Coldworld - Isolation
Chronique
Coldworld Isolation
Je suis les Allemands de Coldworld depuis leurs débuts. Découverts avec la demo Melancholie, le DSBM du combo germain m’a de suite séduit, à une époque où ce style n’était pas encore si arpenté, où la fraîcheur des débuts lisse toujours les défauts que l’on voit apparaître par la suite, lorsqu’on maitrise davantage le style.
Après avoir publié un paquet de single et de EP, le groupe ne s’est guère fendu, en plus de 20 ans de carrière, que de trois LP, Isolation étant le dernier de ceux-ci. Le style n’a pas varié, ancré dans le DSBM classique de ses débuts, ce qui est loin d’être une critique quand on connait la qualité de Melancholie² ou de Autumn.
Isolation s’inscrit dans cette veine et se présente à nos oreilles dans un package sombre, aux teintes grises figurant des envies de départ, une ombre figée au bout d’un ponton en attente du grand plongeon. Leere introduit cette image aux sons de longues complaintes, d’un instrument à vent lointain qui souffle sa solitude et son désespoir au travers d’étendues aquatiques indéfinies. De graciles notes viennent à peine effleurer la structure, comme une ondulation à la surface de l’eau. Soundtrack to Isolation en poursuit l’idée, l’instrumentation immergeant l’auditeur dans une sorte de tourbillon de mélancolie d’où n’émerge, de temps à autre, qu’une maigre complainte en fond sonore, comme un mantra et, parfois, une accélération qui rappelle les fondements BM du projet.
Derrière cette façade, le combo allemand n’oublie pas les arrangements subtils et gracieux qui ont toujours été sa marque de fabrique : le violon majestueux sur Soundtrack to Isolation et We are Doomed, Waltz et son chant possédé, distinct de l’incantation funéraire qui domine les autres titres (Wound par exemple), les atours pesants et funeral sur We are Doomed ou encore, sur ce même titre, les guitares acoustiques qui viennent briser la lourdeur extrême de la rythmique, dans un fondu-enchainé du meilleur effet.
Les interludes sont également parfaitement pensés. Five intervient après une première partie d’album sombre, mais juste après un titre lourd ; il délivre des ambiances abyssales qui tirent encore davantage vers le fond, percées de cris déments lointains, comme échappés d’un asile. Comme une sorte de vortex qui absorberait toute énergie, il accentue l’impression de cette première partie d’album. A l’inverse, Isolation Stagnation surprend par des atmosphères plus dark ambiant, plus éthérées, un rien spatiales, comme si le départ ne pouvait s’accompagner que d’une musique plus calme, aussi sombre soit-elle. Couplé à Hymnus, le dernier titre, ce duo ouvre l’album sur une perspective plus mélancolique, plus nostalgique que véritablement dépressive. Quelques beat electro constituent la ligne directrice du morceau, tantôt aériens, tantôt graves, surplombés d’une guitare presque rock n’ roll, relativement ronde au départ du morceau. Le titre, qui permet de déclamer l’hymne à la solitude du poète écossais James Thomson, offre à l’auditeur des passages de toute beauté, comme une contemplation de paysages isolés, abandonnés des Hommes en réussissant la prouesse d’être également relativement lumineux en contraste du reste de l’album.
Intéressant de bout en bout, sans temps mort, conforme au cachet du combo allemand depuis ses débuts, Isolation ne déçoit pas et renforce la place – méritée – de Coldworld dans la scène black dépressive en particulier et atmosphérique en général.
| Raziel 25 Mars 2023 - 644 lectures |
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