Saint Maurice de Gourdans (01) était jusqu’alors connu pour son église datant du XIIe siècle (merci Wikipédia). Depuis quelques années, on s’y rend également en pèlerinage pour une toute autre raison, à savoir le Sylak Open Air, unique festival en plein air de métal aussi proche de notre bonne vieille ville de Lyon. C’était ma première fois, n’ayant pas trouvé mon bonheur dans l’affiche des 3 éditions précédentes, et le bilan est extrêmement positif.
Dans un cadre champêtre et à taille humaine, le Sylak propose le minimum nécessaire à la survie du festivalier : stand de boisson et de bouffe, merchandising, système de jetons, toilettes écolos… Rien de bien nouveau pour quiconque a déjà fait le Hellfest ou autre dans sa vie. Plus étonnant, des tenues de sumos et du rodéo sur vachette mécanique complétaient le décor (voir les photos), initiative originale et amusante pour se démolir définitivement les cervicales après une séance de headbanging intensive.
Ce qui m’a tout particulièrement plu sur cette première édition réalisée, c’est que par rapport aux gros festivals qu’on voit d’habitude, le Sylak n’est (pour l’instant) qu’un « petit » vis-à-vis des géants du secteur, et cela se voit dans la facilité qu’on a à retrouver ses amis dans la foule sans s’envoyer des indications par SMS parfois cryptiques (« g suis à côté des arbres » « moi aussi » « pas ces arbres là » « ok je t’attends devant la scène » « ok jy suis t ou » « pas cette scène » « merde marre vais prendre une bière » « à kel bar » etc…), et à tout simplement respirer correctement le bon air frais de l’Ain. L’ambiance est hyper bonne enfant, et on a l’impression d’être avec une grosse bande de potes en pleine nature à écouter du bon son ; sensation devenu complètement absente de la plupart des festivals actuels, vous me l’accorderez. Rien que pour ça, le Sylak m’a totalement convaincu.
Se tenant sur 3 jours, avec un vendredi d’ouverture exclusivement réservée à des groupes français (et une soirée mousse réputée mythique), je n’ai pu couvrir que le samedi et le dimanche, et encore partiellement pour les seuls groupes qui m’intéressaient ou que j’ai entendu d’une oreille. N’hésitez pas si vous y étiez à rajouter vos impressions sur le reste dans les commentaires, ça sert aussi à ça. Je termine en précisant que j’ai payé mon pass au prix fort comme tout un chacun, et que je m’autorise le droit de ne pas avoir vu ton groupe préféré et ultra culte qui ne passe qu’une fois en 6 ans en France et que t’espérais très fort que j’en parle là aujourd’hui. J'ai préféré faire la sieste sous les arbres pendant qu'il jouait, désolé.
Samedi 10 Août :
KORITNI : Entendu de loin en arrivant sur le site, le temps de se garer et de remonter la longue file de bagnoles. Assez rock pour taper du pied dans les champs en faisant la queue à l’entrée, mais pas assez accrocheur pour que j’en ai gardé plus qu’un très vague souvenir. Il parait qu’ils ont (mal) repris « Antisocial ».
EVERGREEN TERRACE : le groupe avec lequel on démarre le fest donne souvent une couleur à l’ensemble. Celle de mon vendredi au Sylak fût donc celle de la boue, ou d’une matière similaire en couleur et en texture qu’on produit généralement en quantités raisonnables après un bon repas. Heureusement, j’arrivais sur la fin, mes oreilles n’ont pas trop soufferts.
