Jack Starr's Burning Starr - Stand Your Ground
Chronique
Jack Starr's Burning Starr Stand Your Ground
Jack Starr's Burning Starr n'avait encore jamais eu sa place sur Thrasho. C'est sûr, votre webzine préféré n'est pas très branché heavy metal. Mais quelques-uns d'entre-nous (les meilleurs!) s'y appliquent. Alors si on essaye de parler davantage de heavy, pourquoi continuer à bouder le combo américain? Car, même si la bande de Jack Starr n'est pas le premier nom qui vient en tête quand on évoque le plus noble des genres, elle mérite amplement de figurer dans nos pages pour tout un tas de raisons. Une formation en 1984 qui la fait appartenir aux vétérans à respecter, un maître à penser fondateur de Virgin Steele qui a aussi travaillé avec des pointures comme le grand Rhett Forrester (Out Of The Darkness, magique!), un batteur, Rhino, qui a fait partie de Manowar, ou encore un excellent chanteur qui n'est autre que Todd Michael Hall, également frontman de Riot. C'est d'ailleurs sur l'album précédent de Jack Starr's Burning Starr, le costaud Land Of The Dead, que j'avais découvert le frontman et sa voix enchanteresse.
Mais la raison principale, c'est tout simplement que le groupe propose de la musique de qualité. D'abord sous la forme d'un hard/heavy comme sur le premier excellent album Rock The Americain Way (1985), puis dans une direction plus heavy aux accents power sur les réalisations récentes. Stand Your Ground, sorti l'été dernier chez High Roller Records, est donc le septième album des New-Yorkais. La pochette manowarienne très clichée metal représente à peu près bien ce qui vous attend. Du metal traditionnel pur et dur sans surprise mais qui fait le taf. Si je dis à peu près toutefois, c'est qu'on pourrait s'attendre à du heavy guerrier épique ultra burné. Sauf que pas tout à fait. On a bien des thématiques metal de héros et de fantasy ou des riffs power plutôt musclés qui tournent en boucle sur les couplets mais le tout sonne quand même assez gentillet, que ce soit en termes de rythmiques jamais très rapides entre le mid-tempo à la cool ou le mid-tempo à base de galopades typiques, ou en termes de mélodies, omniprésentes et souvent très easy-listening. On nage même limite dans le niais parfois dans certaines paroles (if we believe we can touch the sky sur "The Sky Is Falling", mouais). Cela dit, Riot est pas mal non plus dans le genre cul-cul et ça ne les empêche pas de les démonter, les culs.
Pareil pour Jack Starr's Burning Starr, dans une moindre mesure. Si on a déjà entendu heavy metal plus couillu, celui des Américains n'en reste pas moins de très bon niveau et d'une efficacité redoutable. Là encore, on retrouvera un peu toujours les mêmes raisons qui font d'un album de heavy... un bon album de heavy! En commençant par des lignes de guitares inspirées, avec plein de longs solos ultra mélodiques, des mini-solos à la pelle sur les refrains et d'autres leads agréables à l'écoute. Sans oublier les riffs classiques mais très corrects. Le feeling mélodique de Jack Starr est assez impressionnant, lui qui enchaîne avec aisance et simplicité les mélodies lumineuses (démarrage en fanfare de "Secrets We Hide", ça ne s'arrête plus sur "Stand Your Ground" à partir de 2'43, début de "Escape From The Night", "We Are One" à 0'42 absolument superbe, "False Gods" à 0'12 un peu à l'oriental, etc.). Lumineuses le plus souvent mais cela n'empêchera pas le ciel de s'obscurcir à quelques endroits (intros de "Escape From The Night" et "To The Ends", ambiance triste de "Worlds Apart"...). On sent aussi que le bonhomme a de la bouteille et qu'il vient d'une école plus ancienne. Là intervient le feeling bluesy du guitariste qui sait tenir les notes plus longtemps et faire pleurer sa guitare comme