Cathexis - Untethered Abyss
Chronique
Cathexis Untethered Abyss
On le sait il faut souvent du temps et de la patience pour arriver à ses fins, et sur ce coup-là l’adage s’adapte parfaitement à ce combo venu d’Austin qui aura mis dix ans pour signer sur un label important, tout en repartant pratiquement de zéro après un début de carrière prolifique. Car après avoir démarré en trombe en sortant deux albums en 2013 le quintet a ensuite quasiment arrêté son activité du fait du départ du bassiste et batteur, avant de revenir remanié quatre ans plus tard via une Démo qui pouvait donner la sensation d’un nouveau départ. Depuis autant de temps s’est écoulé et de nouveaux membres ont encore pris place à la basse et à la batterie, et cela semble enfin avoir motivé le trio originel à se (re)mettre au travail pour son troisième opus mais qui peut être considéré comme leur véritable premier, tant les gars ont enfin la maturité nécessaire après avoir enfin trouvé leur style musical si longtemps recherché. En effet les précédents étaient relativement immatures et donnaient la sensation d’avoir été mis en boîte beaucoup trop rapidement… rien de tout cela ici et du coup ce « Untethered Abyss » va se montrer solide et régulier sur la durée en proposant un Death Metal technique mais jamais outrancier, qui fait plaisir à entendre.
Car s’étirant sur à peine plus d’une demi-heure la musique des Texans propose une écriture assez sobre et fluide, aidée en cela par des compositions courtes qui n’ont pas le temps de lasser l’auditeur, tout en étant relativement variées. Preuve en est dès le départ avec le sympathique « Horizonless Realm Of Mechanical Retribution » qui propose la classique thématique de la variation entre les parties lentes à la double prédominante et celles plus enlevées où le tabassage est de rigueur. Jouant sur l’alternance continue de ce schéma (où vient se greffer une fin d’obédience tribale) cette entrée en matière montre de biens belles choses, à défaut de faire sauter au plafond tant ça reste quand même relativement lambda et balisé. Cependant tout cela se montre néanmoins facilement accrocheur de par une certaine simplicité et une trame générale facile à suivre, et ce même quand ça se densifie côté noirceur à l’instar de l’inquiétant et très bon « Given To The Colony » qui laisse un peu plus de place aux parties lentes rampantes et obscures, un constat qui va s’amplifier au fur et à mesure qu’on avance dans l’écoute. En effet progressivement on va s’apercevoir que le groupe va mettre les éléments brutaux et explosifs au second plan, privilégiant les passages les plus lourds et écrasants afin de monter en technicité et d’offrir aussi une musique plus suffocante comme via les très courts et bons « Harrowing Manifestation » / « Red Hook », à la construction presque jumelle. Si quelques explosions de violence y retentissent l’ensemble laisse la part belle aux rythmiques alourdies et relevées ainsi qu’aux patterns barrés, dont le point d’orgue est le glauque et hermétique « Library Of Babel », qui outre s’allonger durant presque six minutes voit l’apparition d’influences Doom flagrantes. Effectivement tout du long ça va rester caler sur un rythme d’escargot où les Texans vont monter d’un cran niveau technicité et en y installant une ambiance mortifère et glaciale qui prend de plus en plus d’ampleur, sans jamais aller dans l’excès même si ça lorgne ici un peu du côté de GORGUTS.
On sent légèrement ici et là des relents de l’entité de Luc Lemay sans que pour autant les Américains n’aillent aussi loin dans le délire que le génial Québécois, et heureusement d’ailleurs car il y’a tout à parier que ceux-ci n’y seraient absolument pas arrivés et qu’au contraire cela aurait nuit à leur musique. Du coup tout ceci reste relativement discret et c’est tant mieux, d’ailleurs la fin de ce long-format va laisser un espace infime à ceci préférant conserver la trame entendue jusque-là afin de clôturer dignement les débats, vu que cette ultime partie va être un peu une redite de ce qui a été proposé au démarrage. Que ce soit « Mortuus In Perpetuum », « Isolated Malevolence » et « Reanimated Kin », ce triptyque de fin permet de réentendre les mêmes éléments et choses qui ont été faites un peu plus tôt, tout en jouant néanmoins de façon plus importante sur l’équilibre des forces en présence, entre batterie au taquet et riffs affûtés. Néanmoins si tout cela est parfaitement cohérent et n’a pas le temps de fatiguer l’auditoire force est de reconnaître qu’un léger sentiment de répétition pointe le bout de son nez, la faute notamment à une absence de solos qui auraient permis de marquer un peu plus les esprits, et de différencier chacune des compositions qui donnent la sensation d’être un peu interchangeables sur la forme comme le fond. Néanmoins même s’il y’a encore du travail à effectuer pour ses membres avant de grimper plus haut dans la hiérarchie il faut saluer leurs efforts et leur persévérance mutuelle, vu qu’ils n’ont jamais lâché malgré les galères et coups durs. Cela aurait été véritablement dommage vu le potentiel intéressant de cette galette qui s’écoutera distraitement et facilement, à défaut de mieux, même si c’est toujours ça de pris.
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