Voici une bien belle affiche pour débuter ce mois de mars, tellement belle que je suis même étonné qu’elle ne fut pas
sold out. Certes, je me serais volontiers passé de la présence de
DAATH en ouverture, dont le
death metal mélodique et légèrement industriel ne m’émeut guère, mais peut-être que la scène me fera changer d’avis au sujet de «
The Deceivers », dernier album en date des Américains. En revanche, concernant
BEYOND CREATION et, surtout,
CYNIC, je ne me fais pas de mouron, surtout au regard de la qualité des prestations de ce dernier lors de ses récentes dates françaises (par exemple :
« Rillieux-la-Pape » ;
« Paris »). Je suis cependant plus inquiet concernant
RIVERS OF NIHIL. En effet, si mes camarades et moi-même sommes parmi les rares à avoir apprécié «
The Work », de même que les sorties précédentes d’ailleurs, les quelques extraits que j’ai pu écouter du futur album éponyme (accouchement prévu le 30 mai) me font sérieusement grincer des dents avec leurs riffs
deathcore et cet horrible chant clair, j’ai l’impression que tout l’aspect progressif de la musique a disparu au profit de quelque chose qui relève d’une modernité convenue… Mais c’est aussi cela l’avantage du
live, l’occasion de donner une autre ampleur à des compositions d’apparence décevante, nous ne sommes ainsi pas à l’abri d’une chouette surprise et, dans tous les cas, c’est au pire l’ultime occasion de voir le groupe avant qu’il ne devienne définitivement imbitable.
Sans grande surprise, au moment de trancher entre reprendre un verre ou entrer regarder
DAATH, la pinte fut désignée vainqueur à l’unanimité. Il faut dire que le temps est beau, nous profitons de la terrasse pour laisser passer la jolie file d’attente qui serpente devant la salle, file dans laquelle nous apercevons fugacement
Julien Deyres, chanteur au sein de l’institution
GOROD, voilà pour le côté Paris Match de l’article. En revanche, comme tout le monde apprécie
BEYOND CREATION c’est à l’heure et plutôt bien positionnés dans la « fosse » de
La Machine que nous profiterons du spectacle.
Comme le temps alloué aux Canadiens est bref, les musiciens ont choisi de se focaliser sur leurs titres les plus longs. Ils n’en joueront par voie de conséquence que quatre (j’avais l’impression que c’était plus), issus de leurs trois LP : les éponymes d’
« Algorythm » et d’
« Earthborn Evolution » puis deux extraits de
« The Aura », à savoir « Coexistence » et « Omnipresent Perception ».
Visuellement, je suis toujours un peu déstabilisé par ces instruments
headless, d’autant que comme les corps, des guitares notamment, sont assez petits, cela me donne l’impression que les mecs tiennent des jouets entre leurs grosses paluches d’adultes… Je n’arrive pas à comprendre pourquoi cela complexifie autant ma capacité à m’immerger dans la musique, commentaire qui sera également valable pour
CYNIC. Evidemment, le quatuor tricotte ferme mais, globalement, je trouve que les aspects démonstratifs brident de trop la puissance que l’on serait en droit d’attendre d’une formation qui demeure du
death metal, aussi technique soit-il. Par conséquent, la prestation est plaisante mais je n’aurais de toute façon pas demandé du rab à la fin du
set. Clairement, les meilleurs moments restent les passages
growlés, lorsqu’on se calme un peu sur la complexité et qu’on revient à des considérations plus simplistes, même si cela reste une notion toute relative pour ces techniciens. Le groupe a terminé sa partie en présentant son nouveau batteur, un jeune gars qui pulse fort, le moment est sympa, il a droit à un chaleureux accueil du public, acclamations largement méritées au regard des qualités affichées.
