Very 'Eavy 2015 - 1er Jour

Le Very 'Eavy me faisait de l'œil depuis un moment. L'affiche de 2014 avec entre autres Tygers Of Pan Tang, Witch Cross et Savage était déjà très alléchante. Mais cette année, pour ses 5 ans d'existence, le petit festival néerlandais a fait très fort. Rien que la venue de SATAN en tête d'affiche valait le déplacement mais l'organisateur Hugo Koch s'était aussi permis d'inviter RAVEN en co-headliner ainsi que TOKYO BLADE, SAD IRON, ELISE, TYSONDOG, AIR RAID ou encore NIGHT DEMON. Bref, immanquable!

Le festival se déroule dans la ville de Stadskanaal au nord-est des Pays-Bas dans la province du Groningue qui doit son nom au canal le long duquel elle s'étend sur plusieurs kilomètres. Au programme, deux jours de heavy metal à l'ancienne: le vendredi, sorte de warm-up avec quelques groupes en soirée, puis le samedi pour une journée bien plus chargée. Si je n'aurais pas assisté à la première soirée anecdotique l'année dernière, 2015 brillait par une ouverture bien plus intéressante avec surtout les excellents NIGHT DEMON et les vétérans d'ELISE. C'est donc le vendredi soir vers 19h30 que je découvre la salle De Spont située en plein centre-ville, sorte de gymnase aménagé pour l'occasion en salle de concert. Je remarque la scène, assez grande quoiqu'un peu basse ainsi que quelques distros déjà installées dans le fond. Pas grande monde encore en ce tout début de soirée. Le tout va cependant vite bien se remplir pour cette première soirée moins importante que le lendemain mais tout de même de qualité.


ENCHANTRESS

C'est un jeune groupe qui a la lourde tâche d'ouvrir le Very 'Eavy. Si jeune qu'il n'a encore rien sorti puisque le chanteur nous apprendra qu'ils ne vont enregistrer leur toute première démo que la semaine prochaine. Les Belges doivent leur présence à leur victoire au concours Facebook du festival. C'est qu'ils doivent avoir du talent! Et en effet, j'ai été plutôt convaincu par la prestation de ENCHANTRESS qui m'a déjà surpris par ses deux membres gauchers (un des guitaristes et le bassiste) et une fille à la batterie. Pas commun! Alors bien sûr, ENCHANTRESS ne propose rien de novateur. On nage en plein heavy metal type NWOBHM sans surprise ni originalité. On sent aussi que le combo est peu expérimenté sur scène. Ça manque de charisme, de présence et d'assurance. Un peu trop d'application dans l'exécution, les membres ne se lâchant pas vraiment, préférant se concentrer pour bien jouer leurs morceaux (ce qu'ils feront) dont "Paralyzed" (leur toute première composition) et leur hymne "Beware The Enchantress" en clôture. J'ai aussi trouvé le chanteur un peu court, sans que cela ne soit déplaisant (ça rappelle au contraire les débuts des années 1980). Mais niveau compositions, les Belges se sont montrés suffisamment inspirés dans les riffs et les mélodies, avec notamment un soliste pas manchot. À noter aussi deux reprises dont une appréciable de Riot, le célèbre "Swords And Tequila", toutefois exécutée de façon un peu trop scolaire sans le groove guitaristique et vocal de l'original. Bon point pour le son très correct qui m'enlève tout de suite un poids qui m'avait pesé lors du Wolf Throne Support il y a deux semaines. Quant au public, il se fait timide mais poli. Voilà en tout cas un petit groupe sympathique dont j'essaierai de surveiller la première sortie. Le Very 'Eavy commence doucement mais sûrement!


VERGIF

Là par contre, ça va se montrer beaucoup plus agité! VERGIF est un groupe néerlandais de reprises de Venom et on voit tout de suite la différence avec ENCHANTRESS en matière d'expérience live. Les membres ont en effet tous la quarantaine, pas des jeunes perdreaux de l'année! Grosse présence scénique du trio, attitude rock 'n roll/tough guy du chanteur/bassiste à la bonne grosse voix arrachée dans le rôle de Cronos, communication avec le public que le groupe pousse à participer, son garage tout en restant audible. Et bien sûr les hymnes heavy metal crétino-sataniques des Anglais repris en cœur par les spectateurs: "Leave Me In Hell", "In League With Satan, "Black Metal", "Welcome To Hell", etc. L'ambiance monte d'un cran, le public répond présent (pas de pogos par contre, plutôt secouage de tête, beuglements et horns up!), on sent que l'on va assister à un putain de concert bien musclé. Mais on déchantera vite quand la basse du chanteur va le lâcher au bout d'un quart d'heure. Longs blancs, incompréhension... malgré les tentatives des uns et des autres, rien ne fonctionnera! Du coup le groupe continuera sans quatre-corde (que le frontman grattera malgré tout dans l'espoir qu'elle revienne à la vie). Le soufflé retombe, quelque chose s'est cassé. Difficile dès lors de rentrer à nouveau dans le show. Le chanteur, un peu dégoûté, poursuit tout de même ses efforts. Un peu trop d'ailleurs puisqu'il violentera le micro devant les premiers rangs de la fosse. C'en est trop pour l'orga qui décide de couper le son et de dégager le groupe! On ne rigole pas avec le matos! Je n'avais jamais vu ça, du grand n'importe quoi, énorme! Au moins, le groupe a fait honneur à son modèle!


NIGHT DEMON

À peine remis de nos émotions, voilà que les Américains de NIGHT DEMON enchaînent déjà. On avait peur que les problèmes de basse de VERGIF viennent de l'ampli, on sera heureusement vite rassurés. J'avais vu le combo il y a quelques semaines au Metal Assault et je savais donc dès le début que j'allais encore me prendre une belle leçon de rock n' roll dans les dents. Ça n'a pas loupé! Quelle énergie, quelle patate de la part du trio américain, emmené par le sympathique Jarvis Leatherby toujours aussi à fond et excellent frontman qui sait bien tenir son public sans en faire trop. Le public justement, qui attendait le groupe de pied ferme vu l'affluence, la meilleure de la soirée, a réservé un accueil très chaleureux aux Californiens, reprenant en chœur les refrains des tubes heavy metal typés NWOBHM de NIGHT DEMON, dans le désordre "Screams In The Night", "Full Speed Ahead", "Satan", "Curse Of The Damned", "Ritual", "The Chalice", "Ancient Evil", "Night Demon" et "The Howling Man", soit l'intégralité de son EP éponyme prometteur et quasiment la moitié de son premier album Curse Of The Damned qui est venu confirmer le potentiel du power trio. Le groupe nous gratifiera même de 2 reprises, "Road Racin'" de Riot et "Axe Crazy" de Jaguar sur un rappel qui, pour une fois, n'avait semble-t-il pas été prévu. Mais devant l'insistance de l'assistance, conquise par ces riffs certes classiques mais tellement jouissifs, ce groove rock 'n roll efficace et ces solis 80s endiablés du guitariste gaucher. NIGHT DEMON faisait déjà mal sur CD mais ses compositions, peut-être un peu sages et scolaires sur galette, prennent toute leur dimension sur scène où le groupe se lâche et s'éclate comme jamais. Et mine de rien, à forcer de tourner en Europe ces derniers mois, les Américains sont en train de se tailler une sacrée réputation! LE groupe de la soirée et un des meilleurs concert de ce weekend de Pâques placé sous le signe du heavy metal, le pur, le dur, le vrai!


ELISE

Cette première soirée des 5 ans du Very 'Eavy se terminait par une heure d'ELISE, vieux groupe néerlandais ayant gagné ses lettres de noblesse sur son unique full-length No Time for Masquerade (1990) avant de spliter puis de renaître il y a quelques années. J'étais donc curieux de voir les vétérans bataves et de pouvoir pénétrer davantage dans leur univers que je ne connaissais que par quelques écoutes distraites de leur album. Écoutes qui m'avaient tout de même intéressé. La première chose qui m'a frappé lors de la prestation d'ELISE, c'est la ressemblance évidente avec Accept, que je n'avais pas spécialement notée. Mais là, impossible de ne pas remarquer l'influence énorme du combo culte allemand, entre la voix puissante et rocailleuse du chanteur Gerd Hento au même gabarit mini qu'Udo Dirkschneider (plus de cheveux et moins de bide cela dit!) et les riffs mid-tempo en acier teuton des guitaristes. Si un doute subsistait encore, le six-cordiste Jannes Bloemert le chassait avec son t-shirt Accept bien visible. Pas vraiment un problème en ce qui me concerne vu que j'apprécie beaucoup la bande de Wolf Hoffmann. Par contre, le public a déserté en masse par rapport à un NIGHT DEMON suivi de près. Plutôt bizarre pour un groupe local assez culte! Mais les Néerlandais ont peut-être le droit à ELISE toutes les semaines et font les blasés. Moi je n'ai pas cette chance et j'étais bien content d'assister à ce show. D'autant que la prestation, sans être transcendantale, s'est révélée tout à fait satisfaisante. Alors oui, ça sonne comme une version moins chère d'Accept, oui le jeu de scène du frontman est kitschouille et dépassé, oui les mecs ne font plus tout jeunes et oui, le tout sonne assez vite répétitif. Mais les compositions, efficaces à défaut d'être géniales, tiennent la route. Le son est nickel, les solos bien branlés, les riffs balancés avec conviction et plaisir, le chant au niveau avec juste ce qu'il faut de communication envers le public. Majoritairement mid-tempos aux riffs souvent hard rockisés, les morceaux font bouger la tête et taper du pied. On ressent en plus une influence Judas Priest, le groupe reprenant même "Electric Eye" avec plus ou moins de réussite (le chant dirkschneiderien ne colle pas du tout au morceau). Un peu d'Iron Maiden aussi sur certaines mélodies. Bref, de la bonne musique pas prise de tête qui fait passer un bon moment. La preuve, je n'ai pas vu l'heure passer quand le groupe clôt son gig par son hit "Nightmare" et son refrain catchy!


Un petit groupe sympa qui a montré du potentiel (ENCHANTRESS), un cover-band expérimenté qui aura balancé un show viril avant de connaître des soucis techniques puis de se faire virer de scène pour cause de maltraitance de matériel (VERGIF), un combo venu d'outre-Atlantique botter des culs européens grâce à ses morceaux pas originaux pour un sou mais jouissivement rock 'n roll (NIGHT DEMON) et une troupe de vétérans qui n'a pas non plus démérité avec son vieux heavy d'inspiration teutonne (ELISE): on peut dire que ce vendredi soir fut un bon échauffement avant la vraie journée du festival. On a pu se familiariser avec les lieux sans trop se fatiguer, tout en passant une bonne soirée. L'affluence n'a en plus pas déçu, tout comme le son, de qualité appréciable. Bon point également pour la salle, parfaitement adaptée aux circonstances (scène pas si basse que ça en fait!), avec assez de bars pour ne pas attendre trois plombes le service, un coin repos pour les jambes lourdes, ainsi que des urinoirs bienvenus dehors à l'entrée permettant d'éviter cette zone des toilettes toujours délicate en festival. De bonne augure pour le lendemain qui s'annonçait beaucoup plus intense.