Pure Wrath - Hymn to the Woeful Hearts
Chronique
Pure Wrath Hymn to the Woeful Hearts
Un conseil. Si tu veux rester sain d’esprit, et de corps, ne te mêle pas du black metal indonésien. Pourquoi ? Parce que là-bas, le black metal est resté à une étape bien basique et que tu n’es pas prêt pour ça. Ou tu ne l’es plus en fait… Le black metal indonésien n’a pas pensé à se civiliser, et il est dangereux. Dangereux aussi bien musicalement que conceptuellement et relationnellement. Des membres de la scène qui se brouillent et se tabassent, des visuels corpsepaints des années 90 qui arrivent à foutre les jetons, des compositions qui donnent l’impression d’avoir été improvisées lors du rite de samedi soir dédié à Satan… bref, le BM indonésien est toujours un véritable mode de vie et de pensée, fait par des vrais dingues… Mais heureusement, comme partout, il y a des exceptions, et PURE WRATH fait véritablement figure d’OVNI au sein de sa scène !
Il a été formé en 2014 par Ryo, qui n’avait alors que 20 petites années, mais déjà de grandes ambitions. Il s’est très vite démarqué, tout d’abord en montrant de réelles compétences musicales. Il est capable de jouer de la guitare, de la basse, de la batterie mais aussi de chanter. Tout ça à un niveau suffisant pour tout faire véritablement de lui-même au sein de son groupe… et de ses autres projets. Il a effectivement son groupe de Brutal Death nommé PERVERTED DEXTERITY et celui de Post-Metal appelé LAMENT. Et puis l’homme est assez dégourdi pour avoir monté ses propres labels, Twilight Rain et Insidious Soundlab. Il est vraiment loin d’être le trve amateur de bm misanthrope et replié, gémissant sur son sort, ni même le petit excité toujours prêt à sortir le couteau caché au fond de sa poche. Cela lui a même ouvert les portes de l’amour auprès d’une jeune Allemande, ancienne bassiste de goregrind. Il pousse d’ailleurs sa femme à plus participer à la scène, et après lui avoir demandé une apparition au sein de LAMENT en 2020, il l’a présentée à l’autre groupe indonésien qui monte, FINSMOONTH, pour poser sa voix déclamée sur un morceau. On le trouve sur leur premier album Affliction sorti en mai 2022 chez Northern Silence !
Ryo est donc un petit touche à tout et un génie. Et il a pu mettre tout son talent dans PURE WRATH depuis 2017 et son premier album. Etant très méthodique, il ne laisse rien au hasard. Il a ainsi dès le début voulu une identité visuelle personnelle, forte et cohérente, et fait ainsi toujours appel à son compatriote Aghy pour dessiner ses pochettes. Il garde alors à chaque sortie un fil conducteur grâce à ces peintures aux teintes marron qui se reconnaissent de suite. Très malin, très réussi. Et payant. Ainsi PURE WRATH parvient toujours à revenir sur un label encore plus important que le précédent. Ascetic Eventide est paru en 2017 sur le défunt label indonésien Itam Kelam, Sempiternal Wisdom est paru en 2018 chez le Chinois Pest Productions, et le troisième, que nous traitons maintenant, a convaincu l’excellent et indispensable Français : Debemur Morti. Celui-là même qui a tout détruit en 2022 avec WHITE WARD, BLUT AUS NORD et AARA et qui est vraiment l’une des valeurs les plus sûres en matière de black metal « premium » à notre époque. Je sais, ça ne veut pas dire grand-chose, « premium », mais ça correspond tellement à l’idée que j’ai des groupes de l’écurie. Ils sont tous au taquet, avec des morceaux qui ont été peaufinés à l’extrême pour déculotter l’auditeur bien proprement. Bien entendu, le nouvel album de PURE WRATH est du même acabit… dans son genre. Et son genre, c’est le black metal atmosphérique mélodique et pagan. Oui, c’est à rallonge. Non, il ne faut pas s’attendre à énormément de touches indonésiennes. Ryo ne cherche pas à introduire la culture musicale de son pays dans ses créations. Il se contente de sublimer tous les éléments propres aux styles évoqués à l’instant. Il synthétise très bien ce qui est attendu et apprécié pour faire du black metal actuel, entraînant et avec quelques touches d’émotions et de bravoure. Les influences sont bien digérées et bien réemployées, à différentes doses selon les morceaux, et selon les passages. Les chœurs et les passages à la guitare acoustiques sont là pour bien peaufiner les ambiances... En étant large, on peut penser aussi bien à WOLVES IN THE THRONE ROOM qu’à BELENOS.
L’album est composé de cinq morceaux qui font entre 6 et 9 minutes chacun et qui sont complétés par une outro de 4 minutes. Au total, les 44 minutes passent sans le moindre souci. Ce qui est un avantage et un défaut, car effectivement, il ne suffit pas d’être ultra-propre et ultra-logique pour être ultra- efficace. Il manque quelque chose qui secoue ou qui surprenne pour être plus convaincu par les compositions. On reste un peu en mode « sécurité » sur the Hymn to the Woeful Hearts, et même si cela suffit à passer un bon moment, cela ne permet pas de rester très longtemps en mémoire…
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