Il aura quand même fallu neuf longues années pour que Tentation, fleuron de la scène Heavy Metal française, sorte enfin son tant attendu premier album. Celui-ci fait suite à un EP paru en 2015 (
Tentation) et à un split partagé avec leurs copains pyrénéens d’Iron Slaught (
- 665 - Les Hordes Metalliques). Deux sorties qui n’ont pas manqué d’enthousiasmer le public hexagonal amateur de Heavy Metal et qui ont également permis aux Français de se faire la main comme il se doit, notamment au niveau de ce chant qui était, au moins à l’époque du premier EP, un point largement perfectible.
Un détail qui n’a pas empêché le label Gates Of Hell Records de s’intéresser au cas du groupe de Torreilles qui après plusieurs collaborations avec quelques labels bien de chez nous (Impious Desecration Records, La Fin Du Monde, Forgotten Wisdom Productions) n’a pas manqué de répondre par l’affirmative à la sollicitation du label romain au roster particulièrement alléchant (Blazon Rite, Chevalier, Herzel, Meurtrières, Terrifiant, Traveler, Vultures Vengeance...). Le fruit de cette entente est ce premier album intitulé
Le Berceau Des Dieux dont l’artwork plutôt sympathique a été confié à l’Argentin Carlos Palma Cruchaga peu habitué aux pochettes de Heavy Metal mais grand amateur de Fantasy.
Enregistré entre Perpignan et le home-studio des garçons de Tentation et bien évidemment aidé par le mixage et le mastering impeccables et testostéronnés de Javi Félez Rodriguez (Ataraxy, Conjureth, Galvanizer, Soulrot, Teitanblood...),
Le Berceau Des Dieux bénéficie d’une production particulièrement soignée alliant lisibilité, impact et caractère. Bon, on aurait bien aimé que la basse se fasse un peu plus présente tout au long de l’album mais c’est bien là le seul petit reproche que je pourrais faire à l’adresse de cette production impeccable et assurément au service de ces dix nouvelles compositions.
S’il a en effet fallu neuf ans à nos Pyrenean Warriors pour accoucher enfin de leur premier album, trois ans "seulement" (oui, j’ai quand même mis des guillemets) séparent
Le Berceau Des Dieux des quelques titres proposés par Tentation sur l’excellent
- 665 - Les Hordes Metalliques. Un laps de temps suffisant pour que Patrice Rôhée affine sa technique de chant sans pour autant dénaturer ses spécificités. Si on a ainsi pu lui reprocher des défauts de justesse et certains placements quelque peu hasardeux par le passé (qui au passage apportaient tout de même un certain charme à leur musique), force est de constater que ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ainsi, si le timbre demeure naturellement inchangé avec ce petit côté Jason Tarpey à la française loin d’être désagréable, on constate avec plaisir que notre homme est désormais bien plus à l’aise, autant dans ces lignes de chants que lors de ses rares montées dans les aiguës, gimmick essentiel a n’importe quel album de Heavy Metal digne de ce nom. Certaines lignes vocales continuent de surprendre comme par exemple sur "L’Exode" ou "Le Couvent" mais sans que cela soit gênant. À noter également que le monsieur n’est pas le seul à pousser la chansonnette ici puisqu’il est notamment rejoint sur le bien nommé « Heavy Metal » par Jey Deflagratör d’Hexecutor dont les connaisseurs reconnaitront le cri atypique, Patrice Le Calvez de Titan à la voix rugueuse et toujours bien en place et Iron Jeremy au chant toujours aussi arraché et revêche.
Si la production et les progrès fait par Patrice Rôhée ont effectivement de quoi réjouir, ce n’est finalement pas grand chose comparés à ces compositions particulièrement dynamiques et accrocheuses que Tentation va délivrer tout au long de ces quarante-deux minutes. Bien sur, le groupe se contente de reprendre les choses là où il les avait laissé trois ans auparavant mais il le fait ici avec l’art et la manière grâce à des titres incroyablement racés, dynamiques et toujours aussi fédérateurs. On va ainsi retrouver tout un tas de séquences au caractère épique grâce notamment à ces nombreuses cavalcades ultra-entrainantes, ces riffs Speed sauvages et imparables ("Le Couvent", "La Chute Des Titans", "Conquérants", "Blanche", "Heavy Metal") et autres leads et solos mélodiques bourrés de feeling ("L’Exode" à 2:06, "Le Couvent" à 1:41 et 3:19, le très Maidennien solo de la "La Chute Des Titans" à 3:04, "Le Taureau D’Airain" à 2:22, "Heavy Metal" à 3:40...) imaginés par un Guillaume Dousse vraisemblablement touché par la grâce des Dieux. À cela viennent s’ajouter d’autres moments un peu plus loubards ("L’Exode", "Le Couvent", "Le Taureau d’Airain", "Heavy Metal") évoquant à leur manière la scène hexagonale du début des années 90 à laquelle Tentation reste naturellement très attachée.
Le Berceau Des Dieux n’échappe pas non plus à sa ballade (dynamitée par une conclusion plus énervée) avec un "Baldr" que n’aurait clairement pas renié un Sortilège des années 80. Bref, ça déroule et on prend un malin plaisir à très vite scander nous aussi ces paroles qui nous rentrent dans la tête ainsi que tous ces refrains tubesques et fédérateurs auxquels il est inutile de résister ("Le Couvent", "La Chute Des Titans", "Le Taureau D'Airain", "Blanche", "Heavy Metal"). Seule petite ombre au tableau, le titre "L'Enfant De Gosthal" auquel je n’adhère pas du tout. Composé par Yann Parpaix du groupe Ponce Pilate, on se retrouve face à un morceau exécuté essentiellement au synthétiseur et dont les sonorités et la couleur définitivement rétro m’évoquent la bande-son d’un mauvais jeu vidéo tout droit sorti d’une piètre console des années 80... C’est dommage car jusque-là (et même après), il n’y avait absolument rien à jeter sur ce premier album de Tentation.
Bref,
Le Berceau Des Dieux s’est fait attendre mais cela en valait clairement la peine. On retrouve ainsi tout au long de ces quarante-deux minutes tout ce qui a toujours fait le sel de Tentation dans une version néanmoins améliorée ++ et cela à tous les points de vue. Chant assuré et bien en place, compositions incroyablement bien ficelées, production impeccable et flatteuse, refrains absolument imparables, sensibilité mélodique exacerbée, harmonie générale et cette envie de jouer et de convaincre tout en se faisant plaisir à chaque seconde. Si les vieux de la vieille font pour la plupart de leurs retours (au moins sur les planches) des moments de réussites (ADX, Sortilège...), la jeune garde a su répondre présent afin de reprendre le flambeau d’une scène Heavy Metal hexagonale que l’on nous envie aujourd’hui et depuis longtemps au quatre coins du monde. Avec
Le Berceau Des Dieux, Tentation frappe assurément un grand coup et s’impose sans mal comme l’une des références majeures en matière de Heavy Metal.
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