Sleep + Sofy Major
Live report
Sleep + Sofy Major Le 15 Mai 2018 à Paris, France (Trabendo)
Ceux qui, dans un moment d’égarement, ont pensé pouvoir temporiser l’achat de leur place s’en sont malheureusement rapidement mordu les doigts. Car oui, SLEEP à Paris n’est pas le genre d’événement auquel on a l’habitude d’assister puisque le dernier passage des Américains dans la capitale remonte à 2012 dans le cadre du festival Villette Sonique. C’est donc en toute logique que l’intégralité des places s’est écoulée en l’espace de trois petites semaines. En ce qui me concerne, j’ai su relever les signes à temps (merci à Kongfuzi qui organisait la soirée d’avoir tiré la sonnette d’alarme sur Facebook) et m’étais donc déjà acquitté des quelques euros nécessaires afin de pouvoir pénétrer les portes du Trabendo en ce mardi 15 mai.
Longtemps annoncé sans première partie, ce sont finalement les Clermontois de SOFY MAJOR qui auront l’honneur d’ouvrir pour les Américains. Une bonne nouvelle… Oui, peut-être car même si je suis assez client des productions signées Solar Flare Records (label du bassiste/chanteur de SOFY MAJOR sur lequel on trouve notamment Pigs, Watertank, Stuntman ou encore American Heritage), je n’avais jamais pris le temps de poser mes oreilles sur la musique des Français. A tort, car SOFY MAJOR qui évolue sous la forme d’un power trio à décidément tout pour me plaire. Le groupe débarque sur scène aux alentours de 19h45 devant un parterre quelque peu clairsemé (une grande partie du public est encore occuper à chiller dehors). Le guitariste porte un t-shirt Nirvana avec une photo des frères Hanson alors que le bassiste a sur la tête vissée une casquette d’Unsane. Il y a donc définitivement moyen que ça me plaise. Aidé par un son particulièrement massif (cette basse, oh la la...), le groupe va très vite rentrer dans le vif du sujet, délivrant une Noise vicieuse matinée de plans Stoner voire même d’éléments presque Pop (quelques lignes de chant plus mélodiques ici et là). Une grosse partie de la setlist proposée par SOFY MAJOR ce soir sera tournée autour de nouveaux morceaux à paraître vraisemblablement l’année prochaine. Le moins que l’on puisse dire à la découverte de ces derniers c’est que le groupe maîtrise pleinement son sujet et se concentre sur l’essentiel : des morceaux de 3 à 4 minutes, pas plus, où les riffs extrêmement incisifs se marient à une basse vrombissante et tout en nerf et à une batterie des plus explosives (derrière son kit, Mathieu cogne comme un sourd). Le tout est accompagné des voix abrasives de Tom (guitare) et de l’autre Mathieu (dont le micro semble parfois faire quelques caprices). Si le groupe n’a rien de très original à proposer, il compense très largement son manque de personnalité par une efficacité, une énergie et une sympathie à toute épreuve. Pour ma part, il ne m’en faut pas davantage pour être conquis par cette Noise à l’esprit résolument 90’s (on pense évidemment pas mal à Unsane mais aussi à Helmet). Après une quarantaine de minutes passé sur les planches du Trabendo, SOFY MAJOR tire sa révérence non sans avoir pris le temps de remercier au préalable le public pour être venu assister à leur concert (un public qui se sera entre temps largement regroupé). S’il y a toujours des premières parties foireuses qu’il vaut mieux entendre de l’extérieur, SOFY MAJOR n’est clairement pas de celles-ci. Une très chouette mise en bouche qui va m’obliger à m’intéresser de près à leur discographie déjà bien fourni.