BENIGHTED : pas de surprises, j’étais venu uniquement pour eux ce jour là, le reste étant du bonus. Le groupe nous avait annoncé lors du Brutale Coalition Tour qu’ils tourneraient au Sylak leur 1er DVD live (en fait le 2e, j’ai retrouvé mon édition d’Identisick par hasard avec un DVD live en bonus l’autre fois), et donc grosse pression sur le groupe pour que la météo, le public, et la prise son soient au rendez vous. Sans compter que le groupe alignait un line up changé aux 2/5 suite aux départs surprises d’Adrien et du bassiste dont le nom m’échappe. Malgré une météo capricieuse qui annonçait des gros orages (heureusement sans fondement), le temps fût finalement clément pendant toute la journée de samedi et ce ne fut donc pas l’apocalypse dans le ciel pendant le concert de BENIGHTED. Par contre dans la fosse…. A peine arrivé sur scène, grosse ovation, une masse grouillante dans la fosse, le bar quasi déserté…et bam, c’est parti pour une grosse heure de gros son, avec une setlist sans grosses surprises pour quiconque avait déjà vu le groupe en début d’année avec LOUDBLAST. La fosse prend feu dès « X2K », à base de circle pit, mosh pit, Brad Pitt et autres wall of death ; le son semble correct de là où je suis situé (3e rangée du circle pit après avoir pris à droite au wall of death) mais j’espère qu’il sera « boosté » pour sa version DVD. L’interprétation est quasi sans faille, malgré deux trois faiblesses d’Olivier sur certains solos (notamment celui de « Let the Blood Spill Between my Broken Teeth », massacré…) : à voir si le groupe « overdube » certaines parties pour le DVD ou garde la prise initiale. Peu importe, l’énergie est là, et le nouveau line up s’en sort bien : le nouveau gratteux, seul chevelu de la bande, est très discret sur le côté gauche de la scène ; par contre le nouveau bassiste (désolé pour les prénoms), qui prend la relève d’Adrien sur les backings vocals (notamment sur « Collection of Dead Portraits ») a une grosse présence et a rapidement trouvé sa place dans le groupe. BENIGHTED nous avait promis quelques surprises, c’est ainsi qu’on verra arriver deux guests lors du concert : le chanteur (à vérifier) de RECUEIL MORBIDE, pour un featuring vocal sur « je ne sais plus quel titre », et Candy, leur tout premier bassiste, sur l’excellente « Divine ». A part cela, la setlist fait la part belle aux 3 derniers albums, avec une petite incursion sur « Identisick », mais aucun titre d’ « ICP » ne fût joué, à ma grande déception. Pour un concert événement, un petit « Stay Brutal » ou « Insane Cephalic Production » aurait été de bon ton, mais certainement que le groupe préfère se tourner vers l’avenir plutôt que de revisiter les anciennes compos. En tout cas, grosse ambiance, fosse en délire et groupe au taquet, cela promet un sacré DVD événement dans les mois à venir.
MOONSPELL : annoncé sur leur page facebook en début d’après midi, le groupe n’a pas pu venir à cause d’une grève de leur compagnie aérienne Portugaise. Comme quoi ça n’arrive pas que chez nous. Dégoûté pour le coup, un des rares groupes dans le genre que j’aurai aimé découvrir sur scène. Cela a donné un peu plus de temps à BENIGHTED pour faire les balances et prolonger leur set d’un titre ou deux.
PHIL CAMPBELL : le gratteux de Motorhead qui fait sa rock star en reprenant des standards du rock et du métal de façon un brin poussive. Entendu de loin « Communication Breakdown » (LED ZEPPELIN), « Orgasmatron » (MOTORHEAD »), et quelques autres qui me reviendront peut être plus tard, sympa sans plus et le public n’a pas été très emballé non plus. Dur aussi de passer après BENIGHTED et avant GOJIRA…
GOJIRA : la tête d’affiche du vendredi. Malheureusement pour vous, peut être pour moi aussi, leur musique me laisse indifférent depuis toujours et je ne serai pas le conteur du meilleur live report les concernant. C’était carré, le son était puissant, le public en grande partie venu pour eux (et BENIGHT’), les lights étaient adaptés…mais à part vous dire qu’ils ont joué « The Heaviest Matter in the Universe », l’un des rares morceaux dont je connaisse le titre, je ne pourrais pas en dire beaucoup plus. Les fans ont adoré, c’est le principal.
