Human Agony - Putrescence Of Calvary
Chronique
Human Agony Putrescence Of Calvary
D’habitude je prends toujours le temps d’écouter les albums promos qui nous arrivent de chez Invictus Productions, surtout lorsque j’en fait moi-même la demande auprès de Keyser qui sert de point d’entrée à toutes les sorties du label irlandais pour l’ensemble des chroniqueurs de Thrashocore. Sauf que là, je ne sais pas pourquoi, après avoir pourtant télécharger de mon plein gré ce premier album d’Human Agony, j’ai choisi de le laisser sombrer dans les limbes de mon iTunes quitte à complètement l’oublier... Enfin ça c’était jusqu’à ce que je me décide à y poser mes oreilles en juillet dernier (soit un an et demi après sa sortie) et que je me prenne, comme on pouvait s’en douter, une sacrée branlée...
Tout comme Antichrist, Blasphemy, Conqueror, Revenge ou Death Worship (si jamais vous voyez où je veux en venir), Human Agony voit le jour au Canada et plus précisément dans la petite ville de Victoria. Formé en 2016 sous l’impulsion de trois charmants garçons, le groupe devient rapidement un quatuor avec l’arrivée en 2017 de Charlie Mumma (L’Acéphale, ex-Knelt Rote, ex-Our Place Of Worship Is Silence, ex-Splatterhouse...) venu renforcer les rangs de la formation qui depuis ses débuts mouvementés poursuit ainsi son petit bout de chemin en enchainant démos, splits et autre EP jusqu’à la sortie en novembre 2019 sur Invictus Productions de Putrescence Of Calvary, premier album tout en sauvagerie dont le seul et unique mot d’ordre semble être : "Pas de quartier !".
Exécuté d’une main de fer dans un gant d’acier en tout juste trente minutes et quelques secondes, ce premier "longue durée" qui n’en a bien que le nom n’entend effectivement faire aucun prisonnier mais plutôt annihiler toute forme de résistance futile jusqu’à cette victoire prévisible et surtout totale à l’issue d’une démonstration de force particulièrement musclée. Un exercice toujours un petit peu périlleux et jusqu’au-boutiste qui pourtant ne semble poser aucun problème aux quatre canadiens qui font ici l’étalage virile de toute leur puissance et de leur suprématie avec une aisance pour le moins déconcertante.
Évidemment, la musique de Human Agony doit tout (et quand je dis tout c’est absolument tout) à celle de ses quelques ainés évoqués un petit peu plus haut. Un constat qui n’est en rien une surprise puisqu’il en a toujours été ainsi avec ce genre de formations de Black / Death bestial et bas du front. Formations effectivement toujours soucieuses de perpétuer cet héritage sans jamais y apporter quoi que ce soit de vraiment nouveau (si ce n’est peut-être ce côté bruitiste amené par des groupes tels que Tetragrammacide, Nyogthaeblisz, Deiphago...). De cette approche particulièrement radicale, nihiliste et supérieure à cette exécution impitoyable, linéaire et meurtrière, il y a peu de place chez les Canadiens pour l’improvisation et la nouveauté. De fait, il n’y a donc rien d’autre à attendre de Putrescence Of Calvary qu’une leçon de violence aussi radicale qu’efficace et jouissive.
Joué comme il se doit de l’être, c’est à dire le couteau entre les dents avec la furieuse envie d’en découdre pour le moindre petit prétexte même le plus anodin, ce premier album de Human Agony s’offre le luxe de quelques samples oppressants en guise de petits trous d’air. Des moments qui pourraient presque être salvateurs s’ils n’étaient pas aussi dérangeants (ces hurlements de terreur à vous glacer le sang sur "Introduction" et "Outro" ou bien encore ces bruits étranges à la sauce Portal (époque Ion) sur "..."). Bien entendu, les défauts sont ici les mêmes que sur n’importe quel autre album du même genre avec notamment cette linéarité inhérente au style pratiqué et à cette urgence de tous les instants ou presque. Heureusement et comme on l’a vu, ce premier album se veut court. Aussi, personne ne devrait avoir le loisir de trouver le temps trop long ni de s’ennuyer à l’écoute de ces déflagrations savamment orchestrées. De la même manière, Putrescence Of Calvary se distingue à l’inverse par les mêmes qualités que celles présentes chez ses ainés à commencer par cette faculté à offrir à l’auditeur une demi-heure particulièrement douloureuse en forme de défouloir aussi peu subtile qu’efficace. Non, il n’y a définitivement rien de très malin dans ce Black / Death mené tête baissée mais ces coups de boutoirs à répétition et autres cymbales infernales, ces riffs agressifs et particulièrement abrasifs, ces solos déglingués et chaotiques, cette intensité exacerbée, ce groove vicieux et presque martial lorsque Human Agony ralenti brièvement la cadence, cette production qui offre une évidente lisibilité et cette approche ultra-radicale sont, une fois mis bout à bout, ce qui fait le charme de ce genre de punition auditive sans compromis aucun.
Disque excessif, comme à peu près tous les albums qui s’inspirent ouvertement de Blasphemy et compagnie, Putrescence Of Calvary n’a pas d’autres prétentions que celles de créer du chaos et d’offrir à l’auditeur un moyen bête et méchant pour laisser libre court à ses pulsions destructrices. Et pour le coup, c’est ici mission accompli même si encore une fois il n’y à là rien de bien nouveau à se glisser sous la dent. Mais si foutre le bordel est une chose relativement aisée, Human Agony tire néanmoins son épingle du jeu grâce à des compositions particulièrement efficaces (riffing, dynamique, intensité, groove...) sur lesquelles, grâce notamment à une production soignée (en tout cas pour le genre pratiqué), il est facile de revenir. Bref, après Crurifragium, Ululatum Tollunt et Clunaculum, Invictus Productions prouve qu’il a le flair pour pister les groupes de Black / Death dignes d’intérêt. Non, Human Agony ne chamboulera pas le milieu mais ce premier album ne manquera pas de faire son petit effet auprès du public averti à qui il se destine.
| AxGxB 9 Février 2022 - 861 lectures |
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