Ah, si j’avais été en France… Mais je suis au Japon. Depuis 2001 j’y vis, éloigné donc de mon pays natal. Et en 2020, comme donc depuis une vingtaine d’années, c’est au pays de Toyota et de Nintendo que j’ai été confronté au COVID-19 et à une période particulièrement ubuesque. Sauf que voilà, le Japon est un pays à part, un peu magique comme dans un dessin animé, et il n’y a donc pas eu de confinement. Certes, nous avons eu l’état d’urgence qui demandait de limiter les déplacements inutiles, mais nous pouvions tout à fait sortir de notre caverne à notre guise. Du coup je n’ai pas vécu le confinement comme le rest du monde. Et si cela avait été le cas, j’aurais moi aussi tourné en rond avec dans les oreilles de la musique du matin au soir, et du soir au matin. Et la musique que j’aurais alors écouté à ce moment-là serait restée par la suite la bande son de cette période, la musique qui m’aurait rappelé le confinement même des années plus tard. Je me serais dit en 2030 : « Ah oui, j’écoutais ça pendant le premier confinement ! » (Oui, j’anticipe ceux qui pourraient arriver les années à venir !!!). Et cette musique qui m’aurait accompagné, cela aurait le nouvel album d’
OCTOBER FALLS. Pas uniquement pour le moment d’écoute, mais parce qu’il a les qualités requises pour revenir encore et encore dans la platine, à s’installer dans nos oreilles puis dans notre vie ! Et surtout parce qu’il peut se transformer en bouée, en clé, en lumière, en tout ce qui peut vous aider dans les moments compliqués.
OCTOBER FALLS, c’est un groupe finlandais que j’ai adulé le temps de deux sorties :
The Womb of Primordial Nature en 2008 et
A Collapse of Faith en 2010. Ils m’ont accompagné longtemps encore après leur sortie, et font partie des albums que je réécoute avec le même plaisir. Mais malheureusement, c’est le suivant que j’ai chroniqué sur Thrashocore en 2013 :
The Plague of a Coming Age. Et il m’avait froissé. Il m’avait agacé. Nos musiciens voulaient évoluer en mettant, ou remettant, des éléments trop doux à leur musique. Eux qui avaient toujours été fans d’
OPETH et de
KATATONIA semblaient vouloir s’en approcher, et glissait une sensibilité différente de cele qu’on leur connaissait. Ils avaient alors fait appel aux services vocaux de Tomi Joutsen, chanteur d’AMORPHIS, qui le temps de deux pistes (sur neuf) mettait de la clarté dégueulasse dans les compositions. La voix de notre homme, qui convient pour son propre groupe, ne faisait ici que polluer les atmosphères d’
OCTOBER FALLS, brisant l’équilibre fragile des anciens enregistrements. Ces morceaux s’effondraient dans une douceur mièvre, gênante, irritante. Joutsen était tout ce que je gardais en mémoire de l’album. Il n’était pourtant pas le seul élément à trop s’allonger dans la faiblesse et la légèreté : le visuel rêveur et enchanté avait un goût nunuche, et la durée plus courte que d’habitude des morceaux trahissaient aussi une envie de changement, de ne plus développer de la même manière une composition. La moyenne d’un titre était alors aux alentours de 5 minutes 30.
Sept années ont passé après ma déception, et le groupe revient. Je n’en attendais plus rien, m’étant fait une raison sur l’évolution, et pensant que l’âge avait donné d’autres envies aux Finlandais. Belle surprise donc ! Il a effectué un réel retour en arrière. Visuellement d’abord ! J’avais trouvé très mauvais le dessin de la pochette précédente. Là, je retrouve une image inquiétante, mature, classe même. Ensuite, le nombre de pistes aussi s’est rapprochée du raisonnable : 5 morceaux. Mais d’une durée là aussi idéale puisque toutes dépassent les 8 minutes. C’est nécessaire pour
OCTOBER FALLS ! Finalement l’album atteint 47 minutes. Ni trop, ni pas assez. Et donc, le principal, la musique, est elle aussi revenue à ce qu’on aimait ! Des morceaux qui sentent la nostalgie, la mélancolie, mais sans tomber dans le fragile ! Et avec au contraire des ambiances majestueuses qui transportent ! L’agressivité domine, tout en laissant apparaître les rais de lumière parfaits. La guitare acoustique est au rendez-vous dès l’introduction, et c’est vrai que ce groupe en abuse, mais c’est sans arriver à la crise foie. Elle est employée quand il faut, où il faut. Du coup, c’est vrai, il n’y a pas de surprise. Du coup, c’est vrai, on se retrouve avec un résultat extrêmement proche des albums de 2008 et 2010. « Rôlala, rien de neuuuuuuf ». Eh bien ferme ta gueule, parce que cette formation n’en a pas besoin. On la savoure ainsi, avec ses qualités de base, toujours aussi efficace en 2020 ! Et chaque piste est un délice. Les 5. Sans exception. Même schéma à chaque fois, même baffe. Une introduction bien longue pour chaque morceau, qui pose l’ambiance, puis l’apparition des vocaux au bout de 2 à 3 minutes, des riffs clairs qui transportent, et donc la guitare acoustique à un moment ou l’autre. Ça suffit, pas besoin des artifices agaçants de l’opus précédent !
Très, très satisfait du résultat !!! J'aurais presque aimé être confiné pour rester avec lui constamment et qu'il devienne donc ce partenaire dont je me serai souvenu à l'avenir en me remémorant l'époque de sa sortie...
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