Mvltifission - Decomposition In The Painful Metamorphosis
Chronique
Mvltifission Decomposition In The Painful Metamorphosis
Rares sont les groupes chinois a avoir été chroniqués sur Thrashocore. À ce jour, seules deux formations ont eu cet honneur sur près de dix mille avis plus ou moins éclairés rédigés par nos soins... Ce qui est, vous en conviendrez, évidemment très peu. Si je vous parle de tout cela c’est parce que le groupe qui nous intéresse aujourd’hui nous vient lui aussi de Chine.
Composé entre autres par des membres de Globularcyst, Mvltifission a sorti en début d’année son tout premier album. Intitulé Decomposition In The Painful Metamorphosis, celui-ci fût d’abord disponible sur Bandcamp avant d’être proposé quelques semaines plus tard en CD et en cassette par Huangquan Records, petite structure chinoise spécialisée notamment dans la réhabilitation d’obscures formations depuis longtemps oubliées, puis Rotted Life Records, label américain qui commence à faire son trou à force de sorties de qualité (Coagulate, Coffin Rot, Exaugurate, Gosudar, Laceration...).
Faisant peu de mystères des quelques groupes qui l’ont le plus influencé, Mvltifission évoque bien volontiers la scène finlandaise comme principale source d’inspiration (Demilich, Demigod, Purtenance). Viennent également s’ajouter à cette liste les Mexicains de Cenotaph et comme pour la moitié des groupes émergeants ces dernières années, les grands patrons (sur le déclin) d’Incantation. Forcément, il n’en fallait pas beaucoup plus pour que je me lance dans la découverte de ce premier album, aidé en parallèle par ce logo tarabiscoté et cet artwork grouillant qui ont effectivement terminé de me convaincre d’y jeter une oreille attentive.
Pour autant, malgré tous ces éléments plutôt engageants (du moins sur le papier), je ne peux pas dire que ma première écoute ait été synonyme de véritable coup de foudre. En effet, si l’influence de la scène finlandaise y est des plus perceptibles et que l’on y décèle également en filigrane suffisamment d’atouts pour avoir envie d’y revenir et de creuser la question, il y a chez les Chinois quelque chose d’assez hermétique, un aspect parfois un peu pataud qui ne rend pas nécessairement immédiate l’appréciation de Decomposition In The Painful Metamorphosis. C’est vrai notamment pour le growl de Zhao Tianqi aka Gut dont le phrasé débité en séquences finalement très cadencées offre un rendu qui manque d’une certaine fluidité (flagrant dès "Vanishing The Mind Till My Regurgitation"). Ce petit défaut auquel on finit par s’accommoder après quelques écoutes s’explique peut-être aussi par le simple fait que le garçon s’exprime ici dans une langue qui n’est pas la sienne et qu’il est sûrement difficile de saisir toutes les nuances de prononciations et d’intonations lorsque l’on use d’un idiome qui naturellement ne joue pas selon les mêmes règles. Voilà pour ce qui est des griefs (et le fait que le chant soit mis un peu plus en avant dans le mix que les autres instruments) dressés à l’encontre de Mvltifission puisque pour le reste, comme je l’évoquais un peu plus haut, Decomposition In The Painful Metamorphosis s’avère suffisamment convaincant pour que l’on ait envie d’y revenir avec plaisir.
Inspiré en effet par la scène finlandaise, le Death Metal de Mvltifission doit beaucoup à Demilich à qui il emprunte ces structures alambiquées et imprévisibles, cers riffs sinistres et tordus qui tricotent d’une manière parfois insaisissable, ces rythmes contre nature et plus globalement cet aspect étrange et exigeant qui rend la compréhension de ces neuf compositions tout simplement moins immédiate. D’ailleurs, l’amour que portent les Chinois à la formation d’Antti Boman est tel que l’on va trouver ici à mi-parcours une chouette reprise des Finlandais ("Inherited Bowel Levitation - Reduced Without Any Effort") qui va d’ailleurs venir dynamiser un petit peu l’ensemble. Car c’est en effet essentiellement sur la base de mid-tempo au groove putride et tranquille que Mvltifission mène ici sa barque. On trouve bien évidemment tout un tas d’accélérations idéalement placées qui vont amener avec elles cet élan et ce relief nécessaires ("Vanishing The Mind Till My Regurgitation" à 4:14, "Inner Perversity" à 1:19, "Mental-Cybernetic Proliferation (Drowning Phantasm)" à 0:23, "Egocentric Moral Dilemmas" à 3:11, "Passage Of Psychic Decomposition Part 1" à 0:45, l’entame de "Passage Of Psychic Decomposition Part 2"...) mais dans l’ensemble Decomposition In The Painful Metamorphosis n’est pas un album particulièrement porté sur la vitesse et l’intensité. Aussi Demilich n’est pas le seul groupe finlandais auquel on pense puisque les réminiscences évoquant Demigod sont également nombreuses tout au long de ces quarante sept minutes. C’est vrai notamment sur ces leads et autres solos aux atmosphères typiquement finlandaises (toujours aussi sombres et sournoises) que Mvltifission va dérouler avec un certain talent durant tout l’album ("Vanishing The Mind Till My Regurgitation" à 1:14, "Inner Perversity" à 1:38, "Mental-Cybernetic Proliferation (Drowning Phantasm)" à 2:27 et 4:11, "Egocentric Moral Dilemmas" à 1:13 et 5:51, "Passage Of Psychic Decomposition Part 1" à 2:52, etc). Un apport qui comme toujours (en tout cas lorsque cela est bien fait) est loin d’être anodin puisque ces mélodies participent à l’élaboration de ces ambiances dans lesquelles ont prend évidemment plaisir à s’envelopper.
Marcher aussi ouvertement dans les pas d’un groupe comme Demilich n’est probablement pas chose aisée. À ce petit jeu là, les Chinois de Mvltifission s’en sortent cependant plutôt bien, notamment pour un premier coup d’essai qui arrive à faire mouche en dépit de quelques défauts de jeunesse. En effet tout n’y est pas parfait et le groupe a encore pas mal de chemin à parcourir s’il veut un jour espérer pouvoir toucher ne serait-ce que d’un doigt l’insaisissable entité finlandaise. Que ce soit dans ces lignes de chant qui par moment manquent de fluidité, dans cette production pas toujours très heureuse (notamment pour cette batterie qui sonne un peu trop synthétique) où finalement dans cette approche peu subtile et qui de fait manque de personnalité, les axes d’amélioration ne manquent pas. Pour autant, Decomposition In The Painful Metamorphosis n’en reste pas moins un début convaincant qui malgré ses bizarreries et petits faux-pas saura à n’en point douter convaincre les amateurs de Death Metal finlandais.
| AxGxB 3 Août 2021 - 897 lectures |
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