Laang - Xinteng
Chronique
Laang Xinteng
Si vous voulez tout connaître sur le metal chinois, ce n’est pas sur Thrashocore qu’il faut traîner, mais sur Scholomance. Ah mais il faut savoir être honnête et admettre que si Sakrifiss vit au Japon et en connaît donc très bien la scène, il y a sur leur webzine ami un gros spécialiste du pays de Confucius. Du coup, il pourrait être bien plus précis que moi pour présenter LAANG. Il se pourrait même qu’il me reprenne tout de suite pour préciser que ce groupe dont le nom signifie « froid » n’est pas chinois, mais taïwanais. Et là, ce n’est pas avec moi, mais plutôt avec le gouvernement de Xi Jinping qu’il aurait à poursuivre la conversation !
LAANG existe depuis 2018, et c’est un artiste complet (Laang lui-même) qui est derrière. Il appelle sa musique du « Terror Black Metal » et raconte une anecdote intéressante au sujet de ses motivations : en 2017, il a été victime d’une attaque à main armée alors qu’il était au volant de sa voiture. Un tir est parti et, touché, il a sombré dans le coma quelque temps. A son réveil, il a estimé que son âme avait « voyagé » dans un lieu proche des enfers et il a désiré partager ce ressenti dans sa musique, dans ses paroles, dans ses compositions. Il a alors sorti un premier album, seul, en 2018, et il revient en 2021 avec une suite de 8 pistes, cette fois-ci accompagné d’un bassiste et d’un batteur. Un bien bon album…
Ce n’est pourtant pas le style ou la base des compositions qui le rend intéressant. Car finalement, son terror black metal est plutôt du death mélodique aux accents black, assez classique même. On y trouve ainsi des passages qui raviraient plus les fans de DARK TRANQUILLITY, IN FLAMES old-school ou HYPOCRISY que ceux de MAYHEM et consorts. Un style qui a eu de grands succès et qui a été tellement copié et recopié qu’il est difficile de se démarquer en en jouant. Mais LAANG y parvient grâce à sa personnalité. Et s’il arrive à se rendre unique, c’est avant tout par des vocaux d’excellente facture. Très très chauds, très très agressifs, parfaitement habités, ils ont au début irrité le détracteur de voix death que je suis, pour finalement me convaincre. Ils arrivent à m’envelopper dans leurs textures graves, tout en me piétinant violemment. Et le chant en chinois vient encore ajouter à leur unicité, ressemblant à ce que CHTHONIC nous inflige à chaque fois. Les deux formations ont d’ailleurs beaucoup de similitudes, et ce au-delà de leur nationalité ! Sauf que LAANG ne fait pas appel au symphonique et n’a donc rien à voir avec CRADLE OF FILTH sauce chinoise. Du piano, oui. Quelques choeurs clairs, oui. Mais sans jamais en abuser. Et puis il glisse très rarement, et même trop rarement, des passages aux sonorités asiatiques, qui là aussi apportent une saveur rafraichissante. Un résultat qui peut aussi faire penser à HARAKIRI FOR THE SKY d'ailleurs.
Ces éléments, qui créent donc la personnalité du groupe, rendent l’album très attrayant, et sans eux nous serions même en présence d’un album où les riffs sont trop pauvres et prévisibles pour retenir l’attention. Mais c’est finalement le principal ! Trouver une formule ou juste un ou deux éléments qui permettent de se différencier du reste ! C’est le cas. Alors j’aimerais dire que cet album est excellent et indispensable, mais les morceaux sont malheureusement inégaux. Je suis complètement gaga des pistes 1, 2, 4 et 6, mais les autres m’ont paru un petit cran en-dessous, ou alors un peu trop répétitive à mon goût. Cela donne donc une très bonne surprise, et je sais que je réécouterai l’album à nouveau à l’avenir...
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