Samedi 11 Août :
MISERY INDEX : > la seule et unique raison pour laquelle je revenais le dimanche tenait en deux mots, que vous venez de lire. Fan inconditionnel du groupe et n’ayant pas d’autre occasion de les voir cette année, c’est en très grande partie pour eux que j’avais pris mon billet le dimanche également. Du coup gros rush pour être à l’heure, je rejoins la bande de furieux et arrive dans une fosse clairsemée alors que le groupe fait ses balances incognito. J’y vois les BENIGHTED (Julien et Kevin), preuve que ces gens ont décidément du bon goût. Les balances sont vites expédiées : il est 15h passé, un beau soleil incite à la sieste et certains sont encore à l’apéro depuis 9h du matin…mais il est temps que le seul groupe de métal extrême de la journée prenne possession de la scène et c’est sur le tonitruant « The Carrion Call » que le set démarre. Attiré par la puissance du son (pour resituer dans le contexte, le groupe d’avant faisait du Stoner / Doom), MISERY INDEX réveille subitement le Sylak et les curieux viennent se masser devant la scène. L’accélération brutale au milieu de « Carrion Call » déclenche un semblant de mosh pit, qui sera vite éteint malheureusement. Le groupe enchaîne avec un melting pot de titres récents, laissant de côté toutes les compos antérieures à « Traitors », parmi lesquels « The Illuminaught », « The Weakener », « The Spectactor »…Malheureusement, la setlist m’a semblé mal conçu, car après avoir envoyé le pâté pendant les 3 premiers titres, MISERY INDEX ralentit douloureusement le tempo avec « Thrown Into the Sun » (et peut être « Black Sites », j’ai un doute), alors même que la fosse, remplie de gens ne connaissant pas forcément bien leur discographie, prenait vie à grands coups de circle pit (votre serviteur en était). Cela a pour effet de laisser complètement retomber l’ambiance, qui ne se ravivera qu’en fin de set, avec l’enchaînement « The Conjuring Cull / The Harrowing / Embracing Extinction », après un « You Lose » ultra bourrin qui n’aura suscité aucune réaction dans le public, liée à cette sauce qui a mal pris dès le départ. C’est « Traitors » qui aura pour objectif de clore le set de MISERY INDEX, son « refrain » repris en chœur par les quelques furieux connaisseurs (présent), devant un public resté malgré tout très circonspect devant le set des Américains. Mark ne se gênera pas pour animer malgré tout l’échange avec la foule, mais on sent que l’envie n’y est pas, il parlera même de « trippers » en évoquant le public, plus contemplatif (et sachant applaudir en fin de morceau, ne leur enlevons pas cela) que réellement dans l’action. La faute à une programmation sur ce dimanche peu généreuse en métal extrême, qui a drainé un public pas forcément friant ni connaisseur des groupes du genre. Pour autant, MISERY INDEX n’a pas démérité, avec une prestation sans failles (à l’exception de la setlist mal équilibrée dont j’ai déjà parlé), et un Adam Jarvis toujours magistral de puissance (j’ai filmé la bâche qui recouvrait l’amplification de la double pédale : elle sautait à chaque coup de double, je vous laisse imaginer le résultat sur quelques titres bien rapides….j’essaierai de partager les vidéos un peu plus tard).
THE REAL MCKENZIES: Ce qui est cool en festival, c’est qu’on fait parfois d’excellents découvertes. A l’instar de RED FANG ci-dessous, j’étais complètement étranger à THE REAL MCKENZIES jusqu’à ce que je vois arriver sur scène ces bonhommes en kilt, guitares, cornemuse ( !), batterie, basse et chant, trahissant une envie réelle et sérieuse de nous faire danser / chantonner une petite partie de l’après midi. Il se trouve que j’adore la musique festive (j’ai tous les Patrick Sébastien dans mes toilettes), du genre ska / punk / métal (sisi ça existe), alors quand THE REAL MCKENZIES a balancé la sauce, j’étais aux anges. Un chanteur talentueux, qui au-delà des innombrables blagues (dont 95% du public n’a pas saisi la teneur, mettons nous à l’anglais les gars ça pourra servir un jour à ne pas hurler « yeah » quand le groupe se moque de vous !!), est un VRAI bon chanteur (souvenir de cette partie chantée « à cappella » en fin de set, à mettre des frissons) ; un groupe et une musique enjouée, un public qui suit et tortille du cul jusqu’à plus soif, rien à dire j’ai passé un très bon moment. A voir et à revoir, j’achèterai peut être même un album un de ces jours.