Bien décidé à ne pas lâcher ma place (en haut des marches de la fosse, sur la gauche, pour ceux qui sont déjà aller au Trabendo), je décide de faire le pied de grue comme beaucoup d’autres à en juger par l’immobilisme qui frappe le public. Heureusement, nous n’aurons pas trop à attendre puisqu’après une bonne quinzaine de minutes résonnent alors dans les enceintes de la salle ce qui apparaît très certainement comme une conversation de la Nasa entre la base de Houston et quelques astronautes. Une introduction exagérément longue puisque celle-ci va bien durer une petite dizaine de minutes, forçant bien évidemment quelques énergumènes à crier "alleeeeeeer !" ou "on se fait chieeeeeer !". En vrai, j’avoue que c’était quand même un peu long et inutile au bout de 3/4 minutes surtout que, je ne sais pas pourquoi, je m’attendais à voir débarquer Matt Pike ou Al Cisneros dans un costume de cosmonaute. Après ces longues minutes passées dans le noir, voilà enfin que Matt Pike débarque de derrière sa colonne d’amplificateurs Orange (7 au total avec 5 têtes). A l’aise, le gars arrive torse-poil avec le fût sur les fesses. Alors qu’on ne s’est jamais présenté, tel un maçon portugais, le voilà qu’il nous présente à tous la raie de ses fesses. Une générosité dont il aurait pu se passer mais bon, on ne va pas commencer à râler pour ça. Le bougre entame sans plus attendre le riff tordu et halluciné ouvrant "The Sciences", premier morceau de l’album du même nom sorti il y a près d’un mois. Le public est d’ores et déjà chauffé à blanc alors que se glisse sur scène Al Cisneros et Jason Roeder. Les choses peuvent alors commencer. Que vous dire si ce n’est que SLEEP à littéralement ensorcelé tout le Trabendo hier soir ? Voir toutes ses têtes bouger à l’unisson sur les riffs écrasants de Matt Pike, entendre cette basse absolument délicieuse et ainsi être les témoins privilégiés de ce groove insolent, succomber aux frappes assassines du batteur de Neurosis, se délecter de la voix si particulière d’Al Cisneros et le voir alors jouer avec les cordes de sa Rickenbacker. Quel trip ! Très vite, la température va ainsi monter dans la salle du Trabendo alors que devant moi quelques personnes passent, passent le oinj. Des effluves on ne plus de rigueur alors que SLEEP enchaîne à un train de sénateur "Majiruanaut", "Holy Mountain" ou encore l’excellent "Sonic Titan". Tout est absolument parfait, le groupe, le son, l’alchimie avec le public, la setlist. Le trio ne pipe mot (gros blanc entre chaque morceau) mais on les sait content d’être là, Matt Pike esquissant même l’ombre d’un sourire à l’entente d’un « Matt Pike for President » venu de quelque part dans la salle. SLEEP va également nous gratifier du titre "The Clarity" présent sur le single du même nom sorti en 2014 ainsi qu’un "Antarcticans Thawed" qui va alors révéler toute la subtilité du jeu de Jason Roeder (si besoin en était encore). Alors que Matt Pike laisse résonner le dernier riff, celui-ci pose sa guitare, salut le public et retourne se cacher derrière son mur d’amplis. Al Cisneros et Jason Roeder continuent de jammer ensemble quelques secondes avant de tirer eux aussi leur révérence laissant allant le public dans le noir à se demander si oui ou non tout cela est bel et bien terminé et surtout si oui ou non SLEEP compte bien nous enfumer en ne jouant pas l’incontournable "Dragonaut". La réponse ne se fera pas trop attendre puisque le trio réinvestit la scène rapidement pour nous dispenser de ce fameux titre que tous ceux qui ont vu Gummo connaissent bien. Alors que le public s’est jusque-là montré enthousiaste, celui-ci devient presque hystérique allant même jusqu’à faire slammer un poivrot qui aura tenté auparavant à deux reprises de monter sur scène avant de se faire remettre à sa place par un membre de l’équipe. Comme avec "Antarcticans Thawed", Matt Pike est le premier à quitter la scène, balançant à qui peut les atteindre, les quelques médiators collés à ses amplis. Al et Jason terminent en douceur pour finir par quitter la scène à leur tour sous les ovations d’un public qui a chaud mais qui a aussi le sourire. Voilà, rideau, c’est terminé. Une heure et quart d’un Doom enfumé par les maîtres incontestés du genre. Comme souvent, les absents vont s’en mordre les doigts pendant longtemps.
| AxGxB 16 Mai 2018 - 784 lectures |
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