De quoi adoucir
la déception créée récemment par Nightfell ? Il y a un peu de ça, dans ce premier album en solitaire de Brian Ortiz (se renommant ici Huey Itztekwanotl o)))), bien connu pour être le guitariste de Xibalba. Après
le retour en grâce qu’a été Años en Infierno, il était obligatoire de se jeter sur Tzompantli, malgré un nom imprononçable (une pensée pour les Youtubeurs qui s’oseraient à le conseiller sur leurs chaînes – l’écrit, ici comme ailleurs, montre sa supériorité sur l’oral).
Mais
Tlazcaltiliztli (non franchement, si quelqu’un a une vidéo d’une personne cherchant à mâchouiller au moins le nom de l’album, je suis preneur) est bien plus qu’un palliatif, que cela soit pour rattraper des déconvenues ou même attendre le prochain assaut de la bande de Californie. Certes, on retrouvera sur ces trente-trois minutes – une durée courte percutante bien que laissant un peu sur sa faim – les éléments qui font le prix du projet principal dont Tzompantli peut se voir comme une excroissance death / doom portant encore plus haut l’influence du folklore des natifs américains. Que ce soit dans ces tremolos marchant au pas de Bolt Thrower, ces quelques mid-tempos frôlant de D-beat ou encore ce ton hostile et brûlant, l’amateur de
Años en Infierno ne sera pas dépaysé.
Il trouvera cependant, en ambiance et en riffs, une version plus rustre, morbide, de la musique de Xibalba, embrassant le death / doom non seulement en terme de rythme – encore que, un peu comme chez
Mortiferum, on trouve quelques surprenants coups de jus – mais également dans un propos se nourrissant d’images de feu, de sang et de mort. Les quelques passages marqués par des instruments traditionnels parcourant l’ensemble sont ainsi plus que de l’habillage (chose qui aurait été de trop sur un temps de jeu aussi restreint) : ils participent à l’aura macabre présente à chaque instant, y compris lors de leads typiques d’un doom fricotant avec l’extrême.
Une aura qui trouve sa pleine réalisation dans le conclusif « Yaotiacahuanetzli », titre évoquant les plongées mélancoliques dont on sait capable le Monsieur (souvenez-vous du diptyque « El Abismo » sur
Años en Infierno), mêlant pour l’occasion son death / doom à un hardcore se débattant au ralenti, rappelant par certains aspects
Hangman’s Chair (notamment ce début de morceau qui aurait pu être écrit pas les Français). Mais bien des choses se déroulent avant ce clou final,
Tlazcaltiliztli possédant une bonne tenue d’ensemble où l’ennui pointe rarement le bout de son nez. On regrettera tout de même une baisse de régime sur « Tlamanalli », plus convenue que le reste, faisant rater de peu au disque la catégorie des meilleurs débuts de l’année.
Car on songe plus d’une fois à le mettre dans cette case, ce premier jet de Tzompantli montrant que Brian Ortiz reste particulièrement inspiré (le prochain album de Xibalba est attendu avec encore plus d’impatience). Doté d’une production lourde et étouffante tout en restant limpide, de moments forts ainsi que d’un concept aussi original que pertinent, il ne manque pas beaucoup à
Tlazcaltiliztli – quelques secondes en moins et quelques minutes en plus – pour marquer durablement. N’hésitez donc pas à en parler autour de vous… et à m’envoyer une preuve sonore. C’est qu’on s’ennuie en ces temps de canicule !
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