Eternal Champion - The Armor Of Ire
Chronique
Eternal Champion The Armor Of Ire
Austin, sympathique bourgade de près d’un million d’habitants située en plein cœur du Texas est aujourd’hui le refuge d’une scène Hardcore/Thrash/Crossover florissante. Si certains de ces groupes, notamment parmi ceux qui ont initié les choses il y a déjà plusieurs années, ont aujourd’hui passé l’arme à gauche (Iron Age) ou bien sont en passe de le faire (Mammoth Grinder), d’autres continuent de porter bien haut cet étendard à l’image d’un Power Trip dont on attend d’ailleurs le nouvel album avec impatience.
Mais malgré tout l’intérêt que je porte à ces quelques groupes, le plus bluffant dans tout cela c’est que parmi ces jeunes musiciens on en trouve certains embarqués dans des projets particulièrement surprenants dans lesquels je ne m’attendais pas vraiment à les voir. En effet, à l’image de Magic Circle dans lequel on retrouve des membres de The Rival Mob, Boston Strangler, Mental..., Eternal Champion, groupe de Heavy Metal épique, compte dans ses rangs des membres et ex-membres de Power Trip, Iron Age ou encore War Hungry. Avouez qu’il y a de quoi être étonné tant ces deux univers n’ont strictement rien à voir.
Quoi qu’il en soit, Eternal Champion n’est pas le genre de groupe à tromper sur la marchandise. L’artwork de ce premier album est en ce sens suffisamment éloquent pour que ceux qui choisissent d’y mettre les pieds le fassent en sachant pertinemment de quoi il retourne. Signée Adam Burke aka Nightjar Illustration (Mare Cognitum, Occultation, Perdition Temple, Vektor...), cette oeuvre laisse en effet bien peu de doute quant au contenu de ce premier album dont l’univers s’inspire de la littérature de Moorcock et bien évidemment de ces champions éternels (Elric de Melniboné, Dorian Hawkmoon, Corum, Erekosë) évoluant dans ce que l’auteur appelle le multivers. Êtes-vous prêt à croiser le fer et à partir en guerre contre l’ennemi ?
Disponible via No Remorse Records, label grec spécialisé dans les sorties Heavy, Power, Speed, The Armor Of Ire est le genre d’album qui invite à l’aventure. Que vous soyez un geek un peu bedonnant coincé derrière votre ordinateur, un mâle alpha aux allures de viking ou quelqu’un de tout simplement moins cliché n’a ici aucune espèce d’importance puisqu’après avoir porté votre regard sur l’artwork d’Adam Burke et pressé la touche "play", il vous suffira simplement de fermer les yeux pour vous imaginer à la place de ce puissant héro devant lequel les femmes s’agenouillent. Une représentation que tout amateur d’Heroïc Fantasy aura déjà probablement façonnée dans son esprit à la lecture de romans tels que Conan Le Barbare, le cycle d’Elric ou bien encore Le Seigneur Des Anneaux.
Mais ce caractère épique que revêt le Heavy Metal d’Eternal Champion se fait surtout ressentir grâce à des paroles dont les évocations résonnent à chaque mot ainsi qu’à des mélodies entêtantes et pleines d’allant. De fait, outre ces récits de combats meurtriers ("The Last King Of Pictdom"), de vengeance ("The Armor Of Ire"), d’épées glacées ("The Cold Sword"), d’armées impitoyables ("I Am The Hammer") et même de Cthulhu ("Invoker") qui constituent l’essentiel de ces trente-cinq minutes - épopée grandiose parmi ces champions éternels du multivers où règnent la loi et le chaos - c’est surtout grâce à ce travail mélodique que les Américains d’Eternal Champion nous embarquent avec eux dans leurs aventures périlleuses.
Il y a d’abord ce travail remarquable sur ces guitares qui lors de chaque riff semblent crier : A l’attaaaaaque ! Vivre ou mouriiiiiiir !. Malgré un tempo relativement mesuré avec des cavalcades ou des accélérations tout en retenue, on se sent très vite transportés par ces mélodies épiques et triomphantes tantôt lumineuses ("The Armor Of Ire", "The Last King Of Pictdom", "The Cold Sword"), tantôt plus sombres ou menaçantes (l’excellent titre d’ouverture qu’est "I Am The Hammer", l’interlude "Blood Ice", "Sing A Last Song Of Valdese" ainsi que cette conclusion "Shade Gate" sur laquelle résonne les paroles de Skeletor dans Masters Of The Universe : Madness! I demand of destitution, shame, and loneliness of scorn. It is my destiny! It is my right! Nothing will deter me from it...). Afin d’accompagner ces riffs imparables, les trois guitaristes d’Eternal Champion se fendent également à tour de rôle de solos éblouissants sans être pour autant démonstratifs. Une belle leçon de doigté et de feeling pour un Heavy Metal pur et héroïque.
Pour terminer, impossible de ne pas évoquer la voix si particulière de Jason Tarpey (ex-Iron Age). On pourra peut-être reprocher aux Américains un choix de production étonnant concernant sa voix avec cette réverb quelque peu exagérée mais je trouve pour ma part que cela apporte quelque chose de différent sans pour autant gâcher quoi que ce soit. Qui plus est, son timbre de voix est des plus plaisants et sait rester mélodique sans forcément en faire trop dans les aigus ce qui parfois me gêne un peu.
Nous sommes aujourd’hui en 2016 et trente-cinq ans après les premiers albums de Cirith Ungol et Manilla Road, le Heavy Metal se porte toujours comme un charme grâce à une nouvelle génération qui, si elle n’invente rien, reprend à son compte des codes qu’elle s’applique à suivre scrupuleusement. Il n’y a donc rien d’original dans The Armor Of Ire mais de toute façon ce n’est pas là le propos d’Eternal Champion. Le but des Américains est simple : nous faire voyager, nous amener avec lui dans ses histoires de conquêtes, de sorciers maléfiques, de montagnes périlleuses et de héros triomphants. Un moyen d’échapper à la morosité de son quotidien en devenant l’espace d’un instant ce guerrier fier et intrépide, ce champion éternel.
| AxGxB 27 Septembre 2016 - 3240 lectures |
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