Wolf - Feeding the Machine
Chronique
Wolf Feeding the Machine
On n'a pas souvent vu le Loup ici. Non, je ne parle pas de misère sexuelle mais du groupe de heavy metal suédois. Les Scandinaves menés par l'inébranlable Niklas Stålvind n'ont en effet eu droit qu'à deux malheureuses apparitions dans des live reports. Pourtant, ces vétérans existent depuis 1995, Feeding the Machine étant le huitième album de la formation parue en mars 2020 sur Century Media. Encore une fois, on est plus qu'à la bourre mais au moins, on va enfin chroniquer un disque de Wolf !
Pas que le combo soit un incontournable, cela dit. Surtout en France où il ne semble pas très connu. Ma propre connaissance de sa discographie s'arrête d'ailleurs à Legion of Bastards et Devil Seed, les deux dernières sorties. Toutefois Wolf a eu ses moments de gloire et jouit d'une solide réputation à l'international, sur album comme sur scène. Il méritait donc bien quelques lignes en ces pages. Et tant pis s'il ne s'agit pas de sa meilleure réalisation et que la pochette dénote (non ce n'est pas le nouveau Korn !). C'est qu'en plus il avait un peu disparu, le bestiau, terré depuis un moment dans sa tanière. Six ans séparent en effet Feeding the Machine de l'opus précédent, le sympathique Devil Seed. Ça fait long mais on nous avait dit de ne pas crier au loup ! Si le chanteur-guitariste Niklas reste bien sûr le chef de meute, épaulé du guitariste de longue date Simon Johansson, il a changé deux de ses partenaires. Des remplacements ambitieux puisque l'on souhaite la bienvenue au batteur Johan Koleberg (ex-Therion) et au bassiste Pontus Egberg (King Diamond). Pas vraiment des louveteaux de l'année !
Mais pas non plus de quoi bouleverser la donne même si les deux nouveaux arrivants réussissent leur première chasse ensemble, notamment le bassiste qui se fera remarquer maintes fois au cours des trois quarts d'heure. Feeding the Machine s'inscrit dans la continuité de ses grands frères. On retrouve ce heavy metal assez classique mais avec la patte Wolf, boosté par une production moderne musclée, qui renvoie à la fois vers Accept, Judas Priest et Iron Maiden, auréolé de quelques touches à la King Diamond, ainsi qu'à des groupes plus power/thrash US comme Metal Church quand le riffing se fait plus tranchant, la voix médium un poil nasillarde de Niklas évoquant d'ailleurs parfois le génial Mike Howe, décédé brutalement le mois dernier ("The Cold Emptiness", "Feeding the Machine", "Devil in the Flesh"). Beaucoup d'Allemagne, un peu d'Angleterre et des États-Unis, on y trouve un bon mélange de différentes écoles. Sans oublier cette touche suédoise mélodique et racée. Et si le canidé se promène le plus souvent à une allure modérée sur un terrain tout tracé facile à appréhender, elle sait rester aux aguets quand l'atmosphère se fait plus lourde et sombre ou fondre sur sa proie tous crocs dehors lorsque les rares occasions se présentent comme pendant "The Raven", titre le plus couillu du lot, ou "Black Widow" à 2'44.
Tout ceci a de la gueule sur le papier. Mais dans les faits, cela fonctionne plutôt en courant alternatif. Car sur ce Feeding the Machine, on y trouve à boire et à manger. Seuls les solos, nombreux, travaillés et au feeling savoureux, s'avèrent le point fort tout au long de l'opus. On a d'un côté des morceaux efficaces et inspirés au poil brillant tels le hit "Shoot to Kill" qui ouvre l'opus de façon très convaincante, "Midnight Hour" et son groove sensuel, le mémorable "Spoon Bender", "Black Widow" (de toute façon, moi, dès que ça attaque direct par un solo ...) et le très maidenien "A Thief Inside", dessert copieux assez épique. Les riffs et les rythmiques s'y révèlent percutants, les mélodies et dynamiques de chant sur les couplets pêchus et refrains tout cons (juste le titre) accrochent bien, bref le principal y est. De l'autre côté par contre, on se retrouve avec des titres plus ou moins anecdotiques où il manque des poils. C'est soit le riffing qui se montre trop générique soit les vocaux qui manquent de mémorabilité. Ou les deux. Le morceau-titre "Feeding the Machine" s'avère d'ailleurs paradoxalement un des plus faibles. Et dans l'ensemble, l'album souffre d'un rythme trop répétitif malgré quelques variations et tentatives de sonorités un peu différentes du heavy de base. En gros, c'est un peu toujours la même chose et cela rend les quarante-six minutes parfois longuettes. Heureusement que le combo finit fort sur les dernières pistes !
Clairement donc, Wolf a fait mieux que Feeding the Machine. Legion of Bastards par exemple, parmi le peu que je maîtrise de la carrière des Suédois. Les plus connaisseurs citeront sans doute Evil Star, l'album le plus réputé de la bande à Niklas. Feeding the Machine s'écoute sans déplaisir, cependant il subit le trop grand nombre de compositions banales sans grand intérêt. Ce côté "montagnes russes" a toutefois l'avantage de faire mieux ressortir les bons points (solos, mélodie, groove, ambiance) et les meilleurs morceaux. Suffisant du coup pour passer un bon moment. C'est qu'ils en ont encore sous les canines ! Juste qu'à côté des jeunes loups plein d'ardeur qui sortent les griffes pour prendre la relève, les vieux briscards se font ici un peu trop tendres.
| Keyser 26 Août 2021 - 904 lectures |
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