Excarnated Entity - Stillborn In Ash
Chronique
Excarnated Entity Stillborn In Ash (EP)
Je vais aujourd’hui m’accorder une petite pause dans le flot de sorties 2024 qu’il reste encore à couvrir avant la fin de l’année et la publication des bilans annuels et revenir plus de cinq ans en arrière avec une chronique que je traine dans ma liste de "réservations" depuis à peu près aussi longtemps…
Le groupe qui nous intéresse ici est américain et nous arrive tout droit de Portland dans l’Oregon (après des débuts effectués à Seattle). Baptisé Excarnated Entity, celui-ci est à l’époque composé de Dan Fried (ex-Anhedonist, ex-Mortiferum, ex-Predatory Light...) au chant et à la basse, Ian Schwab (Corpus Offal, Crurifragium, ex-Cerebral Rot, ex-Warp Vomit...) à la guitare et au chant, Parker Lautensleger à la seconde guitare et enfin Mike Stone (ex-Serum Dreg, ex-Triumvir Foul, ex-Uškumgallu, ex-Ash Borer...) à la batterie. Un line-up particulièrement alléchant à qui l’on doit la sortie en mai 2019 de ce premier EP autoproduit avant qu’il ne soit réédité quelques mois plus tard au format cassette par Extremely Rotten Productions puis à nouveau fin 2020 par Nuclear Winter Records dans des éditions CD et vinyle revampées (nouvelle illustration et nouveau logo), remixées et remasterisées pour l’occasion.
Intitulé Stillborn In Ash, cette première contribution n’est pas aussi modeste que le laisse supposer son format. En effet, s’il s’agit bel et bien d’un EP qui nous est proposé ici en guise de préambule, celui-ci s’affiche tout de même à près de trente minutes. De quoi faire amplement connaissance avec les Américains d’Excarnated Entity dont le crédo est celui d’un Death / Doom abrasif et relativement virulent clairement peu intéressé par les notions de finesse et de mélodie. D’ailleurs avec un tel line-up, il ne fallait pas s’attendre à ce que le groupe s’embarque dans une tentative d’hommage à la scène anglaise des années 90 (le fameux Peaceville Three) connue notamment pour son approche à la fois romantique et mélancolique.
Auréolé d’une production naturelle (notamment cette batterie dépouillée qui rappellera de bons souvenirs à tous ceux qui ont déjà poncé les deux premiers albums de Bolt Thrower) aux guitares particulièrement rugueuses et pesantes signée Detto Vincent Detto (Caustic Wound, Cerebral Rot, Dripping Decay, Mortiferum, Seraphic Entombment…) et Dan Lowndes (Ascended Dead, Blasphematory, Cosmic Putrefaction, Imprecation, Left Cross…), ces quatre compositions vont en quelque sorte aller marcher sur les plates-bandes d’un certain Mortiferum, groupe avec lequel celles-ci partagent effectivement quelques points communs. Le plus évident est certainement cette ambivalence entre séquences plombées et résolument sinistres et passages nettement plus sauvages et soutenus. Une dualité qui permet d’entretenir de véritables contrastes tout au long de ces vingt-sept minutes et ainsi de ne jamais souffrir d’éventuelles longueurs. Ces contrastes sont d’autant plus saisissants que dans les deux cas Excarnated Entity ne fait jamais semblant. De ces passages bourre-pif menés le couteau entre les dents ("Sunken Form" à 0:57, "Perverse Zealotry" à 1:31, 2:17 et 6:25, "Stillborn in Ash" à 1:08, "Split Visage" à 0:44 et 4:58) à ces séquences bien plus écrasantes et lourdingues ("Sunken Form" à 2:24, les premières mesures pesantes de "Perverse Zealotry" puis plus loin à partir de 3:02, l’entame particulièrement sinistre de "Stillborn in Ash" puis de nouveau à compter de 2:45, "Split Visage" à 2:51), les Américains prennent effectivement soin de varier distinctement les plaisirs tout au long de cette petite demi-heure.
Outre cette ambivalence évoquée plus haut, l’autre point commun majeur entre Mortiferum et Excarnated Entity est naturellement ce riffing sombre et fuligineux proposé par la paire Fried / Schwab. Vingt-sept minutes marquées par tout un tas de riffs caverneux qui sans briller par leur originalité savent taper juste à chaque fois. Stillborn In Ash brille également par la qualité des solos et autres leads dispensés sur chaque titre. Un travail mélodique qui permet aux Américains d’entretenir naturellement tout un tas d’atmosphères résolument sordides et putrides dans lesquelles on prendra plaisir à se vautrer. D’ailleurs on ne manquera pas non plus de remarquer ces quelques leads bien plus déglingués faisant écho à ceux que l’on pouvait retrouver chez Cerebral Rot avant que celui-ci ne cesse toute activité au profit de Corpus Offal. C’est le cas notamment sur le très bon "Perverse Zealotry" à 5:08 et 7:08 ainsi que sur "Split Visage" à 3:02 mais de manière plus tenue.
Alors effectivement, autant sur le fond que sur la forme, la formule proposée par Excarnated Entity n’a rien de bien nouveau à offrir pour quiconque est déjà bien rodé aux sorties Death / Doom de ces dernières années (voir ces dernières décennies). Pour autant, au-delà d’un certain manque de personnalité qui évidemment ne me gêne en aucun cas (on reste en effet très proche des quelques groupes dans lesquels officient ou ont officié ces membres à l’époque : Anhedonist, Mortiferum et Cerebral Rot en tête), difficile de résister à l’appel de ce genre de combinaison à la fois sauvage et écrasante que nous dispense la formation. On est donc certes en terrain connu mais à aucun moment vous vous retrouverez à faire la grimace par manque d’efficacité, de conviction ou par la faute d’une interprétation approximative et d’une inspiration limitée. Bref, des débuts prometteurs qui seront confirmés quatre ans plus tard avec l’excellent Mass Grave Horizon paru l’année dernière chez les Grecs de Nuclear Winter Records. Mais ça c’est une histoire que je garde pour plus tard...
| AxGxB 10 Octobre 2024 - 311 lectures |
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