Salle récente (2011) et de taille moyenne (450 places), le Petit Bain est en train de s’imposer comme un lieu de choix pour les concerts de Metal dans la capitale. Il a l’avantage d’être bien située et facile d’accès. Le seul inconvénient c’est que pour d’obscures raisons de troubles du voisinage, les concerts doivent se terminer avant 23 heures (comme au Batofar, voisin de quai). La conséquence, vous pouvez la deviner, c’est que à moins de démarrer le concert à l’heure du thé, les sets y sont parfois un peu courts. C’est d’ailleurs le principal reproche que j’aurai à l’encontre des têtes d’affiche de la soirée, ORANSSI PAZUZU.
J’avais découvert cet étonnant quintet lors de leur prestation magique du dernier Fall Of Summer. Préparant un live report jamais publié de ce spectacle, j’avais écrit : “Vers 17h sur les pentes de la colline qui domine les étangs de Torcy, la chaleur commence enfin à tomber et le soleil déclinant projette une lumière orangée sur le plan d’eau. Au loin, un vol d’oies sauvages (ou bien de cygnes) traverse paisiblement le panorama. L’ambiance est à la contemplation, un silence méditatif s’installe tandis que sur la scène plongée dans la pénombre, les musiciens du groupe finnois ORANSSI PAZUZU prennent possession de leur instruments et démarrent le set le plus envoûtant de cette journée. Ils ont de la chance, les démons orange, parce que leur Black Metal Psychédélique trouve dans ce cadre grandiose un environnement idéal. La setlist est exclusivement constituée d’extraits de
Värähtelijä, le quatrième projet sorti en février 2016. La représentation commence par un grondement de basses poussées à leur paroxysme. Même à plusieurs dizaines de mètres de la scène, je ressens la vibration physique et dérangeante qui s’étire pendant plusieurs minutes avant de laisser la place aux premiers accords de “Saturaatio”. Le temps suspend son vol pendant cinquante minutes et nous sommes plongé dans l’univers fantasmagorique et délétère des finnois. Une musique très complexe, qui se développe en couches successives. Des sons organiques, difficiles à identifier, un chant qui est surtout un râle d’agonie, douloureux. Un set magique, d’autant plus marquant que je ne m’attendais vraiment pas à être ainsi happé.”
C’est avec une certaine appréhension que j’aborde ce concert parisien : les finnois vont-ils parvenir à me transporter une nouvelle fois? Vais-je réussir à perdre pied et à totalement entrer dans leur univers ? Car tu le sais, toi qui me lis, on est forcément moins détendu lors d’un concert de milieu de semaine après une journée de boulot qu’en festival. Je compte beaucoup sur la première partie pour opérer la transition psychologique et (n’ayons pas peur du mot) spirituelle. On joue ce soir à guichet fermé et à mon arrivée, la salle est déjà presque pleine. Un stop au bar (équipe efficace et souriante, pinte à 4 euros : deux bonnes raisons de me mettre en joie) avant de me faufiler dans le public jusqu'à une place où j'entends raisonnablement bien et d'où je peux observer les trois musiciens installés très en retrait et chichement éclairés par une énorme ampoule qui pend du plafonds et s’arrête à environ 1,50 m du sol. Je plains sincèrement les premiers rangs qui doivent être totalement éblouis par le globe incandescent, lequel sert aussi d’accessoire scénique que le guitariste
Shantidas Riedacker vient secouer comme un encensoir en prenant une pose extatique. Les grenoblois de ALUK TODOLO ne sont pas arrivés en première partie de ORANSSI PAZUZU par hasard, vu qu’ils officient dans un genre artistique en apparence assez voisin. Pourtant, j'éprouve quelques difficultés pour entrer dans ce set contemplatif car j’ai toujours du mal avec les groupes instrumentaux en live. Le live sans frontman, c’est un bateau sans capitaine, il manque quelque chose pour que le spectacle soit parfait. Toutefois, la première partie s’étirant sur plus de quarante minutes, petit à petit, la musique obsédante du gang m’enveloppe et fait son office puisque je suis dans les meilleures des dispositions pour aborder le set de ORANSSI PAZUZU.
Un peu avant 21 heures, le concert démarre. Les démons orange proposent ce soir une setlist variée, avec des morceaux extraits de plusieurs albums. Eclairages indirects, filtres de couleur omniprésents, visages masqués par leurs cheveux, les finnois sont là pour être entendus, plus que vus. Quand à la communication avec le public, elle est réduite à la portion congrue, les musiciens ne se départissent jamais de leur morgue, ce qui contribue grandement à l'ambiance mystérieuse et planante du show. Nous aurons seulement droit à un simple et émouvant “thank you” et un “we love you France” chuchotés par Jun-His avant le rappel.
Le show est totalement maîtrisé, parfaitement exécuté et envoie toujours autant de bois et, pour peu qu’on soit dans de bonnes disposition, leur musique est un vrai baume. L’alternance des différents morceaux se fait sur du velours et la présence du clavieriste au même rang que les guitaristes, mais installé perpendiculairement au public donne un bon aperçu de la place centrale du musicien dans les compos du gang. On constate ainsi que certains morceaux de ORANSSI PAZUZU reposent d’abord sur les nappes de claviers autour desquelles les guitaristes ont tissé leurs riffs (ce qui n’est pas forcément évident à détecter sur les disques).
Bonne mise en scène, bonne setlist, musiciens investis et pourtant petite déception en fin de concert. D’une part parce que le set était vraiment très court (70 mn avec les rappels) mais aussi parce que même s’il était excellent, et même si le choix d’ALUK TODOLO en intro était plutôt malin, ce bon petit concert n'avait ni la saveur, ni l'intensité de leur set magique du Fall Of Summer.
N'étant pas photographe, j'évite de sortir mon smartphone quand les groupes sont sur scène, mais j'aime bien immortaliser les lieux avant et après. Une scène vide avec de la fumée, c'est déjà un bout de l'histoire
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