Chamber Of Unlight - Realm Of The Night
Chronique
Chamber Of Unlight Realm Of The Night
Si les membres de Chamber Of Unlight se cachent derrière des pseudonymes plutôt mignons du genre Leper, Infection, VnoM ou Necrosis, ces derniers ne font néanmoins aucun mystère de leurs identités. Originaire de Tempere en Finlande, le groupe réunit beaucoup de beau monde puisque l’on y retrouve en effet Juha Harju (Ajattara) au chant, Iiro Illman (Ajattara) et Mynni Luukkainen (Ajattara, Behexen, Bythos, Horna…) aux guitares, Ville Markkanen (Cryptborn, Horna, True Black Dawn, ex-Maveth, ex-Archgoat) à la basse et enfin Lauri Rytkönen (Bythos, Horna) à la batterie. Un line-up de choix pour un groupe qui après une démo parue en 2017 vient de sortir son premier album sur Werewolf Records.
Néanmoins, au-delà de ce line-up effectivement alléchant, il est surtout intéressant de noter que l’écriture de cet album s’étale sur une période particulièrement étendue puisque Juha Harju, tête pensante et unique compositeur au sein de Chamber Of Unlight, à effectivement commencer à plancher sur le sujet dès 1996 et ce jusqu’en 2019... Un détail qui revêt toute son importance ici puisque cela explique en grande partie la couleur particulière de ce disque qui ne va pas hésiter à nous ramener vingt-cinq ans en arrière, à la grande époque où le terme Black Metal symphonique n’était pas encore complètement galvaudé à cause d’instrumentations trop envahissantes, de costumes prêtant plus à sourire qu’à imposer un quelconque respect et de maquillages que même une pute du bois de Boulogne n’oserait porter...
Le décor ainsi planté, vous ne serez donc pas étonné si je vous dit que Realm Of The Night vient s’ajouter à la liste de ces récents albums ayant permis de redorer le blason d’un genre tombé quelque peu en désuétude au début des années 2000 et cela pendant une bonne quinzaine d’années. De Warmoon Lord à Vargrav en passant par Ringarë, Muvitium ou Gardsghastr, nombreuses sont aujourd’hui les formations à sortir de l’oubli, avec panache et éclat, un genre souvent moqué voir dénigré par une certaine frange de la population Black Metal. Chamber Of Unlight est lui aussi de ces groupes même s’il le fait peut-être un peu plus discrètement que ses quelques confrères.
En effet, chez Chamber Of Unlight, les claviers ne tiennent pas nécessairement le haut du pavé. Car s’ils sont pourtant présents sur chaque titre ou presque, ils n’en restent pas moins tempérés (ce qui, pour un groupe originaire de Tempere, est plutôt bien vu...). Leur usage ainsi restreint ou devrais-je dire discret ainsi que leur place dans le mix, légèrement en retrait par rapport aux autres instruments, permet ainsi d’amener via ces nappes synthétiques (présentées essentiellement sous forme de voix fantomatiques et de cordes et autres instruments à vent symphoniques) une atmosphère grandiose et magique sans pour autant s’imposer à en dégueuler de tous les bords. Une parcimonie qui permet ainsi de ne garder à l’esprit que les Finlandais ne sont pas là pour amuser la galerie.
Car si Chamber Of Unlight pratique en effet un Black Metal dit Symphonique, Realm Of The Night n’en reste pas moins un album particulièrement dynamique. Plus Norvégien que Finlandais dans l’esprit, il me rappelle beaucoup le Dimmu Borgir de Enthrone Darkness Triumphant et Spiritual Black Dimensions avec qui il partage la même intensité et le même goût pour les séquences symphoniques (bien qu’elles soient quand même beaucoup plus en avant chez les Norvégiens). On va notamment retrouver chez le groupe de Tempere ce goût pour les attaques frontales menées à coups de blasts et autres tremolos implacables ("Revelations Of Dark Crafts" à 1:01, le redoutable "On The Path Of Thy Shadow", "From Grey Tombs", "Summoning The Spirit Of The Dead" à 0:38 et ainsi de suite), cette facilité à insuffler un caractère grandiose et magistral à bon nombre de ses compositions sans pour autant donner le sentiment d’en faire des caisses ("Crowns Of Divinity" à 0:42, "Revelations Of Dark Crafts" à 1:38, l’entame de "Summoning The Spirit Of The Dead", etc), cette aptitude à nuancer son propos pour varier les plaisirs comme il se doit et ainsi offrir à ses auditeurs autre chose que des salves de blasts en continue ("Crowns Of Divinity" à 1:13, "On The Path Of Thy Shadow" à 1:45, "From Grey Tombs" à 1:37, "Summoning The Spirit Of The Dead" à 2:04, la première partie de "Slumber" ainsi qu’à 2:44...) et enfin cette inclinaison mélodique exprimée de bien des manières, que ce soit évidemment à travers ce riffing débordant de feeling, ces voix déclamatoires comme sur "On The Path Of Thy Shadow » ou "From Grey Tombs" mais également lors de ces quelques leads et autres solos fort sympathiques ("Revelations Of Dark Crafts" à 1:35, "On The Path Of Thy Shadow" à 1:24 et 3:04, "Uncelestial Light (The Chamber)" à 5:00...) mais qui, et ce sera là le seul reproche que j’adresserai aux Finlandais, auraient pu être davantage mis en avant.
S’il n’a au final rien de bien nouveau à proposer, ce premier album s’avère néanmoins mené d’une main de maître. Vous allez me dire qu’avec le temps qu’il a fallu à son géniteur pour accoucher de ces huit compositions, il est plutôt normal qu’il n’y ait rien à jeter mais le fait est que malgré un manque relativement flagrant de personnalité, on a quand même bien du mal à ne pas s’enthousiasmer face à des compositions toutes plus efficaces et redoutables les unes que les autres. Évitant ainsi avec intelligence toutes les fautes de goût qui dans le style ne manquent pas, Chamber Of Unlight nous rappelle que le Black Metal Symphonique, quand il est bien fait comme c’est le cas ici, peut s’avérer extrêmement plaisant. Frontal et pourtant mélodique, varié mais néanmoins très cohérent, Realm Of The Night est un album qui n’aurait pas fait tâche s’il était sorti en 1996 lorsque Juha Harju en a débuté l’écriture. Surtout, il aurait très aisément figurer parmi les sorties les plus remarquables du genre au regard de l’intensité qui s’en dégage, de la qualité de ces compositions, de son riffing aussi excellent qu’implacable, de sa grande variété dont il fait preuve tout au long de ces quarante minutes et de ces atmosphères sombres et imposantes. Non, il n’y a là rien de nouveau mais on y revient avec plaisir, encore et encore sans jamais se lasser. Et cela, c’est forcément bon signe.
| AxGxB 23 Septembre 2021 - 1272 lectures |
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