Je n’en voulais pas vraiment de cette chronique. Pour quelle(s) raison(s)? Moi même je n’en sais trop rien... Trop de pression, trop d’attente, trop de retours foirés, un
Heartwork que j’adore, un
Swansong que je ne connais que trop peu... Quoi qu’il en soit, il semble pourtant bien difficile de passer cette année à côté du retour sur disque de l’un des plus grands groupes de Death Metal. Car on pourra bien dire ce que l’on veut a propos des Anglais, ils restent aujourd’hui les initiateurs du Goregrind et surtout une source d’influence majeur pour nombre de groupes beaucoup plus récents (on pense évidemment à Exhumed qui a récemment sorti un nouvel album mais également General Surgery, Impaled et bien d’autres encore).
Séparé depuis 1996, les membres de Carcass sont restés particulièrement actifs, officiants ainsi dans des projets d’envergures différentes et surtout assez éloignés du Death Metal mélodique de
Swansong (à l’exception peut-être de Michael Amott avec Arch Enemy. Ainsi virent le jour Firebird (Stoner) pour Bill Steer et Blackstar (Heavy Metal) pour Jeff Walker, Ken Owen et Carlo Regadas. On pensait alors Carcass définitivement mort et enterré jusqu’à ce qu’en 2007, le groupe se décide à reprendre du service pour quelques festivals dont une participation remarquée au Hellfest l’année suivante. Bill Steer, Jeff Walker, Michael Amott et Ken Owen reprennent ainsi du service même si ce dernier devra rapidement céder sa place à Daniel Erlandsson (Arch Enemy) pour des raisons de santé évidentes. Malgré cette reformation, jamais il n’avait été question d’un nouvel album jusqu’à cette annonce fin 2012 évoquant la sortie future de
Surgical Steel. Une nouvelle accueillie avec beaucoup d’enthousiasme mais aussi quelques réticences de la part de gens qui se méfient (parfois à tord, souvent à raison) de ses retours fracassants après des années de silence radio. Quoi qu’il en soit,
Surgical Steel est bel et bien là et il serait vraiment dommage de le bouder tant Carcass semble plutôt de bonne disposition.
Par où commencer, l’artwork peut-être ? Les fans de la première heure ne seront pas sans tracer un parallèle entre la pochette de
Surgical Steel et celle du EP
Tools Of The Trade paru en 1992. Mais ce n’est pas le seul clin d’œil puisque les couleurs utilisées rappellent sans discussion possible celles de
Heartwork. Un moyen d’aiguiller l’auditeur quant au contenu de ce sixième album? C’est fort probable puisque disons-le sans détour, ce nouveau full length s’inscrit effectivement dans la droite lignée du fabuleux
Heartwork. Un parti pris presque évident puisqu’on imaginait mal Jeff Walker et Bill Steer revenir à quelque chose d’aussi sale que
Necroticism ou d’aussi décrié que
Swansong.
Dix ans plus tard, rien ne semble avoir entaché la motivation de nos deux hommes qui reviennent ici en grande pompe pour une vraie leçon de Death Metal mélodique (Haha In Flames). C’est pour moi la véritable grosse surprise de ce
Surgical Steel puisque l’on retrouve un duo aussi redoutable qu’à la grande époque de
Heartwork. Bill Steer continue ainsi d’aligner avec toujours autant de facilité quantité de riffs ou de soli incroyables ("Thrasher's Abattoir" à 0:48, "Cadaver Pouch Conveyor System" à 2:21, "A Congealed Clot Of Blood" à 3:03, "Noncompliance To ASTM F 899-12 Standard" à 2:25, "Unfit For Human Consumption" à 2:47, "316 L Grade Surgical Steel" à 2:54, "Captive Bolt Pistol" à 1:34) alors que le chant de Jeff Walker n’a rien perdu de son identité grâce à ce grain si atypique. Aidé pour l’occasion par un certain Daniel Wilding (Trigger The Bloodshed), Carcass enchaîne ainsi les titres avec une aisance déconcertante sur un rythme particulièrement soutenu (Bon, ce dernier n’a peut-être pas le groove de Ken Owen mais se défend largement pour tout le reste). Tchouka tchouka et blast beats sont ici légion à commencer par l’excellent et ultra incisif "Thrasher's Abattoir" qui ouvre officiellement les hostilités après un "1985" tout en subtilités harmoniques. Il y avait bien longtemps que l’on avait pas vu un Carcass aussi énervé. Moins radical dans son exécution, la suite n’en est pas moins intéressante pour autant et dévoile des titres plus élaborés sans que ces derniers ne perdent en intensité ou en efficacité (les très bons "Cadaver Pouch Conveyor System", "A Congealed Clot Of Blood", "The Master Butcher's Apron", "Noncompliance To ASTM F 899-12 Standard", "316 L Grade Surgical Steel" etc...). Dans un registre proche de "Thrasher’s Abattoir" on retrouve également l’excellent "Captive Bolt Pistol" qui revient donner un gros coup de pompe notamment après le moyen "The Granulating Dark Satanic Mills", un titre exclusivement mid tempo possédant un certain feeling Heavy Metal. Carcass concluent ces retrouvailles avec "Mount Of Execution" qui dans l’esprit se rapproche davantage de ce que l’on peut retrouver sur
Swansong. Un titre mid tempo saupoudré d’un soupçon de Rock’n’Roll et à l’aspect mélodique particulièrement développé (intro acoustique, mélodies catchy, solo cristallin, chant moins agressif…).
La production, confiée tout d'abord à Colin Richardson, a finalement été prise en charge par Andy Sneap après que le premier ait tout simplement décidé qu'il en avait marre. Malgré cette déconvenue embarrassante,
Surgical Steel n'en reste pas moins à l’image de la musique des Anglais, c'est à dire net et sans bavure. Une production dans l’ère du temps, puissante, naturelle et précise qui sied à merveille à l’atmosphère glaciale et chirurgicale du bien nommé
Surgical Steel.
Inutile d’aller plus loin dans cette analyse puisque le retour de Carcass devrait convaincre majoritairement tout ceux qui ont apprécié
Heartwork à sa sortie. Vingt ans plus tard, les Anglais conservent ainsi cette rigueur et cette excellence dans la composition qui font de
Surgical Steel un album d’ors et déjà incontournable en matière de Death Metal mélodique. Que l’on soit musicien ou non, difficile de ne pas apprécier le travail de Bill Steer en matière de riffs, de leads ou de soli. Et alors que le chant de Jeff Walker a toujours laissé sur le bord de la route quelques auditeurs hermétiques à cette voix pourtant si haineuse, il est bien agréable de voir que le bougre n’a rien perdu de son timbre. Finalement, il me semble bien difficile de mon point de vue, de reprocher quoi que ce soit à ce nouvel album qui, s’il ne fait pas de Carcass un groupe totalement nouveau (quelle utopie de croire qu’un groupe de cette trempe va réinventer la musique ou ne serait-ce qu’un genre comme le Death Metal) lui offre cependant l’opportunité de ne pas souiller son propre patrimoine. Et rien que ça, c’est déjà pas mal.
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