Il y a quatre ans déjà sortait le premier album d’Eternal Champion. Un disque qui avait fait grand bruit au sein de la scène Heavy Metal mais qui, en dépit de ses très grandes qualités, souffrait tout de même d’une seconde moitié un poil moins marquante. Si le groupe n’a pas complètement disparu des radars durant ses quatre années avec les parutions aux seuls formats cassettes de EP et single ultra limités (
Parallel Of Death et l’instrumental
Terminus Est), nombreux étaient ceux qui attendaient de pied ferme le retour des Texans. C’est aujourd’hui chose faite avec
Ravening Iron, un deuxième album sorti une fois de plus chez No Remorse Records et illustré cette fois-ci par Ken Kelly, artiste peintre (et a priori amateurs de belles poitrines) bien connu des amateurs d’Heroic Fantasy et de Sword & Sorcery à qui l’ont doit également quelques travaux dans le milieu de la musique pour des artistes tels qu’Alabama Thunderpussy, Jack Starr’s Burning Starr, Manowar, Rainbow ou The Gates Of Slumber.
Si le niveau d’attente était donc particulièrement élevé (un doux euphémisme quand on voit à quelle vitesse hallucinante se sont arrachées les pré-commandes), je m’étais personnellement préparé à subir une bonne grosse déception dans les règles de l’art (tout en espérant secrètement me tromper lourdement). Un mécanisme d’auto-défense mis en place pour palier à toute déconvenue renforcé ici par le fait que le premier extrait dévoilé, loin d’être mauvais ni même désagréable, m’avait paru ronronner tranquillement. Sauf qu’il n’en est rien puisqu’à ma grande surprise Eternal Champion a réussi non pas à égaler le très bon
The Armor Of Ire (ce qui aurait été largement suffisant) mais à le surpasser !
Produit bien évidemment par Arthur Rizk (Cirith Ungol, Inquisition, Crypt Sermon, Enforced, Power Trip, Sumerlands, Tomb Mold...),
Ravening Iron marque le départ du guitariste Blake Ibanez (Power Trip) et l’arrivée à la basse de Brad Raub (Sumerlands, War Hungry) histoire de soulager un monsieur Rizk déjà fort bien occupé entre ses instruments (guitare, batterie, synthétiseur, chant), ses micros et tous ses potards... Pour le reste, ces nouvelles compositions (enfin pas toutes puisque l’on retrouve ici le titre "War At The Edge Of The End" déjà présent sur la toute première démo du groupe) renouent sans surprise avec le Heavy Metal épique et narratif dont les Texans se sont fait le fer de lance.
Alors qu’est-ce qui place
Ravening Iron légèrement au-dessus de son prédécesseur ? Et bien déjà un meilleur équilibre entre la première et la seconde moitié. Là où
The Armor Of Ire semblait baisser en intensité à mi-parcours, ce nouvel album se montre constant du début à la fin, alignant même les titres ultra dynamiques et épiques (l’enchaînement "A Face In The Glare", "Ravening Iron" et "Skullseeker") avec un panache qui ne devrait pas manquer de convaincre même les plus sceptiques. Ce "Godblade" instrumental, exécuté tout au synthétiseur à quelques minutes de la fin n’y changera rien, celui-ci réussissant même à instaurer une atmosphère très proche de la célèbre bande-originale composée par Basil Poledouris pour le film Conan. Le genre d’ambiance qui permet à notre esprit de partir vagabonder dans ces paysages solitaires s’étalant à perte de vue. On trouve bien entendu quelques titres à l’allant moins prononcé ("War At The Edge Of The End", "Coward's Keep" sur lequel Jake Rogers (Visigoth, Caladan Brood, Gallowbraid) vient pousser la chansonnette ou "Banners Of Arhai") mais ces derniers trouvent naturellement leur place parmi les autres compositions, apportant un peu plus de profondeur et de solennité là où le reste de l’album n’est qu’une invitation à partir au combat bride abattue, épée à la main, le regard fier et conquérant !
Ce qui me fait également préférer
Ravening Iron à son prédécesseur c’est tout simplement cette qualité d’écriture à la hausse et ce degré de maturité plus élevé. Comme évoqué dans le paragraphe précédent, l’enchaînement des trois premiers titres ("A Face In The Glare" et son intro improbable sur laquelle Jason Tarpey, forgeron de métier, frappe l’acier sur l’enclume avant l’arrivée de ces riffs/solos hyper efficaces, "Ravening Iron" taillé pour galoper dans les plaines de Cimmérie avec notamment ces "Ohohohoho" à reprendre à l’unisson et "Skullseeker", titre mid-tempo au groove redoutable et qui comme Conan risque de briser des nuques par paquets de cent) constitue à n’en point douter l’un des moments forts de l’album. Riffs épiques ultra entrainants, solos impeccables débordant d’un feeling guerrier évident, sens de la mélodie parfaitement aiguisé, dynamique de tous les instants, chant puissant, fédérateur et reconnaissable entre mille… On retrouve tout ce qui faisait le sel de
The Armor Of Ire mais en mieux et en plus abouti, notamment parce que les titres sont dans l’ensemble un poil plus variés et équilibrés. Mais ces trois premiers morceaux ne sont pas les seuls à mériter notre attention. La relecture de "War At The Edge Of The End" s’avère tout aussi excellente de même que ce "Coward’s Keep" sur lequel Jake Rogers va venir épauler Jason Tarpey sur ce refrain épique :
"The keep my goal. Their army fears the battle. The seas will roll. The mountains shield the battle" ou bien ce "Worms Of The Earth", chouette cavalcade épique (je l’ai déjà dit je crois) inspirée par les écrits de Howard ! Bref, les réjouissances sont de tous les instants que ce soit lors des morceaux les plus dynamiques que lors des titres aux ambiances plus élaborées.
Si je n‘y croyais pas outre mesure, force est pourtant de constater que je me régale à chaque nouvelle écoute de ce deuxième album. Certes Eternal Champion n’invente rien, sa musique empruntant effectivement beaucoup à des groupes tels que Cirith Ungol, Brocas Helm ou Manilla Road, mais pour autant
Ravening Iron n’en demeure pas moins une véritable usine à tubes Heavy Metal (à très forte tendance épique) qui réchauffe le coeur et fait travailler notre imaginaire, projetant ainsi notre conscience dans des univers peuplés de forteresses imprenables, d’héroïnes aux proportions indécentes, de dragons immortels et de sorcellerie malveillante. Un album idéal pour s’échapper en cette période maussade et, au passage, un digne héritier au déjà très bon
The Armor Of Ire.
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