Göden - Vale of the Fallen
Chronique
Göden Vale of the Fallen
Göden n’est pas ce que l’on pourrait appeler une pointure de la scène doom death. Vale of the Fallen n’est que son second LP, sans qu’aucun autre effort musical n'ait été produit en dehors du premier LP. Peu connus, les ricains méritent pourtant qu’on s’arrête quelques instants sur leur univers, étrange et captivant. Allez, je vends la mèche : un clone foutraque et magnifique de l’immense Winter, ou sa suite directe le temps que le combo revienne à la vie, la faute à Stephen Flam (Spacewinds ici), le guitariste et bassiste… de (feu ?) Winter.
Le doom death de Göden est en effet un peu atypique, avec pas mal de titres sous les 5 minutes et d’interludes mélodiques, comme sur The Divine qui ouvre l’album au violon et au piano, sur des mélodies ultra fragiles et mélancoliques (Requiem va quasiment fermer l’album sur les mêmes thèmes musicaux). Atypique aussi sur le son, relativement clair pour du doom death, même si la voix demeure abyssale, dans les canons du genre. Pour autant elle aussi sort souvent des sentiers battus, le chant est « parlé », qui accompagne une structure lourde mais également saccadée, aux accents thrash prononcés. Les arrangements un brin indus troublent également l’écoute et rendent le tout parfois insaisissable. L’emploi du synthé confère en outre des aspects spatiaux à la structure (In the Vale of the Fallen, Urania), qui enrobent les compos d’une emphase à la Nocturnus assez étrange.
Bizarre, le doom death de Gölen l’est ainsi par son mélange des genres, des approches, par sa propension à favoriser des compos amples, gonflées de réverbérations et d’emphase, mais sans se départir non plus de la pesanteur qui doit régner dans le style. L’extrême lenteur et noirceur en moins, c’est souvent Winter que l’on entend. Dans la façon d’avancer la voix, de mener l’évolution de la structure (Urania et Black Vortex, typiques, qui, plus lourds, pourraient être des titres de Winter).
Malades, les compos rampent littéralement. Urania, Black Vortex reptent au point qu’on en ressent presque les mouvements. L’influence Winter est forte si ce n’est le synthé qui enveloppe les compos d’un voile mystique parfaitement réussi, avec le sentiment qu’un souffle démoniaque balaie le visage de l’auditeur (Black Vortex, l’interlude Rings of Saturn, Death Magus). A mesure que l’album avance, le rythme ralentit pour devenir franchement très lent, pesant, menaçant et quasiment étouffant (palpable sur Death Magus et Zero).
Les arrangements, plus ou moins discrets, fourmillent néanmoins, comme ces petites mélodies presque arabisantes sur Death Magus, hypnotiques en fond sonore, cette basse tellurique sur Zero, qui arrache tout sur son passage, juste transpercée par quelques traits de synthé lumineux et spatiaux ou encore l’espèce de messe noire extra-terrestre qui parcourt Manifestation IX ou sur Majestic Symphony sur des accents ultra menaçants et malades.
Cette suite ou ce clone de Winter m’a désarçonné et très agréablement surpris. On ne l’attendait pas. On ne l’a pas vu venir mais l’amateur du combo précité comme de doom death original, rampant et un brin perché, ne doit surtout pas bouder son plaisir. Une vraie grande et belle surprise.
| Raziel 14 Septembre 2024 - 604 lectures |
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