Hexorcist - Evil Reaping Death
Chronique
Hexorcist Evil Reaping Death
Paru l’été dernier et malgré mon retard à l’allumage, le premier album des Américains d’Hexorcist n’est pas vraiment passé inaperçu ici sur Thrashocore. Il faut dire que l’artwork signé de l’Indonésien Johny Prayogi (et non Paolo Girardi comme je m’étais pris à le penser en premier lieu) possède ce pouvoir d’attirer le regard et d’inviter l’auditeur un petit peu dégourdi et surtout pas trop feignant à s’acquitter de quelques clics supplémentaires pour aller voir et entendre de quoi il retourne exactement...
Originaire de Miami, Hexorcist voit le jour dans le courant de l’année 2019. Une jeune formation dans laquelle on retrouve notamment un membre de Gnosis ainsi qu’un ex-Kerasphorus. Aussi, après une première démo intitulée Bestiarum Vocabulum récemment rééditée au format vinyle par le label Headsplit Records, le groupe floridien a naturellement poursuivit son petit bout de chemin avec la sortie de Evil Reaping Death sur Memento Mori, label espagnol passionné mais relativement discret dont le catalogue continue petit à petit à s’étoffer de sorties de grande qualité (Conjureth, Ectoplasma, Pneuma Hagion, Altered Dead, Dipygus, Cardiac Arrest, Kurnugia...).
Après ces présentations d’usage, rentrons si vous le voulez bien dans le vif du sujet d’autant plus que les garçons d’Hexorcist ne sont pas du genre à vouloir brouiller les pistes, préférant effectivement jouer cartes sur table chaussés de leurs gros sabots et d’un manque évident de subtilité. Bouclé en un tout petit peu plus de trente-cinq minutes avec à la clef une reprise de Devastator, groupe aujourd’hui défunt dans lequel ont officié deux des membres d’Hexorcist (les mêmes que ceux mentionnés ci-dessus), Evil Reaping Death ne fait effectivement aucun mystère de sa principale source d’inspiration qui, Floride oblige, est à chercher du côté de l’un des pionniers les plus emblématiques de cette région qui pour rappel fût l’un des berceaux du Death Metal durant la seconde moitié des années 80...
Si la liste de ces pères fondateurs s’avère longue comme le bras, Hexorcist a choisi de jeter son dévolu sur le Morbid Angel des débuts (celui de Abominations Of Desolation et de Altars Of Madness) dont le spectre plane lourdement sur ces dix compositions effectivement peu portées sur le renouveau, l’originalité et la prise de risques. Encore une fois, si ce genre de parti-pris peu scrupuleux vous pose un quelconque souci, mieux vaudrait passer votre chemin tant il n’y a rien d’autre à attendre ici qu’une relecture fidèle et sincère de ce qui se faisait il y a déjà plus de trente ans…
Servi par une production idéalement taillée pour le job c’est à dire marquée par ce coté âpre et dépouillée qui lui apporte une authenticité évidente sans pour autant perdre de vue que nous sommes en 2022 (ou plutôt en 2021 au moment des faits), Evil Reaping Death bénéficie d’un son rugueux et néanmoins moderne avec notamment cette basse aux rondeurs affolantes bien que relativement discrètes et plus globalement une production équilibrée qui va rendre justice à chaque instrument. Passée dès lors cette introduction empruntée au compositeur français Hector Berlioz et bien connue de ceux ayant déjà vu The Shining et sa superbe scène d’introduction, Hexorcist va rapidement passer aux choses sérieuses en déboulant dès la quarante-neuvième secondes avec un solo chaotique que n’aurait certainement pas renié un certain Trey Azagthoth. Une fois lancées, les hostilités vont évidemment persister tout au long de cette grosse demi-heure sans jamais véritablement faiblir si ce n’est lors de quelques séquences servants notamment d’introductions comme c’est le cas sur "Denouncing The Immaculate", "Unrighteous Ceremony" ou "Pressing The Most Foul » ou bien encore lors de quelques moments tout simplement moins en tensions ("Exulting The Adversary" à 2:46, "Unblessing The Reverent" à 1:34, "Denouncing The Immaculate" à 1:40, "Unrighteous Ceremony" à 2:38...). Pour le reste et comme Morbid Angel en son temps, c’est essentiellement pied au plancher que le groupe américain mène ici ses assauts sans coup férir. Accélérations thrashisantes haletantes, séances de mitrailles et autres blastouilles tranquilles mais volontaires, solos diaboliques et surtout bordéliques sortis de nul part mais qui avec eux et à grands coups de vibrato vont amener un peu de chaos supplémentaire, riffs simples mais ô combien sinistres et efficaces, growl arraché, lointain et bardé de réverb... Bref, la totale pour un résultat qui à défaut de révolutionner quoi que ce soit ne manquera pas de faire son petit effet parmi tous les amateurs du early-Morbid Angel ou de groupes tels que Nocturnus, Necrovore, Sarcófago et même Angelcorpse à qui les Floridiens empruntent également un petit peu.
Si de prime abord le Death Metal d’Hexorcist ne paie peut-être pas de mine, Evil Reaping Death s’impose pourtant au fil des écoutes comme une sortie de qualité, aussi efficace que convaincante. Alors effectivement, le groupe originaire de Miami doit beaucoup à Trey Azagthoth et à ses petits copains de l’époque mais ce n’est pas une raison suffisante pour bouder ici son plaisir face à un groupe qui assurément maitrise son sujet et face à un album qui en l’espace de trente-cinq minutes vous fera voyager en Floride à la fin des années 80... D’ailleurs, quand on voit se qu’est devenu Morbid Angel aujourd’hui, on se dit qu’il est plutôt chouette d’avoir des groupes de la trempe d’un Hexorcist pour continuer à faire vivre à leur manière cet héritage malheureusement entaché par ces histoires de line-up, photos de David Vincent un brin gênantes et autres albums absolument improbables...
| AxGxB 8 Février 2022 - 945 lectures |
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