Setlist de
BEYOND CREATION
1. Algorythm
2. Earthborn Evolution
3. Coexistence
4. Omnipresent Perception
Comme je l’ai dit plus haut, j’attendais beaucoup de cette deuxième rencontre avec
CYNIC. Sauf que je n’avais pas pris en considération deux éléments cruciaux : la dernière fois, le
show était axé sur
« Focus » et le groupe jouait en tête d’affiche. Alors que là, ils n’ont que quarante minutes montre en main, avec une
setlist totalement remaniée dont même les chansons « Carbon-Based Anatomy » et « Adam’s Murmur » sont exclues… Coup dur. Je n'ai pas accroché, voire je me suis ennuyé ferme si je dois être totalement honnête avec moi-même. Déjà, le placement sur la gauche de la scène n’était sans doute pas le plus judicieux car pile en face de la batterie, sachant que le type cogne comme un sourd, surprenant pour une musique aussi subtile… Mais, surtout ce vocoder du démon, sans discontinuer, c’est franchement fatiguant, avec le sentiment élitiste constant d’écouter une musique d’ingénieurs, de forts en maths et, finalement, de passer complètement à côté du truc. Si devant la scène les gens ont l’air d’apprécier le
gig, le camarade Erwan me rapportera qu’un peu plus en retrait nombreux étaient ceux à se demander ce qui se passait sur les planches. Aussi, nous touchons peut-être là le principal problème :
CYNIC a-t-il encore sa place sur ce genre de
package extrême ? Au sein d’une affiche de prog’ la question ne se poserait évidemment pas, ou alors en tête d’affiche à la limite mais là, coincé entre
BEYOND CREATION et
RIVERS OF NIHIL avec en plus une collection de titres ne contenant strictement rien de
metal, c’est compliqué de trouver de la cohérence.
Il reste qu’il y avait un beau jeu de lumières, que le son était à la hauteur des subtilités musicales (pour peu que l’on ne soit pas face au batteur), et puis ça reste un groupe foncièrement à part qu’il faudrait avoir vu au moins une fois.
Setlist de
CYNIC
1. Nunc Fluens
2. Evolutionary Sleeper
3. In a Multiverse Where Atoms Sing
4. Infinite Shapes
5. Integral Birth
6. Textures
7. 6th Dimensional Archetype
8. Humanoid
9. The Space for This
Ce n’est peut-être pas encore la vraie tournée promotionnelle, aussi
RIVERS OF NIHIL ne jouera que trois compositions de son nouvel album, à paraître fin mai chez
Metal Blade Records. C’est sûr qu’en passant après
CYNIC, qui avait installé une certaine neurasthénie, le quintette (puisque le saxophoniste est présent) envoie une très grosse purée sur l’assistance. Et même si j’ai pu me montrer assez circonspect, j’avoue m’être laissé assez rapidement embarqué par la puissance du truc. Certes, il y a une dimension
deathcore dans les breaks, les rythmiques et le chant qui ne m’avaient pas marqué plus que cela sur les disques mais les compositions sont quand même suffisamment malignes pour que cela ne devienne pas un gimmick facile, au détriment d’une certaine richesse d’écriture. De plus, le groupe à un
light show vraiment travaillé, très original même, on pourrait s’attendre à trouver ce genre d’éclairages sur des rythmes électroniques mais ça fonctionne à mort, cette efficacité visuelle contrebalançant les moments où mon attention commençait à retomber. Sans compter qu’avoir les parties de saxophones en
live plutôt que sur bande apporte un vrai plus, une petite touche d’originalité toujours bienvenue. Si j’ai été convaincu ? Je dirais plutôt que je n’ai pas été déçu. Je ressors du concert avec l’envie de me remettre les disques c’est positif non ? Et puis les gars ont quand même une sacrée prestance scénique, c'est indéniable, le savoir-faire est là.
Setlist de
RIVERS OF NIHIL
1.The Sub-Orbital Blues
2.The Silent Life
3.Hellbirds
4.A Home
5.The Void From Which No Sound Escapes
6.Criminals
7.House of Light
8.Death is Real
9.Episode
10.Where Owls Know My Name
11.Clean
De toute évidence, la majorité du public était bien là pour eux, assurément pas pour
CYNIC et guère plus pour
BEYOND CREATION, un public
metal, mais pas que, loin de là, comme pour illustrer que les frontières entre les styles sont de plus en plus poreuses et que des gens que l’on n’a pas forcément l’habitude de voir à ce genre de concerts commencent à s’intéresser à des formations plus techniques, peut-être plus abordables également. Il s’agirait encore de saluer le professionnalisme de l’organisation ainsi que son sens du
timing. Comme annoncé, à 22h15 tout le monde est dehors.
Bilan : je crois que le
tech death commence à m’emmerder quand il est décorrélé de l’adjectif « brutal »,
CYNIC m’a probablement définitivement largué, j’aurais du mal à tenter une troisième fois l’expérience, quant à la tête d’affiche, bien sûr que j’écouterai le prochain LP. Sinon, suis-je le seul à leur avoir trouvé un petit côté
GOJIRA au détour de quelques rythmiques ou de vocaux hurlés ? Cela ne m’avait pas effleuré sur album mais sur scène j’ai entendu pas mal de points communs entre les deux.
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