les plus grands. Le break de "Stand Your Ground" à 8'28, la belle power-ballade poignante "Worlds Apart", le solo à 3'32 sur "Escape From The Night" ou encore ceux de "False Gods" à 3'02 et du titre final magnifique "To The Ends" qui offre aussi un passage acoustique de toute beauté: voilà autant d'exemples du savoir-faire et du toucher de Jack Starr. Son jeu old-school, entre shred agile (mais pas démonstratif) et notes bluesy plus typées hard rock, fait clairement la différence par rapport à la concurrence. Et quand le talent de l'ex-Virgin Steele s'allie à celui de Todd Michael Hall, ça fait des étincelles! L'élégant frontman est à nouveau à créditer d'une performance remarquable, confirmant s'il en était besoin qu'il fait partie du gratin des chanteurs heavy metal. Dans un registre plus ou moins aigu, avec de belles montées comme on les aime, le chanteur enchaîne les lignes de chant catchy qui passent toutes seules et restent en tête sur les couplets et les refrains ("Secrets We Hide" bien marquant dès le début, "Hero", "We Are One", "Stronger Than Steel" et son final en répèt' live studio avec le groupe, "To The Ends" parmi les meilleurs dans le domaine). Quelques passages se font un peu moins inspirés et on aurait pu se passer de cette tendance à superposer des couches vocales de différentes hauteurs mais dans l'ensemble, les mélodies et rythmiques vocales, sans oublier les "oh oh oh" fédérateurs, font mouche.
Quant à la basse et à la batterie, bah on s'en branle un peu honnêtement. Ce n'est pas eux que l'on retient même si Ned Meloni et Rhino font ce qu'il faut, rien à leur reprocher. Là où le bât blesse par contre et ce qui constitue ma critique principale concernant ce Stand Your Ground, c'est sa durée. Land Of The Dead dépassait déjà l'heure de jeu, ici on affiche carrément 75 minutes au compteur! On connaît la manie des vieux (Iron Maiden, Metallica...) de faire traîner leur morceau en longueur, Jack Starr's Burning Starr n'échappe pas au syndrome. Oui, l'opus est cool et aucun morceau n'est dégueulasse mais cela aurait très bien pu faire deux très bons albums. Ou alors retirer les quelques titres un peu moins savoureux comme "Destiny", "The Sky Is Falling" et "Escape From The Night", ainsi qu'écourter ce "Stand Your Ground", morceau-titre qui s'étale sur plus de 10 minutes, pour pondre un album vraiment excellent de bout en bout qui donnerait son maximum d'efficacité et ne souffrirait pas du caractère un peu répétitif des morceaux aux structures simples et très classiques (couplet, refrain, couplet, refrain, solo, couplet...).
Cette durée excessive, plus les autres petits défauts évoqués (couches de chant superposées inutiles, le côté parfois trop gentillet...), n'empêchent toutefois pas d'apprécier cet album à sa juste valeur, même s'il s'avère également un cran en-dessous du précédent. Stand Your Ground reste un disque catchy et efficace bourré de belles mélodies accrocheuses, de solos inspirés, de riffs galopants et de lignes de chant entêtantes. Si vous n'avez jamais posé vos oreilles sur Jack Starr's Burning Starr, je ne peux que vous conseiller de le faire, par le biais de cet opus ou de Land Of The Dead voire, dans un style logiquement plus rétro, du premier album Rock The Americain Way. Vous y découvrirez un guitariste aussi expérimenté que talentueux, aux racines hard/blues délectables mêlées à l'entrain d'une sonorité moderne et puissante qui font la différence. L'apport de Todd Michael Hall ne fait que sublimer son jeu exemplaire. Alors même si tout ça traîne vraiment trop en longueur, n'hésitez pas. Moi, je l'ai quand même bien fait tourner en attendant le nouveau Riot!
| Keyser 26 Avril 2018 - 928 lectures |
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