Defod - The Lengthening Shadow
Chronique
Defod The Lengthening Shadow
Si l’on peut reprocher à l’heure actuelle un manque flagrant d’originalité musicale ainsi qu’une vaste redite de la part de nombreux groupes ou formations menées en solitaire, il arrive encore heureusement que certains noms venus de nulle part arrivent à créer un coup de cœur immédiat en proposant un style relativement personnel au milieu d’un classicisme assumé et rassurant. C’est dans cela qu’évolue le chanteur et multi-instrumentiste Raz avec ce projet récemment créé dans son Pays de Galles natal, qui propose un Black Metal très varié et aux influences nombreuses qui laisse une large place aux ambiances crépusculaires et épiques, sans que la violence y soit absente. Néanmoins si celle-ci va se montrer relativement discrète elle va tout du long y faire des apparitions avec parcimonie comme pour mieux se faire désirer et renforcer les passages occultes, où se mêlent une relative mélancolie brumeuse qui renvoient à la littérature gothique Britannique du XIXème siècle des maîtres Lord Byron, Walter Scott et Emily Brontë. Car bien que s’inspirant partiellement des maîtres Norvégiens ce premier album sent bon le climat local de sa tête pensante tant le vent, l’humidité et la pluie vont être de la partie et porté par un tempo qui va être la plupart du temps assez posé, sans pour autant que le résultat soit linéaire ou redondant.
En effet on va être littéralement happé en continu, et ce dès l’introduction intitulée « Ritual II » à la fois inquiétante et lancinante de par sa rythmique lente et délicate où la basse ronflante va trouver une place prépondérante sur ce disque à l’instar de SHINING ou JOY DIVISION, afin que la chaleur se mêle à la noirceur ambiante. Tout cela va continuer par la suite sur cette première partie d’opus où l’on ne trouve nulle trace d’ennui ou de linéarité, notamment grâce à des morceaux relativement courts qui conservent ainsi leur attrait sur la durée. On s’aperçoit de cela via le brumeux et triste « The Burning Intent » d’où émerge un solo tout en douceur ainsi que des blasts énergiques afin d’élargir le panel musical et densifier une musique inspirante et inspirée relativement accessible. Bien que gardant majoritairement un tempo au ralenti les compos sont néanmoins assez variées vu que son géniteur n’hésite jamais à accélérer ou proposer des plans plus entraînants, et si cela a été le cas ici avec cette plage les suivantes vont pour la plupart garder cette doctrine avec toujours une réussite indéniable comme sur le très bon « Possessor Of The Golden Sickle ». S’inspirant du côté de Niklas Kvarforth au niveau des riffs tout comme de la voix (qui se fait parlée et incantatoire) l’ensemble se montre hypnotique et glacial aidé par un dynamisme imposant, à l’instar de « To Conquer The Dark Within » tout en sobriété où vitesse et lenteur se côtoient facilement et offrent un excellent rendu général. Cependant il était dit que chaque composition serait bien différente l’une de l’autre, et cela va être progressivement plus flagrant encore comme avec le redoutable « Votive Offering » où le Gallois passe en revue presque toute sa palette de jeu. Si l’on y retrouve des plans déjà entendus précédemment on y voit aussi l’ajout de mid-tempo instinctif et guerrier propice au headbanging au milieu des variations classiques, et tout cela avec en prime un break doux et apaisant où les notes calmes permettent de souffler avant de mieux repartir à la charge. Montrant un regain d’explosivité et de haine ce morceau va servir de tremplin au débridé et enragé « Efydd » qui nous plonge dans la grande époque de GORGOROTH, tant ça tabasse fort et est mené tambour battant via des parties remuantes et des riffs gelés et coupants, prouvant que même en simplifiant son écriture celle-ci reste efficace et cohérente de bout en bout.
Après tous ces excellents moments une pause s’impose et celle-ci intervient via le court interlude « Embers Linger At Eventide » qui va dévoiler une facette tribale aux atmosphères renforcées, qui va donner le ton de la suite de cet opus qui va gagner en densité et en tessitures diverses, tant ça va aller plus loin au niveau des arrangements. En effet avec « The Folly Of God’s Creation » on est envoyé en plein vers quelque chose d’onirique et d’occulte, tant la voix se fait douce et récite ses paroles comme des psaumes et prières diverses, le tout aidé par un vent glacial et la neige au milieu de variations rythmiques nombreuses. Misant sur tous les tempos possibles la tristesse y côtoie la fureur avec une souplesse déconcertante, toujours mises en avant par ce jeu de batterie fin et fluide sans excès divers et cette guitare qui claque autant en rythmique que sur les leads, afin d’offrir des relents religieux teintés de mélodie plaintive, pour un rendu magnifique qui sert de parfait condensé à l’œuvre du Gallois. Summum de ce long-format cette compo marque aussi la quintessence de son créateur (avec le majestueux et dépressif « Dioddefwch » beau à presque en tirer des larmes) et aussi paradoxalement le début de la fin du disque qui va paraître un peu plus neutre par la suite, que ce soit avec le spatial et dépouillé « Ceremony Of The Seven Stars » qui souffre de longueurs inutiles – ainsi que le pluvieux (mais un peu trop pépère) « Glaw » qui clôt des débats mais qui y aurait gagné en force en se faisant un peu plus court.
Néanmoins tout cela n’est que de l’ordre du détail (à l’instar de la production qui manque parfois de puissance et sonne parfois un peu juste) tant le contenu global est quasiment un sans-faute qui captive véritablement, et montre un travail d’orfèvre de la part de son créateur qui sans faire de bruit a totalement réussi son pari de transposer son inspiration riche en atmosphères diverses sur une longue-durée. Dévoilant un vrai talent qui ne demande qu’à exploser à la face du monde malgré le peu de visibilité de son label, DEFOD ne laissera pas indifférent et fera parler autant du côté des puristes que de la nouvelle et jeune génération… signe de l’originalité et la qualité de ce qui est proposé ici et dont on a déjà hâte d’entendre la suite, tant le potentiel proposé semble immense et sans limites.
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