Deserted Fear - Doomsday
Chronique
Deserted Fear Doomsday
Si certains aiment innover et surprendre à chaque nouvelle sortie d’autres au contraire ont une formule bien à eux qu’il n’est pas question de changer d’un iota, surtout quand celle-ci a fait ses preuves et qu’elle risque de dérouter les fans si elle n’est pas appliquée à la lettre (le conservatisme et la routine étant souvent une valeur refuge). Si on ne compte plus les grands noms ayant appliqué ce point de vue celui-ci sied également parfaitement au trio d’Eisenberg, qui depuis son premier opus il y’a déjà dix ans a toujours misé sur son Death mélodique et accessible à l’agressivité variable, et finalement relativement interchangeable. Car même si « Kingdom Of Worms » et surtout
« Dead Shores Rising » se montraient un peu en-dessous du reste de par un côté un peu pantouflard et monotone, ceux-ci trouvaient néanmoins facilement leur place au sein d’une discographie relativement équilibrée, et ce cinquième chapitre ne va pas faire exception ni tâche au sein de celle-ci. En effet on va y retrouver les mêmes bons points et les mêmes défauts récurrents que chez ses prédécesseurs, même s’il faut bien avouer que le rendu général va être très agréable et surtout donner la sensation que les gars se sont un peu plus mis au travail après une période de pilotage-automatique qui a bien failli leur coûter cher.
Néanmoins au départ ça n’est pas cela qui va ressortir au grand jour tant on va être déçu des mornes et pépères « Part Of The End » et « Idols Of Triumph » qui ne haussent jamais le rythme et n’arrivent jamais à susciter l’engouement, de par un côté répétitif flagrant et un manque de dynamisme criant. Sans être ratées ces compositions sont néanmoins trop prévisibles et ennuyeuses pour captiver sur la durée et on pouvait ainsi craindre le pire quant à la qualité de cette nouvelle (et attendue) livraison. Mais finalement tout cela n’était qu’un trompe-l’œil tant la suite va aller crescendo en accroche comme vers l’écriture, cette dernière se montrant bien plus inspirée que ces dernières années sans pour autant sortir de sa zone de confort. En effet avec « Follow The Light That Blinds » les choses vont progressivement gagner en force notamment du fait que le tempo s’agite enfin et sort de sa torpeur, en offrant des moments où ça accélère franchement tout en proposant plus de variété et de passages propices au headbanging, qui ne vont cesser d’être présents par la suite. Car se terminant par le très bon et varié « Fall From Grace » cette première moitié finit de bien meilleure manière qu’elle n’avait débutée, et la seconde va continuer sur cette même lancée pour un rendu global fort sympathique. Si le démarrage de « Reborn Paradise » faisait craindre une baisse de régime de par là-encore une rythmique un peu trop mollassonne, le reste du morceau est réhaussé par l’apport d’un très bon solo mélodique qui ajoute de la lumière à une musique qui ne cherche nullement à se réinventer la roue, mais fait le boulot comme il faut.
D’ailleurs le reste de ce long-format va confirmer toutes les bonnes choses proposées jusque-là, notamment en sortant des passages groovesques à mort aux accents épiques affirmés ainsi que des moments en mid-tempo entraînants que l’on peut entendre sur les très bons et variés « The One Desire » et « Call Of Emptiness », qui vont à l’essentiel tout en se faisant suffisamment variés pour ne pas être redondants. Le sommet étant atteint avec l’excellent « Voices Of Fire » qui mélange intelligemment relents guerriers pour secouer la tête avec d’autres plans plus massifs pour mettre au tapis tous les ennemis, et toujours en conservant son dynamisme imparable et son alternance continue typique de l’attractivité du groupe. Se clôturant sur le sympathique et bien foutu « Doomsday » ce nouveau disque des Allemands se classe parmi les meilleurs de sa carrière, de par sa meilleure homogénéité conjuguée à une inspiration en hausse et des titres passe-partout moins fréquents. Si comme d’habitude on pourra reprocher un manque de vitesse et de brutalité qui pourraient se faire entendre plus fréquemment (à croire que les mecs ont peur de lâcher les chevaux !), ainsi que des plans relativement semblables en permanence, on ne fera cependant pas la fine bouche vu que tout cela passe comme une lettre à la poste et s’écoute facilement sans réelle lassitude à défaut d’être complètement mémorable. Ayant retrouvé un certain intérêt après un petit coup de mou le combo prouve qu’il faut toujours compter sur lui et qu’il est une valeur sûre faisant le boulot avec passion et envie, et qu’il reste un modèle de stabilité en interne (ses membres n’ayant pas changé depuis leurs débuts ensemble il y’a quinze ans maintenant). Si on est toujours content d’entendre de la nouveauté de leur part un peu plus de folie ne ferait pas de mal et ne serait pas de refus, au risque pour eux de finir par lasser leur auditoire même le plus passionné et motivé, même si pour l’instant cela n'est pas encore le cas et c’est tant mieux pour eux.
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