Brian Tatler de DIAMOND HEAD, un featuring que j'espérais de toutes mes forces et qui compense un peu l'absence de la moitié du Big 4. Nouvelle déception par contre, pas de "Am I Evil?". Au lieu de celà, un "Helpless" bien sympathique tout de même, dédicacé au guitariste britannique sans qui METALLICA n'existerait probablement pas, dixit Lars. Le temps de souhaiter un joyeux anniversaire à Frank Bello, les invités se retirent pour laisser le soin à METALLICA d'achever tout le monde sur un doublé "Damage Inc."/"Creeping Death" imparable. Les Californiens viennent de donner un concert mémorable de plus de 2h mais ne semblent pas pressés de s'en aller puisqu'ils remercieront la foule de longues minutes durant et lui distribueront médiators, baguettes et bracelets éponge avant finalement de laisser 40 000 personnes des étoiles plein les yeux.


Setlist METALLICA

Hit the Lights
Master of Puppets
The Shortest Straw
Seek & Destroy
Welcome Home (Sanitarium)
Ride the Lightning
The Memory Remains
All Nightmare Long
Sad But True
The Call of Ktulu
One
For Whom the Bell Tolls
Blackened
Fade to Black
Enter Sandman

Rappel:

Helpless (feat. Anthrax et Brian Tatler de Diamond Head)
Damage Inc.
Creeping Death


Le Sonisphere s'achève donc sur ce concert d'anthologie qui aura mis tout le monde d'accord. METALLICA reste à jamais au-dessus du lot. Je n'en attendais pas moins d'eux de toute façon! L'heure est désormais au bilan.


Bilan

Points positifs

- Metallica
- l'impression de faire partie de l'histoire, d'assister à un moment historique même si l'affiche du Big 4 aurait eu bien plus d'impact il y a 25 ans
- site du Snowhall sympathique, avec une zone des scènes aux légers dénivelés qui permettaient de voir un peu les groupes même à 100m
- horaires respectés à la lettre
- un son très correct dans l'ensemble
- Metallica
- nourriture variée, pas trop chère et plutôt bonne
- le système de pré-fosse dont beaucoup se plaignent (une habitude française) mais qui a permis aux courageux de profiter pleinement des concerts
- peu de bouffons déguisés
- de très bons concerts
- entrées rapides sans trop de queue
- j'ai dit Metallica?!

Points négatifs

- une affiche timide par rapport aux autres pays (hors Big 4)
- pas de parasol au-dessus des bancs au deuxième niveau
- plein de stands de boissons mais trop de queue en raison d'un manque évident de personnel
- emplacements camping ridiculement petits (20€ pour ça!)
- pas assez de douches au camping, avec le même nombre pour les hommes et les femmes alors que celles-ci sont trois-quatre fois moins nombreuses (du coup direction les filles pour la douche du samedi matin)
- le manque de communication, par exemple pour les bracelets pré-fosse
- le lâcher de taureaux le samedi pour obtenir sa place en pré-fosse qui aurait pu très mal tourner. Mais bon, le metal c'est la guerre après tout!
- manque d'ambiance dans le pit
- peu d'ombre, c'était éprouvant le vendredi
- du bitume partout, il ne fallait pas tomber
- pas assez de merch hors merch officiel Sonisphere à 25€ le t-shirt
- des métalleux toujours aussi beaufs
- proposer des activités annexes comme le ski indoor, c'est bien, mais je n'ai pas l'impression que beaucoup de monde en ait profité. L'orga a oublié que les metalleux étaient là pour deux choses: la musique et l'alcool.
- la mésaventure des festivaliers installés au camping gratuit Walygator à 5-6 kilomètres du site et qui ont dû se taper le voyage à pied le soir par manque de navettes. Les pauvres ont en plus été caillassés par la racaille locale sans doute échappée du zoo situé à proximité.


Bilan globalement positif donc pour cette première édition française dans l'ensemble réussie malgré quelques couacs qu'il faudra éviter pour la prochaine édition. À mon avis, l'orga avait prévu trop petit pour tant de monde (presque 80 000 personnes sur les deux jours!). Mais n'ayant subi aucun des désagréments qu'ont connus les plus malchanceux, je n'ai pas à me plaindre. Et puis Metallica quoi! Je n'aurai sans doute jamais la chance de les revoir dans de telles conditions, aussi bien placé et dérangé par personne! Par contre, Nous Productions, l'organisateur du Sonisphere, a déjà annoncé que l'édition 2012 se tiendrait au même endroit mais sur quatre jours (les 5, 6, 7 et 8 juillet) et que le festival devrait s'ouvrir à des styles hors metal. Déjà que l'affiche de cette année était un peu trop mainstream à mon goût, je crois que le Sonisphere 2012 se fera sans moi! Pas grave, je garderai longtemps en mémoire ce samedi soir inoubliable.