Au cours de ces deux dernières années, nous sommes certainement nombreux à avoir été interpellés par le nom de cette nouvelle formation de
black metal français,
BROYEUR D’ENFANCE, ou encore par l’artwork des deux LPs déjà parus : «
Suicide sentimental » et le dernier en date «
Suicide social ». Le premier présentait une poupée qu’on croirait celle d’«
Issues » (
KORN) après avoir passé six mois dans une décharge publique, le second des Mickey qui te laissent à penser qu’après leur passage, ton fion ressemblera au tunnel du train fantôme. Une ambiance plutôt morose donc, rehaussée d’un logo made in
Funeral Tower Arts, aussi illisible qu’attrayant.
Si
Zémus semble être le seul maître à bord, il a néanmoins pu compter par le passé sur les services de
Déhà au chant et à la batterie, ce dernier n’étant cependant pas crédité pour le disque qui nous intéresse. Alors, ce «
Suicide social », que vaut-il ? Car, certes, l’homme est jeune (à peine 24 ans) mais il a déjà une bonne expérience des musiques extrêmes du fait de ses rôles au sein d’UNSEEN ABYSS ou encore WITCHCRAFT ECSTASY.
Zémus ne sort donc pas de nulle part et son talent lui permet d’être soutenu par
Black Shadow Legions ainsi qu'
Acid Vicious.
Musicalement parlant, le rendu est quand même assez déstabilisant. Si j’allais au bout de mes intuitions, je dirais que nous sommes là au croisement de certains aspects raw et nihilistes de
K.F.R., du souillage verbal de WORHS, du sens du dépouillement de
SALE FREUX, tout ça vu à travers le prisme de l’enfance / adolescence, thématique chère à STUPEFLIP dont je perçois l’ombre.
Au travers des huit titres qui composent cet album, le musicien se raconte via des textes simples, sans emphases ni effets littéraires, extériorisant voire exorcisant ses angoisses :
«
Une année entière à tourner en rond
A m'isoler chez moi tel un cafard
Je me saoule alors tel un pochtron
Cette vie devient mon cauchemar
Tu es attiré par ce qui te détruit
Tu as constamment peur de regretter
La dépendance est ton choix de vie
L'ivresse, une banalité » (« Zémus ou les 365 jours d’ivresse).
D’ailleurs,
Zémus le dit lui-même : «
Je ne suis pas un artiste, je suis juste un énième mec paumé qui a besoin de s’exprimer… » (« Mourir sur Seine »). Mais pourtant, peut-être à son corps défendant, c’est bien de l’art qui jaillit de ce «
Suicide social » : de la volonté de coller à une certaine esthétique black metal vouée au détournement de mineur à l’effort indéniable qui est fait pour écrire des textes construits, en passant par une musique homogène et structurée, on entre dans une mécanique de pensée où le cri primal reste encore trop frustrant, le riff agressif trop sommaire et où l’expectoration des démons intérieurs ne peut passer que par une mise en scène réfléchie, une narration porteuse de sens, aussi juvénile soit-il.
Alors c’est vrai qu’avec BROYEUR D’ENFANCE, nous sommes relativement loin des thématiques black metal auxquelles nous sommes habitués et que le public le plus « adulte » (tout du moins celui ayant réussi à s’extirper de son mal-être de jeunesse) aura peut-être du mal à s’identifier tant à l’imagerie qu’aux paroles. Cependant, si je fais abstraction de cela pour me concentrer uniquement sur la musique, alors «
Suicide social » a de sérieux arguments à faire valoir. «
Tu peux pas test lapin, je vous déteste » (King Ju).
Même si BROYEUR D’ENFANCE n’a que peu de chances d’accéder aux premières places du podium, je lui souhaite néanmoins de parvenir à dépasser ses traumatismes afin de pouvoir y porter un regard plus détaché et analytique car, avec un style pareil, les textes qui verront le jour n’en seront que plus forts.
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