Moluchtas - Into Nothingness
Chronique
Moluchtas Into Nothingness (Démo)
J’étais à Méan en Belgique il y a encore quelques jours. Mon sang bouillonnait encore des traces d’ADN du Plat Pays dont il regorge, se confrontant à celles des quatre coins de l’Europe au gré des amours (ou pas) de mes nomades aïeuls. Cette démo – quatre titres - de MOLUCHTAS en provenance de ladite contrée avait, elle aussi, bien du mal à quitter mon esprit et mes oreilles, alors je me suis dit que je me devais de partager avec notre cher lectorat ce coup de cœur, quitte à provoquer parmi vous des dépenses intempestives, sait-on jamais … je m’en excuse platement.
Illustré d’un artwork archi classique avec ces crânes et cette chaîne sur fond rouge sang (cela dit, ça fait toujours son petit effet, ce côté old school est loin de me déplaire !), Into Nothingness est sorti en format K7 avec un petit tirage de cent pièces via Haunted by Ill Angels (minuscule label belge), et pour le coup, on sait immédiatement où on met les pieds : dans la caverne d’un Monsieur Mystères, solitaire, qui ne dit ni son nom, ni ne laisse aucun indice sur son possible passé musical. Me glissant dans la peau de l’agent Clarice Starling, je tâchai de traquer le serial riffer derrière ce nom énigmatique, digne d’un pistolero mexicain. Que nenni ! Il s’agirait ni plus ni moins de la personnification de la figure démoniaque du gnosticisme séthien ayant perverti Adam et Eve à la sexualité.
Mon enquête m’a menée dans un caveau à l’odeur putride et suffocante, des araignées répugnantes, dont les toiles s’accrochaient à mes cheveux, grouillaient sur les parois suintantes, mes pieds charriaient une eau fangeuse et nauséabonde, l’obscurité opaque me privait de mes sens et de mes repères. La peur n’évitant pas le danger, j’ai pris mon courage à deux mains pour débusquer le responsable de mes émois du moment, en vain. Il ne s’est pas montré. Ce n’est pas bien grave, car pour l’heure, je savoure, sans bouder mon plaisir, le fruit défendu de son chouette travail d’écriture, de ses compositions obsédantes, alternant judicieusement accélérations démoniaques et passages mid-tempo bienvenus, pourvues d’une guitare sinistre à souhait, mais qui n’en oublie pas pour autant la mélodie en cours de route. Mention spéciale à l’enivrante piste "The Awakening", dont la courte plage de clavier officialise l’ouverture d’une macabre cérémonie, dont on voudrait qu’elle ne s’arrête jamais ! Et puis ce son ! Juste ce qu’il faut de cradingue et d’étouffé pour renforcer le côté oppressant de la tanière dans laquelle il nous enferme ! Par pitié, ne me laissez pas en sortir !
Rien de bien révolutionnaire, me direz-vous, dans l’univers du Black/Death dont l’offre est surabondante, sans que l’on parvienne à y trouver son compte malheureusement, faute de qualité, mais le sens affûté du riffing, ce chant qui me rappelle de manière assez troublante, je l’avoue, les exhalaisons pestilentielles et enfumées de VOID MEDITATION CULT dont je raffole, a eu tôt fait de me happer dans son escarcelle malsaine, provoquant une sensation particulièrement émoustillante de céder dangereusement à la tentation. Faisant preuve d’un mature savoir-faire dans le registre de la morbide malfaisance, il n’aura pas fallu longtemps pour que MOLUCHTAS s’empare durablement de mon esprit. J’attends la suite de ce qu’il aura à me proposer avec grande impatience !
| ERZEWYN 2 Septembre 2021 - 764 lectures |
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