Avec toutes ces sorties et rééditions quasi-quotidiennes, on en avait presque fini par oublier l’existence des Américains de Ritual Necromancy. Pourtant, le groupe est bel et bien de retour, quatre ans après un
Void Manifest qui laissait à l’époque entrevoir de très bonnes choses pour la suite, notamment après un
Oath Of The Abyss qui, loin de constituer une mauvaise entrée en matière (ce dernier s’est tout de même vu gratifier d’un beau 7,5/10), était tout de même quelque peu handicapé par une production des plus primitives et surtout par une approche extrêmement monolithique faisant de son Death Metal quelque chose d’à la fois très opaque et impénétrable.
Sorti fin mai sur Dark Descent Records,
Disinterred Horror nous en met déjà plein la vue grâce au superbe travail de l’anglais Josh McAlear (Cruel Force, Midnight, Cult Of Daath, Nocturnal...) avec qui Ritual Necromancy avait déjà collaboré lors de son premier album. On quitte cette fois-ci les profondeurs obscures de la Terre pour rejoindre un lieu aux couleurs un petit peu plus chatoyantes mais à l’atmosphère toujours aussi peu réjouissante.
Composé de seulement cinq titres (comme beaucoup des dernières productions signées Dark Descent),
Disinterred Horror affiche une durée plus ou moins équivalente à celle de
Oath Of The Abyss qui lui en comptait pourtant huit. Plus élaborés, moins primitifs et surtout mieux produits, ces nouveaux morceaux suivent sans grandes surprise le chemin tracé depuis le très bon
Void Manifest. Ces derniers entendent ainsi faire de Ritual Necromancy un groupe désormais un tout petit peu plus fréquentable.
Pour y parvenir, les Américains vont faire le choix d’une production soignée mais certainement pas aseptisée. Aussi tout y est très clair et parfaitement équilibré avec notamment des guitares que l’on discerne cette fois-ci très distinctement (à la différence de ce son particulièrement boueux que l’on trouvait à l’époque sur
Oath Of The Abyss), donnant ainsi ce ton sinistre à l’ensemble. Une atmosphère fuligineuse et suffocante qui met en lumière plus que jamais le poids de l’influence d’Incantation chez les petits gars de Ritual Necromancy. Car effectivement beaucoup d’éléments dans la musique des Américains rappellent la bande à John McEntee. De ces notes sifflantes à ce goût pour les passages Doom en passant par le growl d’une profondeur abyssale de Justin Friday, le doute n’est jamais permis tout au long de ces presque trente-huit minutes.
Un mimétisme absolument évident pour une réussite tout aussi flagrante. Car là où Incantation ne semble plus convaincre aussi aisément (il n’y a qu’à lire les dernières chroniques de l’ami Keyser sur le sujet pour s’en rendre compte), Ritual Necromancy réussi quant à lui à surprendre par la qualité de ses compositions et leur efficacité tout à fait redoutable. Le groupe aura pris tout son temps pour accoucher de ce deuxième album mais à l’écoute de
Disinterred Horror il semble évident que cela en valait la peine (l’arrivée en 2014 de Jay Wroth (Rites Of Thy Degringolade) n’y ait peut-être pas totalement étranger non plus). Sans rien réinventer, Ritual Necromancy reprend ici en moins de quarante minutes tout ce qui a fait le succès d’un Incantation sur un album comme
Mortal Throne Of Nazarene. Riffs obscurs et vicieux au goût de souffre, accélérations infernales comme si les Enfers se déchaînaient sur la Terre ("To Raise The Writhing Shadows" à 2:26, "Command The Sigil" à 3:02, les débuts impitoyables de "Discarnate Machination", le début et la fin de "Disinterred Horror"...), séquences d’une lourdeur menaçante (les deux premières minutes de "To Raise The Writhing Shadows" qui d’emblée plantent le décor, les deux breaks de "Discarnate Machination" suivi par l’ultra lourd et impressionnant "Cymbellum Eosphoris", "Disinterred Horror" à compter de 1:51...), groove hyper malsain ("To Raise The Writhing Shadows" à 3:37, "Command The Sigil" à 1:02, "Discarnate Machination" à 2:44...), solos blasphématoires d’une rare intensité ("To Raise The Writhing Shadows" à 5:56, "Command The Sigil" à 1:53 ainsi qu’à 4:11, "Discarnate Machination" à 4:05...) et bien voix d’outre-tombe absolument terrifiante (je peux vous assurer que vous courberez l’échine en guise de respect lorsque le père Friday fera son entrée sur l’excellent "To Raise The Writhing Shadows")... Voilà grosso modo de quoi se compose ce deuxième album bien moins brouillon que ne l’était son prédécesseur mais aussi et surtout beaucoup plus abouti.
Car si Ritual Necromancy vient ici très clairement affirmer son attachement à Incantation, il a le bon sens de faire les choses avec intelligence afin de ne pas être taxé de simple copycat. Il n’y a qu’à voir la structure des compositions toujours très variée pour se rendre compte de la qualité d’écriture de l’ensemble. Une écriture toujours au service du rythme, de l’efficacité et de l’ambiance. Ainsi, les plans et les séquences s’enchaînent et se succèdent mais ne se ressemblent jamais vraiment, tendant même à surprendre comme sur l’excellent "Command The Sigil" ou accélérations et passages plus en retenus semblent vouloir se répondre les uns les autres. Bien entendu, le spectre d’Incantation continue de planer sur le Death Metal de Ritual Necromancy mais après un
Profane Nexus en demi-teinte, nul doute que
Disinterred Horror devrait trouver preneurs parmi les amateurs de Death Metal caverneux.
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