DEW SCENTED : Retour aux choses sérieuses avec du bon vieux thrash / death à l’ancienne. J’ai déjà plusieurs fois DEW SCENTED, et j’ai quelques albums : le groupe a un capital sympathie énorme, mais me saoule au bout de 15 mn tant leurs morceaux sont redondants au possible. Et pourtant Satan sait que j’adore le thrash / death. Et bien ça a été à peu près la même chose ce jour là : une prestation sans failles, bien énergique et avec un chanteur Leif absolument adorable qui prend le temps de s’adresser en Français au public, et qui prendra le temps de remercier l’orga, les groupes amis et partenaires, ainsi qu’une partie de son line up, plus jeune, et qui à priori l’aurait reboosté pour poursuivre l’aventure DEW SCENTED lors d’un passage à vide. Pour le reste, ils ont joué « Bitter Conflict » donc j’étais ravi (« Inwards » était frais à sa sortie et j’ai passé de très bons moments avec cet album…très intimes), quelques titres plus récents qui m’étaient inconnus (j’ai quand même souvenir d’un « Thrown to the Lions » renommé en « Thrown to Lyon » pour l’occasion), mais les 45 mn du set étaient parfaites et il n’en fallait pas plus sinon c’était la saturation. Un très bon moment en tout cas, et un groupe qui envoie du lourd tout en gardant les pieds sur terre, chapeau surtout au chanteur, aussi humble que bon communiquant.
RED FANG : Vous connaissez cette sensation d’être passé complètement à côté d’un truc énorme ? Pas dans le sens « wow c’est cool », mais dans le sens « tout le monde connaît sauf moi ». Et bien ça m’a cet effet lorsque j’ai vu la foule se masser pour accueillir RED FANG, un groupe que je ne connaissais pour ainsi dire pas du tout. En gros inculte que je suis donc, bercé par mes ritournelles thrash / death / black habituelles, j’ai donc découvert avec curiosité cet enthousiasme pour ce groupe de stoner métal (j’ai rattrapé mes lacunes avec la lecture des articles de mes collègues thrashocoriens, quand même), moi qui m’était arrêté dans le style à Monster Magnet et éventuellement Mastodon sur certains aspects (ça se voit que le genre ne me passionne pas ?). Ne comptez donc pas sur moi pour une review ultra détaillé, j’en dirais juste que ça swinguait bien, que quelques titres m’ont accroché l’oreille (« Blood Like Cream »), et que ça a suffisamment plu à ma copine (la pauvre, elle venait de subir Misery Index et Dew Scented à quelques heures d’intervalles) pour qu’elle donne son consentement à revenir très certainement l’année prochaine, si d’autres groupes du genre participent.
Ce qui m’amène à conclure (on ne va s’éterniser sur RED FANG), car après toutes ces émotions, notre petite bande avait d’autres projets et nous avons donc laissé à d’autres le soin d’apprécier CORONER et TURBONEGRO. Très bonne découverte en ce qui me concerne que ce Sylak Open Air, un festival à taille humaine en pleine nature, où l’on respire (le Hellfest a l’air d’être devenu étouffant) et qui a tout pour devenir une référence sur la région. Une ambiance bonne enfant, un site agréable, et une orga qui m’a semblé tout à fait à la hauteur : je n’ai pas vu d’approximations ou de petits détails gênants comme sur d’autres événements (ne vous gênez pas pour infirmer cela dans les commentaires si vous en voyez) ; il n’y a donc aucune raison que je n’y retourne très certainement pas l’année prochaine. Bravo à l’orga, aux bénévoles, aux groupes, et je suis heureux de pouvoir promouvoir ce festival dans les pages de Thrasho, car tout ce travail mérite d’être mis en avant. RDV très certainement l’année prochaine, si l’affiche joue un peu dans mes univers musicaux (appelez moi, j’ai quelques suggestions….).
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18/08/2014 23:37
18/08/2014 13:18