Je ne crois pas me tromper si je vous dis que c’est bien la première fois que je chronique l’album d’un groupe aux rangs aussi incroyablement chargés. D’ailleurs, peut-on encore parler de groupe ou bien faut-il employer le terme "orchestre" lorsqu’il s’agit d’évoquer les Californiens de Tzompantli ? Si je ne pense pas qu’il y ait de mauvaise réponse à cette question, toujours est-il que dix lascars pour un groupe de Death / Doom, ça semble a priori beaucoup (même si ce n’est pas moi qui irai leur dire à la vue de cette photo machette et macuahuitl (arme blanche de mêlée à la fois tranchante et contondante) en mains).
Né de l’esprit de Brian Ortiz (Xibalba) qu’il a un temps mené en solo, Tzompantli s’est ensuite transformé en duo avec l’arrivée d’un certain G-Bone (basse et instruments folkloriques). C’est sous cette forme que le groupe sort en 2022 un premier album intitulé
Tlazcaltiliztli (avec tout de même le soutien de Mateotl Gonzalez en musicien de session pour jouer également une partie des instruments folkloriques). À l’issu de celui-ci, G-Bone décide pourtant de quitter le navire laissant de nouveau Brian Ortiz seul à bord. Vraisemblablement peu enchanté à l’idée de rempiler en solo, le père Ortiz va choisir de s’entourer de neuf nouveaux musiciens (rien que ça) parmi lesquels Justin Ton (Dead Heat, Paranoiac, ex-Apparition...) à la guitare, Issaiah Vaca (Civerous...) aux instruments folkloriques et au chant, Jason Brunes (Xibalba) aux percussions et aux instruments folkloriques, Justin Moore (Teeth...) aux instruments folkloriques et au chant ou encore Erol Ulug (Teeth...) à la batterie.
Intitulé
Beating The Drums Of Ancestral Force (j’imagine Ikea se délecter de pouvoir prononcer ce titre sans craindre de fauter), ce deuxième album paru en mai dernier voit Tzompantli réitérer sa collaboration avec le label 20 Buck Spin. Plus surprenant, cette illustration rougeoyante signée Adam Burke. Une oeuvre pourtant bien dans l’esprit des différents sujets méso-américains abordés par le formation californienne mais néanmoins assez éloignée des travaux habituels de l’artiste américain. Enfin pour ce qui est de la production, le groupe n’a pas eu à chercher bien loin puisque c’est une fois de plus Erol Ulug qui s’en est chargé. Un travail qu’il connait bien puisqu’en plus d’avoir déjà collaboré avec Tzompantli sur ce poste, celui-ci a également travaillé par le passé avec tout un tas de groupes tout aussi recommandables (All Out War, Depraver, Human Corpse Abuse, Mortal Wound, Our Place Of Worship Is Silence...). D’ailleurs cette production massive est clairement l’un des atouts de ce disque. Un son écrasant et limpide qui participe autant à la compréhension de chaque composition notamment lors des séquences les plus soutenues qu’à la sensation de lourdeur qui s’abat sur nous durant ces passages plombés qui ponctuent largement la musique des Californiens.
Pour le reste, on ne peut pas dire qu’il y ait énormément de changements à signaler à l’écoute de ces sept nouvelles compositions si ce n’est que la dernière remarque d’Ikea sur laquelle il concluait sa chronique a été entendue puisqu’à nombre égal de titres, ce sont dix minutes supplémentaires qui s’ajoutent à la durée de ce nouvel album. Oscillants ainsi entre quatre et neuf minutes, celles-ci font la part belle à un Death / Doom funèbre et menaçant ("Tlaloc Icuic" et ses airs de cérémonie tribale particulièrement inquiétante ou "Icnocuicatl" bien plus atmosphérique) qui effectivement, grâce à l’usage récurrent mais jamais malvenu ni prépondérant de ces diverses sonorités folkloriques, évoque la mort et notamment tous ces sacrifices humains particulièrement sanglants auxquels se sont adonnés une grande partie des populations méso-américaines. Des morceaux globalement plus longs lors desquels Tzompantli va donc se permettre d’étoffer son propos sans jamais manquer de varier les plaisirs. Si nombre de ces moments se caractérisent par un rythme funéraire et des riffs écrasants, une batterie à l’économie, un growl profond et abyssal ainsi que quelques touches mélodiques et spectrales évoquant toujours les mêmes groupes (diSEMBOWELMENT, Evoken, Thergothon, Spectral Voice...), on appréciera de pouvoir se laisser aller à dodeliner de la cabeza sur quelques-uns de ces passages au groove plus ou moins prononcé ("Tetzahuitl" à 0:53 et 1:42, "Tlayohualli" à 0:09, "Chichimecatl" à 3:31, "Tetzaviztli" à 4:52 et 5:32, "Icnocuicatl" à 6:48).
Mais
Beating The Drums Of Ancestral Force ne manque pas non plus d’allant grâce à quelques accélérations plus sauvages à l’image de ce démarrage en trombe sur le très bon "Tetzahuitl" suivi par "Chichimecatl" à 1:11, 2:01 et 3:45, "Tetzaviztli" à 4:04 ou "Otlica Mictlan" à 0:46, 1:40 et 2:23. À ces moments il convient également d’associer quelques passages tout simplement plus entrainants ("Tetzahuitl" à 1:12 et 2:28, les premières secondes de "Tlayohualli" puis à compter d’1:16, "Chichimecatl" à 1:40, "Tetzaviztli" à 5:00) qui à leur manière participent eux aussi à la dynamique de ce deuxième album.
Offrant à l’auditeur la parfaite balance entre Death Metal, Doom plombé et funéraire et sonorités folkloriques du meilleur effet (encore que je n’aurais pas été contre une mise en avant plus prononcée), Tzompantli nous offre avec
Beating The Drums Of Ancestral Force l’album que nous étions en droit d’attendre après des débuts prometteurs mais effectivement un poil limités par des compositions souvent trop courtes pour exprimer pleinement l’ambivalence dont a toujours fait preuve l’entité californienne. Auréolé une fois de plus d’une production parpaing, l’orchestre mené par Brian Ortiz prouve qu’il n’est pas là pour amuser la galerie et qu’il a donc encore de beaux jours devant lui s’il est capable de continuer sur cette voie (inspiration + efficacité + dualité + folklore méso-américain).
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