Carcinoid - Metastatic Declination
Chronique
Carcinoid Metastatic Declination
Le groupe du jour nous vient d’Australie et répond au petit nom de Carcinoid, terme issu de la biologie et qui désigne une tumeur cancéreuse qui se développe essentiellement dans l'intestin grêle ainsi que dans d'autres parties de l'appareil digestif. Formé en 2018, celui-ci compte dans ses rangs des membres ayant vraisemblablement déjà pas mal d’expérience bien qu’ils soient tous issus de formations pour le moins méconnues (Cracked Tapes, Creep Diets, Reaper, Dungeons Of Blood...). Après une première démo parue l’année dernière en autoproduction (éditée quelques semaines plus tard en cassette par Caligari Records), Carcinoid a sorti cette année son premier album intitulé Metastatic Declination via les labels suivants : Memento Mori (CD), Blood Harvest (LP) et Headsplit (K7). L’artwork, fort sympathique, est signé de l’artiste australien Necro Frost (dont il s’agit vraisemblablement du premier travail commissionné dans le milieu) alors que la production a quant à elle été confiée à monsieur Jason Fuller (ex-Blood Duster) ayant déjà collaboré avec des groupes tels que Contaminated, Anatomy, Brutal Truth, Internal Rot ou Coffins.
Du haut de ses quarante-cinq minutes pour seulement huit titres (sept si l’on omet cette introduction de moins d’une minute), Metastatic Declination va proposer un Death Metal particulièrement vicieux comme seuls les Australiens savent le faire. A ce titre, on peut justement saluer le travail de Jason Fuller dont la production va jouer un rôle extrêmement important dans la construction de ces atmosphères viciées ainsi que dans l’identité assez marquée de Carcinoid. Entre cette basse vibrante au son particulièrement lourd et métallique, ces guitares hyper abrasives et ce growl rugueux, légèrement en retrait, ce premier album jouit d’une production assez atypique qui va d’emblée permettre aux Australiens de se démarquer.
S’étirant systématiquement au-delà des cinq minutes, les morceaux proposés par Carcinoid sont effectivement teintés de sonorités Doom plutôt évidentes qui, si elles ne vont certainement pas plomber la dynamique générale d’un album mené bon train, vont néanmoins permettre d’apporter pas mal de relief à l’ensemble ainsi qu’une dose de groove non négligeable, nourrissant au passage ces ambiances de morts qui recouvrent d’un voile épais ces huit compositions. S’inscrivant dans une démarche volontairement rétrograde, le Death Metal de Carcinoid se caractérise, outre sa production bien trempée, par de nombreuses accélérations plus ou moins soutenues qui vont ainsi donner du rythme à l’ensemble là où l’étiquette Death/Doom et la supposée longueur des morceaux auraient pu laisser imaginer le contraire. On en a d’ailleurs une démonstration flagrante dès le premier titre puisque "Sorrow" n’es pas du genre frileux lorsqu’il s’agit d’aligner les séquences plus ou moins rapides (de cette entrée en matière sur fond de tchouka-tchouka à ces dernières secondes à base de blasts et tous ces entre-deux redoutables). Et il en va ainsi de même pour tous les autres morceaux de l’album bien davantage marqués par ces nombreuses fulgurances que par ces passages plus lourds qui caractérisent pourtant également le Death Metal de Carcinoid.
En effet, lorsqu’il n’est pas occupé à nous asséner ses coups de boutoir, le groupe australien déroule ses morceaux sur fond de riffs mid-tempo simples mais toujours très efficaces ou bien lors de passages beaucoup plus lourdingues qui ne vont faire qu’enfoncer l’auditeur six pieds sous terre ("Sorrow" à 2:42, les premières secondes pesantes de "Rotting Beneath", les dernières minutes de "The Drowning" et "Metastatic Declination"). Enfin, cerise sur le gâteau, Carcinoid possède également un certain sens du groove (autant dans ses riffs que dans ses constructions rythmiques) ce qui, sur ce genre de Death Metal à l’ancienne, n’est clairement pas pour me déplaire, bien au contraire. Difficile ainsi de ne pas taper du poing et se laisser entraîner par la conclusion de "Rotting Death", ce passage entamé à 4:03 sur "The Drowning" ou bien encore celui à 3:43 sur "Ravenous Being".
Bonne pioche du côté des trois labels évoqués durant l’introduction puisque ces derniers ne se sont pas trompés en misant quelques kopecks sur le cas de ces Australiens. Ce premier album de Carcinoid est en effet une franche réussite et cela même si le groupe ne sort pas spécialement des sentiers battus et qu’il abat des cartes déjà rebattues maintes et maintes fois. Pour autant, il a été capable grâce à sa production et à des morceaux tous les deux bien pensés de proposer quelque chose de finalement assez personnel. Résultat des courses, on est rapidement séduit par ce premier album aux ambiances crasseuses et putrides et aux compositions à la fois variées et terriblement efficaces. Que demander de plus ?
| AxGxB 7 Novembre 2019 - 970 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène